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Le Topic de l'ENCRAGE

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede crepp » 06/02/2024 10:19

Message précédent :
Le nouveau projet d'Olivier Ledroit sur les fleurs du mal.
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede crepp » 06/02/2024 10:20

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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede crepp » 06/02/2024 10:22

Et la dernière pour la route, en sachant que sur son compte facebook il y a beaucoup plus d'images.
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede nexus4 » 06/02/2024 11:01

Ca va pas passer dans le scanner A4.

Quel boulot. :love: [:lega]
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede zxcvbnm » 06/02/2024 11:17

Ca devient à la mode les grands formats. Enfin, "mode", c'est parce que de plus en plus d'auteurs/illustrateurs espérent vendre ensuite leur travail en galerie, d'où ce besoin de grands formats.

Je suppose que c'est prévu?
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Nefertum » 06/02/2024 13:07

Ledroit est adepte des grands formats depuis longtemps déjà.
j'ai des souvenirs de l'expo wika chez glenat à paris :amoure:
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede zxcvbnm » 06/02/2024 13:10

Nefertum a écrit:Ledroit est adepte des grands formats depuis longtemps déjà.


Je sais, mais force est de constater que c'est une tendance qui s'accentue chez les auteurs/illustrateurs depuis quelques années.
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede crepp » 07/02/2024 22:19

et donc le résultat final :
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede crepp » 08/02/2024 10:19

Et pour info, ces dernières toiles d'Olivier Ledroit seront exposées à Paimpont cet été. Donc à coté de chez moi [youpi]
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Olivier_D » 14/02/2024 19:03

Rob de la Torre, c'est quand même un sacré tueur !

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Messagede Olivier_D » 15/02/2024 00:04

Et celle-là aussi...
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede mr_switch » 24/02/2024 21:37

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Comparaison entre la version provisoire et la version imprimée de Sophia Stromboli. Avec un encrage différent, donc
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede JayCee » 26/02/2024 17:32

IA Prompt : "Rajeunis ce dessin de Walthéry de 20 ans" :fant2:
Désolé, c'est pas très sympa :D
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede nexus4 » 28/02/2024 11:21

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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede nexus4 » 18/04/2024 08:19

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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede nexus4 » 10/05/2024 17:28

Tardi, qui imagine ce que représente la scène après l'avoir dessinée. :P

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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede bone » 10/05/2024 17:48

Autre style, Charles Berberian

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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Jimbolaine » 11/05/2024 22:23

Sur un forum voisin j'avais fait quelques billets un peu longs sur différents encreurs américains ayant marqué leur époque, et surtout les séries sur lesquelles ils ont été amenés à travailler. C'était vers le printemps 2020, on avait tous du temps libre, à l'époque.
En découvrant l'existence de ce sujet, je me suis dit que ça pouvait peut-être vous intéresser, ici. Donc je me permets de copier l'un des sujets en question. De mémoire, j'ai fait de même pour Jim Mooney et pour Joe Sinnott. Dites-moi si ça vous intéresse aussi, et je me ferai un plaisir de copier également ces deux textes.

En attendant, un petit portrait de Tom Palmer et de son travail sur Avengers, où il a officié à deux reprises, et où il a longtemps tenu, à l'occasion de sa seconde prestation, une fonction consistant à maintenir une sorte d'unité graphique à la série.


Avengers #50, par John Buscema (tout seul comme un grand).

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Avant toute chose, je propose de nous arrêter sur le travail de John Buscema. Il se trouve que ce dernier s'est encré une ou deux fois sur la série (notamment les épisodes 49 et 50). On voit quelques trucs qui reviennent souvent dans son encrage (sur plusieurs décennies) : il ne ferme pas toutes les formes, il ne varie pas à outrance l'épaisseur de son trait, il aime beaucoup les modelés et les drapés qu'il traite avec des hachures courbes, mais on voit qu'il y a des choses qui ne l'intéresse pas (le sol, à peine esquissé à gros traits si j'ose dire, la chevelure de la blonde, qu'il semble bâcler…).

Avengers #59, par John Buscema, encré par George Klein

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Sur la série, on lui colle parfois des encreurs qui ne lui conviennent pas (genre… Vince Colletta, mais George Tuska, même si ça reste sympa, ne parvient pas à donner à Buscema sa force, comme si deux personnalités ramaient dans des directions opposées), mais dans l'ensemble, le résultat est plutôt pas mal avec des gens comme George Klein, qui conserve son énergie, ses modelés, ses ombres, mais ferme beaucoup plus les traits et recourt à des cernés plus épais. Cela dit, il reste fidèle à ce que Buscema propose.
Maintenant qu'on comprend tout ça, passons à Tom Palmer.

Avengers #75, par John Buscema.

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Maintenant qu'on a identifié un peu la personnalité visuelle de l'encrage attaché à Buscema à l'époque, regardons un peu de près ce que Tom Palmer en fait. On retrouve une certaine finesse pour les premiers plans (la main de Jarvis), mais on note qu'il ferme les traits dans la lignée de Klein. Il utilise des aplats plus marqués. Plus intéressant, il colle des trames (sur les phalanges masquées par la manette, sur les écrans…), petite astuce qu'il a empruntée, de son propre aveu, à Wally Wood. On note aussi qu'il n'hésite pas à tracer des zones d'ombres au milieu des formes afin de ménager de la place pour une contre-lumière (le bras droit de Jarvis, en retrait). Bref, il y a tout Buscema, mais les matières sont plus présentes, plus lourdes, plus marquées. On sent une volonté de restituer la lumière de manière tridimensionnelle, réaliste.

Avengers #93, par Neal Adams.

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En 1971, Palmer a vingt-neuf ans, et il encre depuis cinq ans chez Marvel, travaillant sur des planches de gens comme Buscema, Adams, ou Colan (un peu le gratin, quoi). Il cherche une approche réaliste, comme je le dis plus haut, et il va en trouver avec Adams, dont il connaît le style grâce aux épisodes de X-Men. Son trait fort et épais se marie très bien avec les ombres que le dessinateur place partout. Palmer rajoute des trames, notamment sur les parties métalliques (les zones dorées de l'armure d'Iron Man, le sol, ou, quelques pages plus loin, le bouclier de Captain America). Il s'en sert aussi parfois en découpant des trames en formes arrondies afin qu'elles épousent les reliefs des surfaces.

**Avengers** #96, par Neal Adams.

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Juste pour le plaisir des yeux, une pleine page qui donne un peu une idée de l'influence des épisodes d'Adams sur des gens comme John Byrne. Le caractère brillant des surfaces métalliques et l'arrondi presque organique des appareils mis en scène annoncent déjà ce qu'on verra sur les vaisseaux Shi'Ars ou sur le Blackbird dans les épisodes d'Uncanny X-Men. Après, c'est pas tout à fait étonnant quand on sait que Terry Austin a été formé par Dick Giordano, autre encreur légendaire de Neal Adams.

Avengers #97, par John Buscema.

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Tom Palmer commence sérieusement à trouver ses marques, comme le prouve le travail sur cet épisode, où il renoue avec Buscema. On voit bien qu'il y a une évolution par rapport à ce qu'ils produisaient quelques mois ou années auparavant. Les traits sont plus épais, les drapés sont plus spontanés, on dirait bien qu'il a acquis des automatismes, et sans doute une certaine confiance.

Avengers #255, par John Buscema.

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Sautons en 1985 quand Buscema revient sur le titre auprès du scénariste Roger Stern. De mémoire, je crois que c'est à la demande du dessinateur que Palmer rejoint l'équipe, mais je me trompe peut-être. Bref, Buscema est bien content parce qu'il sait qu'il dispose d'un encreur qui est aussi un "finisseur", un "embellisseur", un gars qui pourra compléter un dessin esquissé. Sur les tout premiers épisodes, ça ne se sent pas, mais rapidement, on sentira un certain relâchement. Là, on voit que le trait de Palmer est plus épais, qu'il n'économise pas l'encre. Les drapés sont riches, il place des aplats noirs, il donne de la matière à tout. On sent le pinceau qui domine, donnant un caractère rond et organique à plein de choses.

Avengers #275, par John Buscema.

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Hop, des trames dans les décors, des drapés sur les vêtements, beaucoup de mouvement partout. Le trait est gras, épais. J'aime beaucoup, mais ça ne plaît pas à tout le monde. Ici, on sent que Buscema est en mode automatique, certains visages ne sont pas de son crû, l'infirmière à droite semble de la plume de Palmer.

Avengers #295, par John Buscema.

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Je vous la mets parce qu'il y a une anecdote amusante sur cet épisode : quand Simonson l'écrit, il précise que les dinosaures sont robotiques. Information que Buscema oublie en route, et il dessine de vrais dinosaures. Quand les planches arrivent chez Gruenwald, c'est la panique, et ils demandent en catastrophe à Palmer de redessiner les bestioles dans leur version "automate". Comme quoi, Buscema avait raison de faire confiance à Palmer !

Avengers #303, par Rich Buckler.

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Palmer a la patte un peu lourde, les drapés sont nombreux et denses. Est-ce qu'il compense les crayonnés, qu'il juge faibles ?

Avengers #305, par Paul Ryan.

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On reconnaît mieux Ryan sous l'encrage de Palmer : on peut imaginer que les crayonnés soient plus détaillés. Cela dit, c'est l'époque où Palmer ajoute des petites hachures à son arsenal, qu'il dispense parfois sur les visages. Cet ajout lui permettra de négocier le virage "post-Image", notamment sur Epting (Avengers) ou Garney (Nightstalkers).

Avengers #336, par Steve Epting.

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Le contact entre Palmer et Epting est un peu hésitant. Des hachures, quelques traits pas toujours fermés, des effets de brume qui rappelleraient presque le travail d'Al Williamson, bref, Palmer n'est pas toujours bien reconnaissable… Epting est encore assez jeune, il a illustré Hammer of God chez First Comics, mais là, il se frotte à la grosse machine qu'est Marvel et sa première saga n'est pas encore à la hauteur de ce qu'il fera plus tard. Mais cette première aventure permettra au tandem de se connaître et d'apprendre à fonctionner ensemble.

Avengers #343, par Steve Epting.

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Quelques mois plus tard, tout est installé, le dessinateur et l'encreur s'accordent, et on est parti pour une période exceptionnelle du titre. Des masses d'ombre épaisses, des traits de contours, des contre-lumières… Et justement, que remarque-t-on, discrètement énoncé dans les crédits ? Palmer assure aussi les couleurs. Il recourt à une astuce que ses collègues n'osent pas souvent, à savoir dégager une zone de forte lumière, et n'y mettre aucune couleur : c'est le blanc du papier qui matérialise la clarté, délimitée par le contour et par le trait épais à l'intérieur de la forme. On le remarque sur la hanche de Crystal, sur le front de Lockjaw, accessoirement sur l'épaule de Thor. Un effet qu'on ne retrouvera pas, en tout cas pas avec la même fréquence, quand John Kalisz reprendra le poste de coloriste.

Avengers #378, par Stewart Johnson.

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Le trait est un peu chargé, là encore une grande générosité en encre. On notera les petits retours de blanc dans les traits de la pluie (je pense qu'il les fait à l'encre acrylique blanche, là où Romita père ou Heck (ou d'autres) utilisaient une lame afin de gratter le papier et d'enlever des petits morceaux… Ici, les touches sont trop nettes).
On remarque aussi des contre-lumières (sur le casque du Swordsman, par exemple), mais Kalisz décide d'y placer une couleur.

Avengers #380, par Mike Deodato.

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Avec ce dessinateur en vogue, Palmer parvient à répondre aux exigences "modernes", intégrant pas mal de hachures, à l'image de ce que propose Scott Williams. Sauf qu'il arrondit plein de choses. Au point que l'influence de Neal Adams ressorte à fond (on dirait presque du Adams contemporain, avec ses qualités et ses défauts). Dans d'autres séquences, Deodato affiche une approche photographique à laquelle Palmer se plie sans souci.
Cette longue prestation sur Avengers marque aussi la disparition progressive des trames, notamment durant la période Epting. Bientôt, Palmer se contente de son pinceau, de sa plume et de son encre, sans collages (ou en tout cas beaucoup moins qu'avant). La tendance se confirmera, et selon moi son travail y perd beaucoup, car c'était, comme chez Janson, le mélange des techniques qui en faisait la force.

Avengers #400, par Mike Wieringo.

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Le choc des cultures : l'encrage réaliste de Palmer, qui convient parfaitement à une approche photographique du dessin, et le trait cartoony de Wieringo, qui demande un traitement plus sobre, plus épuré. Et pourtant, la rencontre est plutôt réussie, Palmer parvenant à trouver la rondeur qu'il faut, et respectant de près les crayonnés.


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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Olivier_D » 11/05/2024 22:56

Ta contribution est passionnante.
On n'en finit pas de s'interroger sur les duos dessinateur/encreur qui fonctionnent ou ne fonctionnent pas, quel que soit le talent des uns et des autres.
Pour ma part, je trouve que Palmer est trop lourd, trop sombre, trop gras pour du Buscema, alors qu'il convient à merveille à Gene Colan. J'aimais beaucoup aussi Jack Abel pour Colan.
Quand j'étais ado, j'aimais l'encrage de Sinnott sur Buscema, alors qu'aujourd'hui, je préfère des encreurs plus légers, plus subtils, comme Buscema lui-même (qui reste ce qui se fait de meilleur) son frère Sal Buscema est aussi excellent (alors que je ne l'apprécie que moyennement en tant que dessinateur).
Le duo de légende reste Buscema-Alcala, alors même que Buscema n'aimait pas ce type d'encrage. Perso, je trouve qu'on a là quelques unes des plus grandes pages de l'histoire du comics.
Ce qui est passionnant, c'est de voir comment les personnalités s'articulent et comment un grand encrage finit de magnifier un dessin.

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Messagede Jimbolaine » 14/05/2024 14:22

Olivier_D a écrit:Ta contribution est passionnante.


Merci.
Je vais peut-être donc trouver le temps de recopier les deux autres textes sur Sinnott et Mooney, alors ?

Olivier_D a écrit:On n'en finit pas de s'interroger sur les duos dessinateur/encreur qui fonctionnent ou ne fonctionnent pas, quel que soit le talent des uns et des autres.


C'est un mystère, une alchimie bizarre.
Et puis, il y a des encreurs qui donnent le meilleur d'eux-mêmes quand ils ont le temps, et qui sont moins intéressants quand l'éditeur les utilise pour leur rapidité. Je pense à Joe Rubinstein qui a fait des merveilles sur les crayonnés de Jim Starlin dans le fameux Avengers Annual avec Thanos, ou sur Legion of Super-Heroes, mais que Marvel a employé comme "encreur maison" dans les années 1980, et son rythme ne lui permettait plus de travailler les ombres et d'utiliser des trames comme il faisait au meilleur de ses prestations. Et du coup, on passe d'un niveau d'excellence rare à une prestation compétente mais banale.

Olivier_D a écrit:
Pour ma part, je trouve que Palmer est trop lourd, trop sombre, trop gras pour du Buscema, alors qu'il convient à merveille à Gene Colan. J'aimais beaucoup aussi Jack Abel pour Colan.


Jack Abel, en général, je n'aime pas : trop mince, trop fin, trop sec. Mais j'ai découvert récemment des couvertures qu'il a faites sur des crayonnés d'Al Milgrom, pour une série chez DC consacrée à la Justice Society, et c'est super chouette. Comme quoi, c'est vraiment une affaire d'alchimie.

Olivier_D a écrit:Quand j'étais ado, j'aimais l'encrage de Sinnott sur Buscema, alors qu'aujourd'hui, je préfère des encreurs plus légers, plus subtils, comme Buscema lui-même (qui reste ce qui se fait de meilleur) son frère Sal Buscema est aussi excellent (alors que je ne l'apprécie que moyennement en tant que dessinateur).


J'aime beaucoup Sal Buscema, pour son énergie. Dessin plus basique, tourné vers l'efficacité et pas vers la démonstration, mais j'ai grandi avec, c'est à mes yeux l'essence de la grammaire super-héros. En ce moment, je relis Rom, qui est réédité en gros Omnibus. C'est Sal Buscema qui dessine. Il s'encre sur les débuts de la série, puis il passe l'encrage à Joe Sinnott, j'aime beaucoup aussi, mais si l'on gagne en précision, on perd en énergie. Et plus tard, ça sera le tandem Akin & Garvey qui reprendra l'encrage, ajoutant des textures et des modelés partout. Quand j'étais gamin, je n'aimais pas, j'ai appris à apprécier plus tard. Bref, Rom, c'est l'exemple type de la série qui permet de regarder un style de dessinateur à travers celui de ses encreurs.

Olivier_D a écrit:Le duo de légende reste Buscema-Alcala, alors même que Buscema n'aimait pas ce type d'encrage. Perso, je trouve qu'on a là quelques unes des plus grandes pages de l'histoire du comics.


Spectaculaire.
Alcala en rajoutait des tonnes. Il refaisait la planche, il faisait du Alcala sur du Buscema.
Il y a des encreurs comme ça, qui écrasent les dessinateurs sous leur style : Craig Russell, Kevin Nowlan… Bill Sienkiewicz, bien sûr.

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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Jimbolaine » 15/05/2024 11:54

Allez, je recopie ici le texte que j'avais écrit concernant Joe Sinnott, qui a occupé un poste clé sur la série Fantastic Four du milieu des années 1960 au début des années 1980.
Le rôle de l’encreur, chez Marvel, a longtemps été associé à un marquage visuel des séries. Aujourd'hui, cette fonction est souvent dévolue au coloriste (par exemple, Paul Mounts a été longtemps le coloriste attitré de Fantastic Four, dans les années 2000), mais précédemment, l'encreur a souvent été attaché à une série : Tom Palmer à Avengers comme on l'a vu plus haut (ou à Tomb of Dracula), Klaus Janson à Daredevil (avant et après Miller), Dan Green à Uncanny X-Men, ou Jim Mooney aux titres Spider-Man (ça sera l'objet d'un autre texte).
Et bien sûr, on pense évidemment à Joe Sinnott sur Fantastic Four, qui a encré la série sur Kirby, Buscema, Buckler, Pérez, Pollard et même Byrne (et qui est revenu sur Buscema et Pollard du temps de la période Englehart).
Dernière précision, Joe Sinnott, avant d'être connu en tant qu'encreur, est aussi un dessinateur (il a réalisé de nombreuses histoires courtes dans les années 1950 et il a travaillé sur le strip Spider-Man dans les années 1990 et 2000). Plus réaliste et académique qu'un Kirby, par exemple, mais c'est quelqu'un qui apporte à son travail une expérience d'illustrateur, au même titre qu'un Jim Mooney (connu entre autre pour ses épisodes de Supergirl dans les années 1950 et 1960), un Klaus Janson ou un Tom Palmer (dont on se souviendra des couvertures peintes, sur Star Wars ou Avengers).

Fantastic Four #54, par Kirby.

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J'attire l'attention par exemple sur le traitement du tapis, constitué de petites virgules (à défaut d'un autre terme), qui désignent peu ou prou la matière. C'est typiquement sinnotien.

Fantastic Four #69, par Kirby.

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Un autre truc très reconnaissable de Sinnott (au point que ça peut devenir l'indice que l'on cherche si l'on veut identifier son travail) c'est son traitement de la matière minérale. Sur les briques, on remarque des successions de trois ou quatre points, parfois étirés à la manière d'une virgule, et qui représentent les bosses et les rugosités de la pierre. Sur la gauche, à la hauteur de la corniche, on remarque un tel dispositif, complété par un trait courbe plus long, là encore typique de l'encreur. On remarquera aussi une netteté qui a fait sa légende, mais également le fait qu'il procède de plus en plus au trait, avec quelques petites masse de noir (sur le mollet et la cheville de Reed, sur les creux des débris de mur), et qu'il vire les hachures, auxquelles il recourait encore de temps en temps, deux ans avant.

Fantastic Four #110, par John Buscema.

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Maintenant que vous savez, vous pouvez repérer les petits tics visuels de Sinnott, sur les rochers, par exemple. De même, il recourt à des masses noires pour les volumes des muscles, mais cette fois-ci sur un dessin plus académique, où l'anatomie est moins géométrique.

Fantastic Four #158, par Rich Buckler.

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Encore les petites virgules matérialisant le grain du goudron. Remarquons que les hachures sont parcimonieusement réduites à l'ombre sur les phalanges de Ben (je ne compte pas celles qui dénotent les reflets sur les vitres, et qui procèdent d'une autre logique). J'attire aussi l'attention sur les traits de cerné pour les contours des silhouettes (hanche et jambe d'Alicia, cuisse de Ben), qui font fi de la réalité des vêtements et s'attachent surtout à décrire le mouvement ou la massivité d'un corps.

Fantastic Four #179, par Ron Wilson.

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Bon, les craquelures sur les rochers, les traits de contours des corps (rehaussés ici par des hachures arrondies pour le modelé des muscles). Wilson a rarement été aussi bien servi (même s'il a eu de très chouettes encreurs sur Two-in-One). On notera aussi les "Kirby Dots" ou "Kirby Kracles", pour lesquels Sinnott faisait preuve d'un soin tout particulier, représentant des ronds presque parfait d'un noir impeccable, là où d'autre varient la forme et la texture.

Fantastic Four #182, par Sal Buscema.

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Sans doute à la suite des crayonnés de Sal Buscema, les "Kirby Kracles" sont plus oblongs. Remarquons aussi le code graphique de la matière minérale qui sert ici à renforcer les traits d'impact, comme si la matière cédait sous le coup de poing.

Fantastic Four #188, par George Pérez.

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Des "Kirby Kracles" (avec quelques variations autour de la baguette du Molecule Man), des traits de contours épais, le code classique pour le minéral… La limpidité du trait sert assez bien le dessin d'un jeune George Pérez déjà très attentif au détail : avec l'encrage de Sinnott, on n'est pas perdu dans la profusion de petites choses que dessine Pérez.

Fantastic Four #199, par Keith Pollard.

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Maintenant, le style est reconnaissable, non ? On notera la variété dans les effets de matière (y compris certains tissus) et la précision des drapés, qui se marie avec le dessin réaliste de Pollard.

Fantastic Four #207, par Sal Buscema.

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Bon, vous connaissez la chanson, hein !

Fantastic Four #210, par John Byrne.

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Le style détaillé du dessinateur se marie assez bien avec la minutie de l'encreur, même si on perd en rondeur. Sinnott n'est pas son meilleur "embellisseur", mais la rencontre est intéressante, à mes yeux.

Fantastic Four #219, par Bill Sienkiewicz.

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En revanche, je suis moins emballé par le mariage entre le style de Sienkiewicz, encore fortement influencé par Neal Adams, et celui de Sinnott, trop propre (mais Sinnott et Adams, ça n'avait pas formidablement marché non plus, sur Thor). Cela étant dit, l'encreur se trouve à traiter des choses différemment, à "sortir de sa zone de confort", dirions-nous aujourd'hui, comme le prouvent les éclairages contrastés que l'on trouve dans cette planche. Notons aussi une astuce que j'ai toujours aimée, à savoir traiter les reflets du carrelage par des traits verticaux puis revenir dessus à l'aide de coups de blanc.


Voilà pour un petit tour d'horizon de Sinnott comme gardien du temple de Fantastic Four.



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