Nada - Cabanes et Manchette - Aire Libre

[nexus4]

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LA PREVIEW :



Ils sont six : Épaulard, l'expert vieillissant ; D'Arcy, l'alcoolique violent ; Buenaventura Diaz, le caméléon aux identités multiples ; Treuffais, le prof de philo désabusé ; le jeune Meyer, dont la femme folle finira bien par le tuer un de ces quatre ; et Cash, la putain auto-proclamée à l'intelligence troublante. Des profils aussi disparates que leurs passés respectifs. Pourtant, ensemble, ces paumés d'extrême gauche formeront le groupe « Nada ».

Leur premier coup d'éclat : enlever l'ambassadeur américain, en visite discrète dans une maison close parisienne.

Une opération aussi risquée exige audace et maîtrise. Mais si le gang de marginaux l'exécute sans coup férir, la suite ne sera pas si simple. Chargé de l'affaire, le rusé commissaire Goémond va mener une sanglante traque aux 'anarchistes'... Entre morts inutiles, dégâts collatéraux et pressions politiques, les membres du groupe « Nada » s'apprêtent à passer les plus longues heures de leur existence... Avant quelle fin ?
Chef-d'oeuvre du néo-polar écrit en 1972 par Jean-Patrick Manchette, puis adapté au cinéma par Claude Chabrol, « Nada » dessine les trajectoires écorchées d'une poignée de desperados révoltés. Un roman noir magnifiquement adapté en bande dessinée par Max Cabanes et Doug Headline, qui en restituent tout l'amer désespoir.

[Cabarezalonzo]

... je ne sais pas si c'est adapté fidèlement au roman ou s'il y'a une place d'adaptation.

On peut supposer que l'adaptation demeurera fidèle au roman, tout au moins à l'esprit du texte. Je dis cela en raison de la participation de Doug Headline à l'adaptation, lequel Doug ne devrait pas trahir son Shuto de paternel. Le Doug n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai et connaît également les impératifs et contraintes inhérentes au scénario de bande dessinée.
Dommage d'ailleurs qu'Olivier Vatine n'ait pas fait appel au fils Manchette pour sa très libre "adaptation" de la Mort vivante de Stefan Wul.

[TILLIERTON]

A propos des différents tirages, je rejoins les propos de Silverfab cités plus haut, et je crois qu’il faut davantage s’intéresser au contenu de l’oeuvre plutôt qu’au contenant dans ce cas présent. En tout cas , j’attends avec impatience cette sortie ayant déjà visionné les premières planches fidèles au style concis si particulier de Manchette

[edgarmint]

Lire une bande dessinée de cette trempe, de cette densité, ça fait plaisir. J'y ai retrouvé une bonne part de ce que ma mémoire conserve de ma lecture du roman de Manchette, laquelle date maintenant d'un bon bout de temps, notamment le caractère jusqu’au-boutiste des protagonistes, individualités perdues portés par leurs convictions ou leurs désillusions - c'est selon -, quand ce n'est pas un mélange des deux.

[Blackfrag]

Lire une bande dessinée de cette trempe, de cette densité, ça fait plaisir

J'ai eu le même ressenti en le refermant, Y'a un sacré Level comme on dit. L'histoire est dense, le dessin entrainant et vif, la narration est soutenue, la psychologie des personnages comme le stipule edgarmint est bien disséquée et le face à face est complètement fou
un très bon bouquin pour ma part

[bone]

Très belle description de l'époque années 1960/70

Mais je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas été emporté par l'histoire

[hawksmoor]

Dialogues excellents ( on dirait du Audiard ). Même les descriptifs sont à se fendre.
La description de l'appartement du commissaire est peut-être la meilleure.

[LEAUTAUD]

Bien aimé cette transposition du roman de J.P.Manchette en bande dessinée, j'y ai retrouvé l'essentiel : un récit où l'extrême précision de chaque détail renforce le nihilisme profond des protagonistes, qui se meuvent et meurt avec un luxe de péripéties narrées par le menu.
Cabanes restitue bien le côté chien fou de ces desperados de la politique.
Pas mal de clins d'oeil, dont le célèbre "bonne bourre " de la page 120, qui renvoie au dialogue piraté d'un film de karaté de l'époque ( rebaptisé par les situationnistes "La dialectique peut-elle casser des briques" ), ou cette librairie "Champ libre" (page 10) rappelant l'aventure de Gérard Lebovici/Debord.
Tiens, d'ailleurs, j'aurai bien aimé une librairie Futuropolis dans un coin de case, puisque son fondateur Robert Roquemartine est salué au début de l'album.

C'est J.P.Manchette qui le premier avait imaginé un enlèvement politique de cette ampleur, en Europe (sa fiction étant devenue ensuite réalité, avec Aldo Moro, Martin Schleyer, etc...). Nada reste une impeccable démonstration de l'impasse que constituait en ces années post-68 le choix d'une lutte armée (Action Directe finira aussi, comme dans le roman, piégée dans une ferme encerclée par les forces de l'ordre étatique).

Cet album, qui alterne séquences parlées et actions échevelées, est une réussite graphique et narrative.

[Blackfrag]

Merci LEAUTAUD pour les détails pointus de certaines références

[silverfab]

Moi je suis plus dans le ressenti de Bone et Rody, ce Nada partait pas trop mal mais ça s'enlise assez vite dans quelque chose de trop bavard, ça se perd un peu entre le noir pur jus et le thriller politique.
Par contre graphiquement c'est en effet très réussi, je pense que c'est le roman d'origine qui ne m'aurait pas emballé probablement.

[Cooltrane]

Très belle description de l'époque années 1960/70

Mais je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas été emporté par l'histoire

C'est à mon avis car cette "adaptation" colle de trop près au roman : c'est verbeux, trop verbeux, la balance images/texte est trop déséquilibrée.
Je n'y ai personnellement pas pris de plaisir et j'ai même accéléré ma lecture dans le dernier tiers. Je ne suis pas un fan de ce duo d'auteurs, mais c'est pour l'instant le tome le moins réussi (pas dans l'intrigue, mais dans la narration imagée).

idem.... bien que j'aimais bien le ton utilise (dans les récitatifs aussi), j'ai commencé à trouver que les conversations des salons ministériels trop longues et peu intéressantes, donc j'ai commencé à zapper.
Certaines situations sont too much: la nana de Mayer totalement à la masse, par ex. C'est une goutte qui fait déborder le vase, je trouve.
Dans le dernier tiers, malgré le fait que je lisais plus vite, je trouvais que le nombre de pages restantes ne diminuait pas assez vite.


Sinon, on est assez loin du Cabanes "réaliste" de l'époque Colin-Maillard, je trouve. En plus, certains personnages se confondent, surtout chez les Anars.

[TILLIERTON]

Superbe album, super graphisme, narration nerveuse... une réussite

[Olaf Le Bou]

décidément, ça souffle le chaud et le froid en permanence sur ce sujet, difficile de se faire une opinion

[silverfab]

décidément, ça souffle le chaud et le froid en permanence sur ce sujet, difficile de se faire une opinion

Oui, c'est clair que les avis sont assez tranchés!

[Blackfrag]

Le fait est que la narration est assez verbeuse et soutenue ce qui à mon avis rebute ceux qui ont lu le roman et donc trouve celle-ci trop proche du bouquin avec forcément des disparités dans les "morceaux" retenus . Pour ceux qui n'ont pas lu le roman de Manchette comme moi avant, je pense que ça passe donc beaucoup mieux. Pour le dessin, les avis ont l'air d'allez dans l'ensemble vers le bon

[kilfou]

Très apprécié pour ma part (de Manchette je n'ai lu que les adaptations de Tardi et sa trad de Watchmen donc je ne suis pas un ayatollah)

Pour ce qui est de la narration bavarde, je crois me souvenir que les Tardi sont pareils.

Et c'est effectivement plus souvent une illustration du texte du roman qu'une narration bd (hormis les dialogues, savoureux). Perso ça me dérange pas, j'aime le style nerveux, sec jusqu'à l'os de Manchette.
Mais si on rajoute la typo machine à écrire, ben ça donne l'impression de tirer plus sur le roman illustré que la bd.

Mais dans tous les cas, j'ai vraiment aimé, et je vais lire les deux autres Cabanes/Manchette.

[Steph44]

Puisqu'il y ceux qui aiment... et ceux qui ne m'aiment pas...
je rejoins le camp des enthousiastes !
Une remarquable adaptation d'un roman culte de Manchette.
Point "trop verbeux", à mon avis, mais, il y a une "écriture", c'est vrai
Je ne suis pas un adorateur de Manchette, mais il tient une place à part dans le roman policier avec l'émergence du courant social et politique dans les années 70. Mais le social et le politique ne sont-ils pas dans l'ADN du roman noir...?
Bref, Manchette bénéficie de très belles adaptations (Tardi + Cabanes) si l'on accepte le parti pris et la vision du romancier.
Pour ma part, ce Nada fait partie des très belles réussites de Cabanes, après 2 précédentes adaptations qui méritaient l'intérêt.

[TILLIERTON]

Scénario d'un pessimisme réel et d'une noirceur inégalée. Un désespoir total. Rien à sauver. Et pourtant on aime. C'est mon cas...

[Pouffy]

Malgré 3 tentatives... je n'ai pas réussi à lire cet album. Ca ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Trop dense, trop confus, trop bavard... bref sans moi.

[Villette]

Pour ma part le côté "verbeux" ne m'a pas dérangé et comme quasiment tout le monde j'ai trouvé que le dessin colle parfaitement à l'ambiance.
En fait c'est plutôt l'histoire qui ne m'a pas emballée et puis il y a quelques actions qui me semblent improbables...
C'est divertissant sans plus et ayant apprécié "Fatale" j'avais acheté sans sourciller ce que je ne ferai probablement pas pour le prochain (si prochain il y a bien entendu )

[marone222]

Enfin lu "Nada", qui était sur ma pile de BDs en retard...
Je confirme les retours positifs, c'est une excellente BD, un polar noir politique dans le PAris du début des années 70.
Une galerie de personnages dépeints sans complaisance, losers mal dans leur peau et dans leur époque, qui basculent dans le terrorisme , peu de temps après mai 68. Œuvre de fiction qui a hélas été rejointe par la réalité de ce terrorisme d’extrême-gauche qui a semé la mort en Europe jusqu'à la fin des années 80...