LA PREVIEW :
Un roman culte sur la Première Guerre, réinventé en bande dessinée.
Une bd de guerre, encore, dira-t'on ?
Peut-on encore inventer sur le sujet, avoir une once d'originalité dans le traitement pour réinterpréter ?
Morvan et Percio se sont attaqués rien moins qu'à un monument de la littérature française, qui a accouché plus tard à un autre du cinéma de guerre...
Un livre, d'abord, en premier lieu, et surtout...
La réalité d'une sale guerre dépeinte sans artifice, un reste de vie dans les tranchées bouleversant, mais aussi une ode à la camaraderie et la gaieté. Avant de finir, souvent, avec une
croix de bois plantée au dessus de sa tête. Au dessus de "sa terre".
Cette réalité était soit niée, soit inaudible.
Dorgelès, peu de temps après, donc, la fin du conflit, remettait les choses en perspective, offrant un camouflet à peine voilé aux militaires, politiques et journalistes idéalisant ce "fait de gloire". Pour dire qu'on ne joue pas aux cartes pendant un bombardement, quand on ne sait si ça va juste siffler aux oreilles ou vous arracher la moitié du corps...
Un film ensuite...
Daté de 1932, c'est un chef-d'oeuvre absolu du film de guerre, d'une modernité et d'une humanité ahurissante. On vit proprement avec le groupe de soldats ( les acteurs sont épatants pour un film de l'époque ) : on respire avec eux, rions et avons peur avec eux. La critique larvée de ceux qui conduisent cette première guerre mondiale est momumentale tout en étant subtilement présentée. Un choc !
Une BD, enfin...
Morvan s'est approprié l'esprit du livre, et y a injecté de belles idées :
- sens du découpage sans conteste, de ce que j'ai pu glaner à droite à gauche, de l'oeuvre de Dorgelès, collant parfaitement aux dessins de Percio. Ou la poésie de l'horreur...
- mettre en interaction Dorgelès lui-même avec le narrateur qu'il avait créé, en l'intégrant à la bd dans son processus de création.
( Et comme le laisse entendre l'éditeur du titre, ça donne à réfléchir sur l'oeuvre de fiction ( ou présentée comme telle ) en rapport avec la réalité de ce monde. )
- le rapport à la censure militaire avec des pages peu connues.
Et Percio...
- coup de crayon "au charbon" en temps de guerre, avec des allures spectrales, comme un monde au-delà qui n'existe pas. Qui ne peut exister...
- Et puis ce pendant, ligne beaucoup plus claire quand on revient à Dorgelès, comme un retour de cauchemar.
Albin Michel remet les pieds dans le 9eme art cette année, avec 5 titres, pour l'instant.
Celui-ci, c'est pour le 9 septembre, j'ai hâte !!!