Bon, alors moi je suis un des rares (voire même "le") défenseur(s) des albums de Gerra, reconnaissant la faiblesse du premier au niveau des gags vaseux et téléphonés, mais plutôt agréablement surpris par l'évolution des deux suivants.
Le problème de Pennac et Benacquista, c'est que ce ne sont pas vraiment des humoristes qui nous font taper le cul par terre. Ils ont de l'humour, certes, mais c'est plus de l'humour "cérébral" et situationnel que du calembour gaguesque à la Goscinny, référence incontestée. (ET SI UN EDGAR A LE MALHEUR D'OUVRIR SA GRANDE G***, C'EST DANS LE LAC AVEC UN BOULET ATTACHE AU PIED, CAPITO ?)
Du coup, leur Lucky Luke ici présent gagne en solidité scénaristique et en sérieux ce qu'il perd en rigolade. On ne rit pas vraiment à gorge déployée, ce sont des éclats brefs, des pouffements silencieux, des sourires en coin... Il y a du bon comique de situation
comme ce bandit qui revient rapporter sont butin à la banque qu'il vient de braquer, parce qu'il s'est aperçu que ce sont de faux billets. "Si on peut plus se fier à son banquier", qu'y dit...
, mais peu ou pas de jeux de mots, ni gag. Par contre, l'idée et le traitement formels de l'histoire sont brillants.
Pennac et Benaquista partent d'un fait historique et un personnage réel pour adroitement en faire l'origine de pas mal de petit travers de la société occidentale, comme le syndrome Big Brother, le côté éphémère des "héros" contemporains, en même temps que leur côté irremplaçable, la vie après la retraite, l'obsession sécuritaire, la surpopulation des prisons, la vitesse de l'information... Tout ça avec un petit cow-boy caricatural qui est sensé nous faire rire... C'est un tour de force.
Quand au dessin de Achdé, ya rien à dire : Il progresse de façon exponentielle et on s'y tromperait.
PS : Vous le saviez, vous que Lucky Luke était texan ?