Je présente des excuses pour avoir ironisé sur la couverture très Giraud d'Igor Kordey. J’ai acheté Marshal Bass par simple souci d’honnêteté, et je me suis pris une taloche.
Le dessinateur, que je ne connaissais pas, a en fait une putain de culture graphique. L’hommage à Giraud est, je crois, totalement assumé. Et d’ailleurs la prochaine couverture, comme le montre la minuscule vignette de la 4 de couv sera Moebiusienne comme on peut le constater ci-dessous.
Il est clair que Kordey lorgne sur les grands dessinateurs, Palacios, Toppi (ça a déjà été dit), Giraud bien sur, et même Andréas. L’encrage est lourd, mais ça participe d’une ambiance sombre qui sied très bien ici. Mais ce qui étonne est la composition de ses grandes vignettes ou de ses images pleine planche, j’y vois une théâtralité dramatique qu’on peut rapprocher des peintres romantiques comme Géricault (le radeau de la Méduse...), Gros, Delacroix. Kordey multiplie les vignettes avec 30 personnages dont au moins dix sont à cheval et dix autres en souffrance. Le mec est généreux, et de surcroit vraisemblablement rapide.
Le scénar quant à lui est classique, plutôt premier degré, tendance violence poisseuse pour reprendre le mot de Nexus, ça fonctionne à merveille, on pense bien sur à Tarantino pour la mise en perspective des débuts de l’affirmation du peuple noir américain à peine délivré de l’esclavage. Mais bon, citer T ne fait plus recette, tout et n’importe quoi est tarantinesque de nos jours. Ce qui est notable est ce découpage des planches au scalpel. On pardonnera donc au scénariste quelques petites facilités charliéresques (à moins que ce ne soit aussi un hommage ?), comme
la libération des deux prisonniers à la page 45.
Pour être franc, j’attends le deuxième avec impatience.