Naja, c'est une claque graphique...
J'ai rarement vu un dessin aussi dynamique et qui retranscrive aussi bien le mouvement...
Mais outre cette maitrise de l'action, Bengal sait prendre son "temps", poser calmement le paysage, jouer avec les différents angles de vue (les gros plans notamment) et, calmement, nous embarquer avec lui vers un terminus d'action endiablée. Et, d'un seul coup, ça se recalme et on repart sur un rythme lent, en attendant la prochaine "explosion"...
(pour voir ce dont je veux parler, la preview du tome 1 est caractéristique :
http://www.bdgest.com/preview-364-BD-naja.html)...
A noter, pour finir avec la partie graphique, que Bengal est tellement bon et son dessin est tellement expressif qu'il n'a pas besoin de phylactères d'ambiance pour retranscrire le bruit de l'environnement autour de ses personnages... Le dessin se suffit à lui même (cf preview... si, à sa lecture, vous n'entendez pas le bruit des discussions, les détonations du revolver, les cris d'effrois, le bruit de la chute des corps, faut que vous consultiez d'urgence un ORL ^^)
Ensuite, Naja, c'est une claque narrative...
Attention, j'ai pas dis scénaristique...
J'ai dit narrative...
Le scénario, on va lui régler son compte rapidement, il est simple : on a trois tueurs trop trop forts qui sont des caractères (characs) très typés (le bon, la brute et la froide ^^), un patron inconnu et trop mystérieux et un cinquième larron trop trop mystérieux qui vient foutre le bordel dans cette mécanique bien huilée...
Point.
Et à partir de là, ça va flinguer dans tous les sens.
Repoint.
Rien de sensationnel ou d'innovant donc. Mis à part
l'insensibilité à la douleur de l'héroïne
...
Par contre, la narration...
Mama...
Cette voix off qui décrit l'action, la voix de celui qui sait, omniscient et qui se délecte de savoir et de nous dévoiler petit à petit les évènements...
Qu'elle est bien cette voix...
Qu'elle est douée pour nous embarquer avec elle dans son récit ou pour se taire lorsque le dessin parle de lui même...
Elle est d'ailleurs omniprésente cette voix, elle décrit le visible et l'invisible, traduit les pensées des protagonistes et nous explique les tenants et les aboutissants de tout cela...
Le seul défaut de la voix : elle a tendance à phagocyter les autres paroles, celles des protagonistes : la première parole "dite" du tome 1 arrive page 21... Et la première parole de Naja arrive encore plus tard...
Mais elle est tellement bien que non seulement on lui pardonne mais on en redemande : "Taisez-vous donc, laissez parler la voix bordel !"
En fait, quand j'y repense, j'ai peut être moins envie de connaitre la fin de l'histoire que de savoir QUI parle... ^^
Bref, Naja, c'est UN dessin et UNE narration superbes autour d'un scénario simple (ce qui peut être une qualité quand c'est assumé). Et ce couple s'accorde à merveille pour te pointer un magnum 44 sur la tempe et te kidnapper afin que tu entres dans l'action et que tu ne lâches pas la lecture une fois que tu as commencé... Et en plus, ça se termine en 5 tomes (croisons les doigts que la fin ne vienne pas tout gâcher, ce dernier tome sera primordial) et on aura un joli coffret avec cale (hein qu'on aura un joli coffret avec cale, monsieur le commercial ? ("clic" fait le chien qui est armé...
)
"Travaille comme si tu devais vivre toujours. Vis comme si tu devais mourir le jour même." la plaisante sagesse lyonnaise