suite à la polémique géante saluant le dernier numéro du National Geographic consacré au genre, j'ai découvert pleins de trucs que j'ignorais (d'un autre côté, le sujet ne me passionne pas spécialement, jamais approfondi la question) dans deux commentaires assez bien troussés sur le net :
en réponse à :
N'empêche que la femme aura toujours des chromosomes XX et l'homme aura toujours des chromosomes XY ; on aura beau jouer du bistouri, on ne changera pas les chromosomes
on peut lire :
Et non, raté, refaites le cours de biologie de terminale...
Déjà, on parle du genre, qui est une construction sociale. Les chromosomes, c'est le sexe, qui est déterminé par les gènes.
Ensuite, la réalité est un peu plus compliqué que ça. Ce qui fait que vous avez un pénis, ce n'est pas votre chromosome Y, c'est le gène SRY, qui est assez récent dans l'évolution et pas complètement stabilisé. Ce gène peut par exemple des fois migrer sur le chromosome X ou être muté et non fonctionnel sur le chromosome Y. Du coup, vous avez des femmes XY et des hommes XX, parfaitement et correctement sexués. Et comme c'est assez stables et reproductible, vous avez des lignées entières d'hommes XX et de femmes XY.
Mais en fait, le pénis n'est pas construit par le gène SRY - ce gène déclenche juste la sécrétion de testostérone. Ce qui construit le pénis, c'est le fait que le corps soit sensible à la testostérone, ce qui dépend d'un autre gène qui peut muter. Sans ce gènes, le pénis ne se construit pas et vous avez un vagin à la place (mais pas d'utérus). Vous avez donc des femmes XY, avec un gène SRY, mais avec un syndrome d'insensibilité à la testostérone totale - un vagin parfaitement formé, pas d'utérus mais aucune trace de masculinité, en fait elles sont plus féminines que les femmes XX puisque toutes les femmes produisent un peu de testostérone et y sont sensibles (pas de moustaches à la ménopause pour les XY). Et un syndrome d'insensibilité partiel provoque des cas d'hermaphrodisme avec un mélange des deux sexes (et des drames en France où le sexe doit être décidé dès la naissance).
Je vous fait grâce des trisomies type XXY, XYY...
Vous pouvez aussi avoir des individus mosaïques, des chimères, suite à l'absorption d'un jumeau. Vous pouvez donc être à la fois XY et XX, soit avec une séparation par organes, soit avec un mélange un peu partout. Ce qui peut notamment expliquer certains cas d'hermaphrodisme vrai.
Bref, la nature est moins simpliste qu'on ne le croit... Et de toute façon les chromosomes n'ont pas grand chose à voir avec le genre, c'est bien pour ça qu'on a créé et distingué les mots sexe et genre...
puis :
Le problème, c'est que plus elle attend, plus elle a à perdre et moins à gagner. Il faut comprendre qu'il n'y a quasiment rien sur le chromosome Y. Ce chromosome n'encode pas du tout l'apparence homme ou femme, pénis ou vagin, seins ou pas. Nous sommes tous porteurs des gènes pour fabriquer les organes des deux sexe - en fait, spécialiser les mêmes organes vers un sexe ou l'autre. Les testicules des hommes sont les ovaires et femmes, les deux ont des seins (tous les hommes peuvent avoir un cancer du sein, peuvent avoir une lactation)... Pas mal de bébés garçons naissent d'ailleurs en produisant du lait à cause des hormones de la mère.
Ce qui différencie les sexes, c'est l'imprégnation hormonale. Exposez un fœtus mâle à des œstrogènes et il aura un vagin et inversement. Pour un(e) transsexuel(lle), ça implique que plus le traitement hormonal est commencé tôt, plus le résultat sera naturel et convainquant. Par exemple, cette petite fille aura plus tard une poitrine naturelle au lieu de devoir porter des implants. De même, elle n'aura pas de mue à la puberté et donc une voix réellement féminine, alors qu'il y a un gros travail vocal pour avoir une voix convaincante autrement. Et l'imprégnation hormonale commençant avant l'adolescence et en cours de croissance, ça veut aussi dire un corps plus féminin au niveau de la taille, de la répartition des graisses, de la morphologie...
En terme de résultat et donc d'intégration sociale, elle a énormément à gagner en commençant sa thérapie hormonale tôt. Il reste la question des organes génitaux, mais ça peut attendre, c'est de l'ordre de l'intime et tous les transsexuels n'ont pas envie de se faire mutiler (sauf en France où c'est obligatoire).
Après, ce que regrettent la majorité des transsexuels, c'est justement de ne pas avoir commencé leur transition plus tôt et donc d'avoir un résultat pas toujours satisfaisant et des années de souffrance avant. Et, justement, d'avoir gâché leur jeunesse en ne la vivant pas. La majorité des transsexuels sont conscients de leur dissonance de genre très tôt.