Moi, je dois faire parti des "un peu déçus".
D'abord par les dialogues. La vulgarité ne me choque pas, mais elle est ici souvent anachronique ou hors de propos : il s'agit de patriciens, qui ne parlaient pas la vulgate, ni même le latin (les gens de qualité parlaient souvent grec, en fait). Idem pour les orgies : les Romains de l'époque d'Auguste, qui était très "famille" et "morale-morale" précisément, n'étaient pas trop des plaisantins sur la fesse.
Ensuite pour l'Histoire : Arminius a existé. Il a même un lourd passif historique (si vous cherchez à en savoir plus, vous connaîtrez d'ailleurs une bonne part du scénario, vous voilà avertis !), et là, Marini raconte quelques conneries :
- A l'époque des aigles de Rome, la Germanie est romaine jusqu'à l'Elbe. Arminius est un Cherusque, peuple allié de Rome, mais pauvre. Les Germains étaient même tellement pauvres qu'ils étaient tout juste auto suffisants. D'ailleurs les Romains n'ont jamais rien trouvé à gratter là bas, du coup ils se sont pas trop battus pour y revenir. Et Tibère mettra fin aux guerres déclenchées par Auguste, lâchant le morceau pour de bon. Pas mal d'historiens allemands pensent qu'Arminius a été à l'origine de la partition est-ouest de l'Europe. C'est dire que Marini touche à un sujet assez large. Trop ?
- les "riches" Germains nobles étaient très pauvres,
et plutôt éberlués par les Romains. Imaginez la surprise d'un Peul transporté dans le Paris de 1900 pour vous faire une idée. Arminius s'est tapé quelques semaines de voyage depuis le cul du monde vers la Ville Lumière, il a juste 8-9 ans, il sort de la forêt, il n'a jamais vu un mur en pierres taillées ! Là, on a un jeune insolent qui à peine arrivé, se bat avec un patricien ! Les otages comme Arminius étaient de plus élevés au Palatin, dans une école dédiée à ce public spécial (ce fut le cas pour Arminius), pas chez un particulier, fut-il très en cour.
- Arminius avait un frère, dont Tacite rapporte qu'il était blond. On est en droit de penser que si on parlait de
Flavius le blond, c'est que son frère ne l'était pas... Bon, ok, on est aussi en droit de penser le contraire ! et c'est plutôt secondaire. Mais les stéréotypes, c'est toujours dommageable pour un scénario.
- pour l'insolence du garnement, c'est amusant parce qu'Arminius a été tellement bien noté comme bidasse en Pannonie qu'il a été fait chevalier (gens equestre, porte d'entrée du patriciat et du cursus honorum). Pas vraiment le genre d'honneur qu'on décernait pour un oui ou pour un non, surtout à un Germain. Encore moins un gugusse qui se bat comme un chiffonier (la discipline romaine était extrèmement dure). Et vue la suite de la vie d'Arminius, c'était tout sauf un crétin, le petit Germain.
- Que nous réserve le t3 ? A en juger par le rough mis en ligne, je crains un cliché bien senti sur le Germain révolté par la cruauté des armées romaines...
Là où j'ai bien aimé, en revanche, c'est pour la retranscription d'une Rome plus vivante que jamais, truculente, baroque.
Bon, ce sont des critiques gratuites, je n'ai pas lâché l'album à la lecture. Et chacun est libre de me traiter de pisse-vinaigre !
Mais pour moi, la faute de ton des dialogues qui font plutôt séries télé américaines, et les lieux communs sur les barbares violents et crétins, sapent peu beaucoup la série : elle est sympa, mais ne dépasse pas ce seuil.
Y a comme un scrupule dans la caliga !