Arghhh fiche bien mal fagotée avec ce malheureux collectif.
Si possible d'avoir qui fait quoi ?
xof 24 a écrit:Voilà, on rend aux auteurs ce qu'il leur appartient.
icecool a écrit:
Ce n’est que justice, car le travail sur cet album a été un véritable défi de tous les instants. Certaines planches ont été retouchées huit fois ; certains chapitres ont connu six versions. Idem pour la couverture (une dizaine de concepts différents).
Olivier_D a écrit:Autant de façons de concevoir l'histoire, autant de couvertures possibles pour annoncer la couleur.
Né à Limoges en 1975, j'ai probablement moins de 10 ans quand je m'interroge une toute première fois, devant la spectaculaire sculpture "Aux martyrs d'Oradour", sculptée par l'artiste Catalan Fenosa pendant l'hiver 1944-1945. Que sais-je alors du sujet représenté, du massacre ou de la localisation d'Oradour-sur-Glane ? Pas grand chose ou presque, car on ne parle pas de "ça" en famille. Du moins, je ne m'en souviens pas...
Néanmoins, les années passant, ma grand-mère allait me livrer un étonnant secret, directement lié au terrible destin du village martyr. Une de ces histoires qui vous marquent pour toute une vie. Où comment, au soir du 10 juin 1944, plusieurs SS, dont certains parlaient français, vinrent réquisitionner leur maison et, surtout, la salle de bain située à l'étage. Restée au rez-de-chaussée, apeurée, ma grand-mère entendit des éclats de voix, des cris, des pleurs aussi... Qu'avaient donc vécu ou pu faire ces soldats dont les uniformes et les visages semblaient couverts de noir de fumée ? Que s'était-il exactement passé ? Des affrontements avec les Maquis ? Les SS repartirent au petit matin, après avoir volé un bibelot, mais sans faire de mal à ma grand-mère, qui était une belle jeune femme... métisse (mon arrière-grand-père étant Martiniquais). Ma famille ne fut informée avec effroi du drame d'Oradour que le lendemain, comme la plupart des Limougeauds.
Bien des années après, j'ai tour à tour visité Oradour plusieurs fois, écouté les témoignages des survivants et acquis des documents sur le sujet, étant historien et enseignant documentaliste. J'ai également - en 2015 - réalisé aux éditions PLG une synthèse de tout ce qui avait été réalisé en matière de bandes dessinées sur la Seconde Guerre mondiale. Un constat évident s'imposait alors : au milieu d'une production alors riche de plus de 350 albums ou séries, absolument aucun n'abordait le massacre d'Oradour-sur-Glane. J'évoquais dès lors l'idée d'un album, sachant bien les difficultés de l'entreprise...
2023 : après divers chantiers d'importance (dont un ouvrage racontant les 50 ans du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême d'Angoulême, dont j'assure la vice-présidence de l'Association fondatrice (aux côtés de Delphine Groux, présidente), le projet d'album - déjà avancé côté scénario - est enfin validé par les éditions Petit à Petit. Supervisé par Antoine Mangot, et en compagnie des talentueux Maria Maria Nigna Riccio, Emmanuel Cerisier et Arnaud Jouffroy au dessin, ainsi que de Mathilde d'Alençon aux couleurs, nous avons élaboré pas à pas les séquences et les planches. En divisant la narration chronologiquement, en 13 chapitres, nous avons choisi de raconter bien sûr les événements du 10 juin 1944, mais aussi ce que fut Oradour avant, ainsi que les nombreux événements survenus jusqu'à aujourd'hui, à commencer par le procès des "malgré-nous" en 1953. Planches et pages documentaires, plusieurs fois retravaillées et modifiées (afin d'être les plus précis possible), représentèrent un immense travail, soumis notamment au regard critique de Benoit Sadry, le président de l'Association nationale des familles des martyrs d'Oradour-sur-Glane.
Pendant la réalisation de l'album, Robert Hébras décéda, non sans soulever une immense émotion chez tous ceux qui le connaissaient ou avaient entendu un jour son impressionnant témoignage : nous espérons lui rendre un vibrant hommage avec cet ouvrage, sans oublier sa petite-fille, Agathe Hébras, qui poursuit courageusement son œuvre mémorielle et pédagogique. De même, bien sûr, au travers de l'évocation des destins des survivantes Marguerite Rouffanche et Camille Senon.
80 ans après les faits, je suis particulièrement fier d'avoir pu aller au bout de la réalisation de cet album, grâce à Olivier Petit que je remercie ici sincèrement une nouvelle fois. Un ouvrage qui m'a permis de rendre hommage à mes grands-parents et aux Radounauds, tout en replongeant avec une très grande émotion dans l'évocation de différents souvenirs limougeauds ou familiaux liés à la Seconde Guerre mondiale : mes arrières grands-parents ayant aussi vécu les bombardements sur la "poche de Royan"...
Merci également à Benjamin Blasco-Martinez, qui a osé traduire dans le visuel de couverture toute la dramaturgie du 10 juin 1944, sans rien cacher des actions plus que sinistres commises ce jour-là.
Ce docu-BD, particulièrement intense, sera prépublié pour partie dans Le Populaire du Centre à partir de la semaine prochaine. J'espère que cet album satisfera tous les lecteurs, dans l'optique des commémorations des 80 ans de la fin du second conflit mondial... et bien au-delà, d'une génération aux suivantes, "pour ne jamais oublier".
Ph. Tomblaine
Bonne nouvelle !
Notre Docu-BD "Oradour sur Glane, 10 juin 1944" est de nouveau disponible !
Après avoir été en rupture de stock pendant quelques jours, notre ouvrage poignant et indispensable sur le tragique événement d'Oradour-sur-Glane est enfin de retour.
Retrouvez dès maintenant ce Docu-BD en librairie et sur notre site : https://www.petitapetit.fr/produit/oradour-sur-glane/
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