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Le Topic de l'ENCRAGE

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Jimbolaine » 15/05/2024 11:54

Message précédent :
Allez, je recopie ici le texte que j'avais écrit concernant Joe Sinnott, qui a occupé un poste clé sur la série Fantastic Four du milieu des années 1960 au début des années 1980.
Le rôle de l’encreur, chez Marvel, a longtemps été associé à un marquage visuel des séries. Aujourd'hui, cette fonction est souvent dévolue au coloriste (par exemple, Paul Mounts a été longtemps le coloriste attitré de Fantastic Four, dans les années 2000), mais précédemment, l'encreur a souvent été attaché à une série : Tom Palmer à Avengers comme on l'a vu plus haut (ou à Tomb of Dracula), Klaus Janson à Daredevil (avant et après Miller), Dan Green à Uncanny X-Men, ou Jim Mooney aux titres Spider-Man (ça sera l'objet d'un autre texte).
Et bien sûr, on pense évidemment à Joe Sinnott sur Fantastic Four, qui a encré la série sur Kirby, Buscema, Buckler, Pérez, Pollard et même Byrne (et qui est revenu sur Buscema et Pollard du temps de la période Englehart).
Dernière précision, Joe Sinnott, avant d'être connu en tant qu'encreur, est aussi un dessinateur (il a réalisé de nombreuses histoires courtes dans les années 1950 et il a travaillé sur le strip Spider-Man dans les années 1990 et 2000). Plus réaliste et académique qu'un Kirby, par exemple, mais c'est quelqu'un qui apporte à son travail une expérience d'illustrateur, au même titre qu'un Jim Mooney (connu entre autre pour ses épisodes de Supergirl dans les années 1950 et 1960), un Klaus Janson ou un Tom Palmer (dont on se souviendra des couvertures peintes, sur Star Wars ou Avengers).

Fantastic Four #54, par Kirby.

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J'attire l'attention par exemple sur le traitement du tapis, constitué de petites virgules (à défaut d'un autre terme), qui désignent peu ou prou la matière. C'est typiquement sinnotien.

Fantastic Four #69, par Kirby.

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Un autre truc très reconnaissable de Sinnott (au point que ça peut devenir l'indice que l'on cherche si l'on veut identifier son travail) c'est son traitement de la matière minérale. Sur les briques, on remarque des successions de trois ou quatre points, parfois étirés à la manière d'une virgule, et qui représentent les bosses et les rugosités de la pierre. Sur la gauche, à la hauteur de la corniche, on remarque un tel dispositif, complété par un trait courbe plus long, là encore typique de l'encreur. On remarquera aussi une netteté qui a fait sa légende, mais également le fait qu'il procède de plus en plus au trait, avec quelques petites masse de noir (sur le mollet et la cheville de Reed, sur les creux des débris de mur), et qu'il vire les hachures, auxquelles il recourait encore de temps en temps, deux ans avant.

Fantastic Four #110, par John Buscema.

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Maintenant que vous savez, vous pouvez repérer les petits tics visuels de Sinnott, sur les rochers, par exemple. De même, il recourt à des masses noires pour les volumes des muscles, mais cette fois-ci sur un dessin plus académique, où l'anatomie est moins géométrique.

Fantastic Four #158, par Rich Buckler.

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Encore les petites virgules matérialisant le grain du goudron. Remarquons que les hachures sont parcimonieusement réduites à l'ombre sur les phalanges de Ben (je ne compte pas celles qui dénotent les reflets sur les vitres, et qui procèdent d'une autre logique). J'attire aussi l'attention sur les traits de cerné pour les contours des silhouettes (hanche et jambe d'Alicia, cuisse de Ben), qui font fi de la réalité des vêtements et s'attachent surtout à décrire le mouvement ou la massivité d'un corps.

Fantastic Four #179, par Ron Wilson.

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Bon, les craquelures sur les rochers, les traits de contours des corps (rehaussés ici par des hachures arrondies pour le modelé des muscles). Wilson a rarement été aussi bien servi (même s'il a eu de très chouettes encreurs sur Two-in-One). On notera aussi les "Kirby Dots" ou "Kirby Kracles", pour lesquels Sinnott faisait preuve d'un soin tout particulier, représentant des ronds presque parfait d'un noir impeccable, là où d'autre varient la forme et la texture.

Fantastic Four #182, par Sal Buscema.

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Sans doute à la suite des crayonnés de Sal Buscema, les "Kirby Kracles" sont plus oblongs. Remarquons aussi le code graphique de la matière minérale qui sert ici à renforcer les traits d'impact, comme si la matière cédait sous le coup de poing.

Fantastic Four #188, par George Pérez.

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Des "Kirby Kracles" (avec quelques variations autour de la baguette du Molecule Man), des traits de contours épais, le code classique pour le minéral… La limpidité du trait sert assez bien le dessin d'un jeune George Pérez déjà très attentif au détail : avec l'encrage de Sinnott, on n'est pas perdu dans la profusion de petites choses que dessine Pérez.

Fantastic Four #199, par Keith Pollard.

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Maintenant, le style est reconnaissable, non ? On notera la variété dans les effets de matière (y compris certains tissus) et la précision des drapés, qui se marie avec le dessin réaliste de Pollard.

Fantastic Four #207, par Sal Buscema.

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Bon, vous connaissez la chanson, hein !

Fantastic Four #210, par John Byrne.

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Le style détaillé du dessinateur se marie assez bien avec la minutie de l'encreur, même si on perd en rondeur. Sinnott n'est pas son meilleur "embellisseur", mais la rencontre est intéressante, à mes yeux.

Fantastic Four #219, par Bill Sienkiewicz.

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En revanche, je suis moins emballé par le mariage entre le style de Sienkiewicz, encore fortement influencé par Neal Adams, et celui de Sinnott, trop propre (mais Sinnott et Adams, ça n'avait pas formidablement marché non plus, sur Thor). Cela étant dit, l'encreur se trouve à traiter des choses différemment, à "sortir de sa zone de confort", dirions-nous aujourd'hui, comme le prouvent les éclairages contrastés que l'on trouve dans cette planche. Notons aussi une astuce que j'ai toujours aimée, à savoir traiter les reflets du carrelage par des traits verticaux puis revenir dessus à l'aide de coups de blanc.


Voilà pour un petit tour d'horizon de Sinnott comme gardien du temple de Fantastic Four.



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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Olivier_D » 15/05/2024 15:45

Merci ! Voilà quelque chose qui fait plaisir à lire.
Pour étayer ton propos, un extrait de John Buscema's Marvel Heroes Artist's Edition de chez IDW, un album gigantesque qui trône fièrement chez moi.
J'en profite pour dire combien ces artist edition, avec des magnifiques scans des planches originales, permettent de voir combien la qualité (ou plus exactement le manque de qualité) de l'impression ne rend pas toujours honneur aux traits des dessinateurs et des encreurs.
Il faudrait que j'ouvre un topic de l'impression, avec différentes versions des publications et enfin, le scan de la planche originale...

sinnott.jpg
Dernière édition par Olivier_D le 15/05/2024 18:26, édité 1 fois.
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Clovis Sangrail » 15/05/2024 17:54

Au moins aussi passionnant que le sujet sur le lettrage (et magnifiquement illustré). Surtout, Jim, si tu en as le courage, ne t'arrête pas là.

Il est vrai que le sujet de l'encrage est particulièrement pertinent pour les comics où, encore une fois, la taylorisation de la production sépare (entre autres) le dessin de l'encrage : la tension qui se joue du coup entre le style de chacun, tel que que tu le fais apparaître, est fascinante.

Cela existe aussi en franco-belge de façon plus discrète (car il ne reste souvent qu'une seule signature sur l'album à la fin), mais j'ai l'impression que dans ces cas-là, la fidélité au trait du "maître" prévaut et les assistants (et le terme est révélateur) ne laissent pas tant de touche personnelle que ça sur le résultat final... qui doit paraître de la main même de "l'auteur".


Olivier, le Buscema's Marvel Heroes Artist Edition contient-il des histoires ou bien est-on davantage sur un livre d'art qui pioche de belles planches et illustrations à droite et à gauche ? J'ai le Rocketeer de Dave Stevens et attends le X-Men de John Byrne.
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Olivier_D » 15/05/2024 18:26

Il n'y a pas d'histoires, il y a des planches venant des tas de séries différentes, avec des encreurs différents. Il y a pas mal de couvertures, mais aussi des extraits d'épisodes de quelques planches.
Dans la même collection, j'ai aussi le EC Covers qui est encore plus grand, et franchement, ça m'a fasciné de voir ces scans magnifiques.
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Jimbolaine » 15/05/2024 21:41

Olivier_D a écrit:Il faudrait que j'ouvre un topic de l'impression, avec différentes versions des publications et enfin, le scan de la planche originale...


Tiens, ça me fait penser que j'avais vu passer, une fois, un comparatif des couleurs pour les Thor de Simonson, entre l'édition en fascicules, les premiers recueils imprimés d'après les films d'origine, et les recolorisations. Et si l'on gagne en qualité d'impression, on perd en caractère, un peu. Faut que je cherche ça…

Vous avez un sujet sur les couleurs, dans votre royaume ?

Clovis Sangrail a écrit:Au moins aussi passionnant que le sujet sur le lettrage (et magnifiquement illustré). Surtout, Jim, si tu en as le courage, ne t'arrête pas là.


J'ai encore en réserve un texte équivalent sur Jim Mooney et son influence sur Spider-Man.
Des textes que j'avais écrits durant le(s) confinement(s), donc j'avais du temps. Après cela, je n'aurais plus de grosses contributions…

Clovis Sangrail a écrit:Il est vrai que le sujet de l'encrage est particulièrement pertinent pour les comics où, encore une fois, la taylorisation de la production sépare (entre autres) le dessin de l'encrage : la tension qui se joue du coup entre le style de chacun, tel que que tu le fais apparaître, est fascinante.


Quand j'ai découvert les comics, je n'arrivais pas à le formuler, mais c'était un truc qui m'interpelait, j'essayais de comprendre comment tel ou tel dessinateur que j'appréciais pouvait moins m'emballer à certains moments. Les crédits reproduits dans les éditions Lug m'ont aidé à comprendre, mais ce n'était pas facile à formuler.
En plus, avec l'âge, avec le nombre de lecture qui s'accroît, mes goûts ont évolué, aussi, je porte un regard différent sur certains auteurs par rapport à l'opinion que j'avais de leur travail jadis.

Clovis Sangrail a écrit:Cela existe aussi en franco-belge de façon plus discrète (car il ne reste souvent qu'une seule signature sur l'album à la fin), mais j'ai l'impression que dans ces cas-là, la fidélité au trait du "maître" prévaut et les assistants (et le terme est révélateur) ne laissent pas tant de touche personnelle que ça sur le résultat final... qui doit paraître de la main même de "l'auteur".


C'est l'impression que j'en ai aussi. Après, en franco-belge, ça permettait aussi à de jeunes auteurs de se faire la main, d'intégrer un atelier et donc un réseau professionnel, de rencontrer des éditeurs et de faire leurs propres créations plus tard. L'invisibilisation d'origine amenait parfois (souvent ?) à une reconnaissance plus tardive, mais palpable.

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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Clovis Sangrail » 18/05/2024 15:06

Jimbolaine a écrit:Tiens, ça me fait penser que j'avais vu passer, une fois, un comparatif des couleurs pour les Thor de Simonson, entre l'édition en fascicules, les premiers recueils imprimés d'après les films d'origine, et les recolorisations. Et si l'on gagne en qualité d'impression, on perd en caractère, un peu. Faut que je cherche ça…


Ce serait très intéressant à voir, car finalement, il n'est pas si facile de trouver des comparaisons ciblées entre les anciennes versions et les versions recoloriées, sur tel ou tel comic, quand on le souhaite.

Une vidéo très intéressante où José Villarrubia commente plusieurs recolorisations, dont celle de Thor de Simonson : https://www.youtube.com/watch?v=k6naEdQxTeI
(Il cite d'ailleurs à un moment Tom Palmer comme l'un des meilleurs encreurs des années 80 de son point de vue — sur la section consacrée à une couverture des Avengers par Buscema.)

Jimbolaine a écrit:Vous avez un sujet sur les couleurs, dans votre royaume ?


Il doit bien y en avoir un dans les 122 pages de topics de cette section... :lol:

Jimbolaine a écrit:J'ai encore en réserve un texte équivalent sur Jim Mooney et son influence sur Spider-Man.
Des textes que j'avais écrits durant le(s) confinement(s), donc j'avais du temps. Après cela, je n'aurais plus de grosses contributions…


:ok:
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Jimbolaine » 18/05/2024 15:56

Ah, je retrouve quelques notes que j'avais prises sur un autre forum, concernant ma relecture du TPB Thor Corps. Recueil qui en plus de rééditer ladite mini-série compilait quelques épisodes importants, dont un Simonson. C'est ici :

https://forum.sanctuary.fr/t/reeditions-marvel-tpbs-omnibus-masterworks-epic/13988/492?u=jim_laine

Et ça a été l'occasion de commenter quelques détails de couleurs. Je vous recopie tout ça :

Le Thor #337, apparition de Beta Ray Bill et premier chapitre de la légendaire prestation de Walt Simonson, est proposé ici dans sa recolorisation par Steve Oliff. Belle, maîtrisée, matiérée, elle tranche avec celle d'époque (George Roussos pour les premiers épisodes), et si elle rajoute des volumes, elle fait des choix de sources de lumière qui sont bien différents de celle de Roussos. Oliff, si j'ai bien compris, s'est chargé de la nouvelle colo à l'occasion de l'édition Omnibus, repassant donc sur les travaux de Roussos, mais aussi de Christie Scheele, qui a colorisé les derniers épisodes (donc le fameux Thor #380, dessiné par Simonson en splash-pages).

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Image

Un très bon papier se penche sur les apports (ou pas) d'Oliff, et c'est à lire ici :

http://goodokbad.com/index.php/reviews/thor_omnibus_walter_simonson_review

Si le boulot d'Oliff reste de grande qualité, il y a quelque chose qui est perdu, des choix moins tranchés, et peut-être une force amoindrie.

Voilà, c'était un petit aparté couleur au milieu de la discussion sur l'encrage.

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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Clovis Sangrail » 18/05/2024 20:39

Jimbolaine a écrit:Un très bon papier se penche sur les apports (ou pas) d'Oliff, et c'est à lire ici :

http://goodokbad.com/index.php/reviews/thor_omnibus_walter_simonson_review

Si le boulot d'Oliff reste de grande qualité, il y a quelque chose qui est perdu, des choix moins tranchés, et peut-être une force amoindrie.

Voilà, c'était un petit aparté couleur au milieu de la discussion sur l'encrage.


Merci pour le partage. Pour n'avoir vu "en vrai" que la recolorisation du Thor de Simonson, elle ne me choque pas outre mesure, l'utilisation des artifices ultramodernes étant limitée, mesurée, contrôlée.

En revanche, en voyant les comparaisons montrées dans l'article (ou dans la vidéo avec Villarrubia que j'ai postée plus haut), on se dit qu'elle a peut-être perdue un peu en caractère et en originalité. Mais il faut vraiment mettre les images côte à côte pour s'en rendre compte.
[NB : Ça me fait penser au changement de couleur des 3 premiers albums de Thorgal l'an dernier : les nouvelles couleurs sont bien... mais les couleurs originelles, très flashy (très comics ! ;)) apportaient un supplément d'expressivité et dirigeaient l'œil vers le trait de Rosiński plutôt que vers la composition chromatique de la scène dans son ensemble.]

Mais quand on regarde la comparaison des trois version du visage, la pire reste celle du milieu : trop vif, trop de contraste, zéro subtilité.

Il est intéressant de voir — pour rattacher ça à l'encrage — que la version modernisée redonne un peu de netteté à l'encrage et fait ressortir la finesse de certains traits (sauf peut-être quand elle remplace le blanc de la feuille par une autre couleur — cf. la page avec le dragon).
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Ikebukuro » 19/05/2024 07:36

zxcvbnm a écrit:Ca devient à la mode les grands formats. Enfin, "mode", c'est parce que de plus en plus d'auteurs/illustrateurs espérent vendre ensuite leur travail en galerie, d'où ce besoin de grands formats.

Je suppose que c'est prévu?


Ça permet surtout de créer plein de détails ; imagine que tu as une feuille A4 devant toi, même si tu utilises des pinceaux très fins, ce sera toujours plus compliqué qu'avec une feuille genre A1 et des pinceaux ou stylos de taille normale.

J'avais vu une page de Prince Vaillant dans l'"intégrale" Soleil de mémoire, eh bien, c'était une page très grande, A1 ou A2 et c'était exactement pour cela que ce format était utilisé, pour le confort du dessinateur et la possibilité d'ajouter beaucoup de détails, donnant une idée de très grande richesse sur le résultat final.
Mon site sur le Japon, la japanime, les mangas : http://www.japon.canalblog.com/?utm_souce=Ailes
Mon blog sur le cinéma : http://kingdomofcinema.canalblog.com/
Des photos de statues : http://statuesparadise.com/
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Jimbolaine » 19/05/2024 10:19

Clovis Sangrail a écrit:[NB : Ça me fait penser au changement de couleur des 3 premiers albums de Thorgal l'an dernier : les nouvelles couleurs sont bien... mais les couleurs originelles, très flashy (très comics ! ;)) apportaient un supplément d'expressivité et dirigeaient l'œil vers le trait de Rosiński plutôt que vers la composition chromatique de la scène dans son ensemble.]


Je n'ai pas vu la colo récente, mais j'aime bien la colo des premiers tomes, parce qu'elle a un côté un peu brut, efficace, on n'est pas encore dans la logique des colorisations d'ambiance, mais plutôt encore dans la volonté de bien distinguer les personnages, les décors, etc. Souci de lisibilité avant souci d'atmosphère.

Clovis Sangrail a écrit:Mais quand on regarde la comparaison des trois version du visage, la pire reste celle du milieu : trop vif, trop de contraste, zéro subtilité.


Je l'aime bien, en fait, justement parce qu'elle fait ressortir le blanc du papier comme élément de couleur, et qu'elle est très fidèle au travail d'origine (je soupçonne qu'il s'agit en fait d'un scann des films d'impression, voire carrément de l'usage d'un jeu de films d'impression d'époque). Mais le caractère choquant vient sans doute du fait que les couleurs d'époque de George Roussos étaient prévues pour une impression médiocre sur un papier jaunâtre. Si on prend ces couleurs et qu'on les applique sur un papier trop blanc, ça arrache les yeux. C'est tout le sujet des rééditions de comics vintage : il faut un papier mat. Panini utilise souvent un papier brillant, et ce n'est pas très heureux, ça met en exergue les couleurs flashy de l'époque.

Clovis Sangrail a écrit:Il est intéressant de voir — pour rattacher ça à l'encrage — que la version modernisée redonne un peu de netteté à l'encrage et fait ressortir la finesse de certains traits (sauf peut-être quand elle remplace le blanc de la feuille par une autre couleur — cf. la page avec le dragon).


Il me semble avoir lu quelque part que Simonson ne vendait que très peu de planches, et en priorité celles qui sont encrées par quelqu'un d'autre. Donc il est fort possible qu'il ait conservé beaucoup de pages de son run sur Thor, ce qui, si cela s'avère, aurait permis une numérisation propre avant les nouvelles couleurs de Steve Oliff. Ça plus des couleurs avec une trame nettement plus fine, et ça donne une restitution plus fidèle de l'encrage.
Je gage que ce n'est pas souvent le cas pour d'autres séries, et ça "justifie" une nouvelle colorisation.

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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Clovis Sangrail » 19/05/2024 13:21

Jimbolaine a écrit:Je n'ai pas vu la colo récente, mais j'aime bien la colo des premiers tomes, parce qu'elle a un côté un peu brut, efficace, on n'est pas encore dans la logique des colorisations d'ambiance, mais plutôt encore dans la volonté de bien distinguer les personnages, les décors, etc. Souci de lisibilité avant souci d'atmosphère.


Absolument.
J'avais posté à l'époque des comparaisons avant/après de quelques pages, sur un autre forum, avec un commentaire sommaire. C'est par là : https://lectraymond.forumactif.com/t255p450-thorgal#121038. La nouvelle mise en couleur est pro, bien faite, sobre, mais quelque chose est perdu en chemin.

Jimbolaine a écrit:Il me semble avoir lu quelque part que Simonson ne vendait que très peu de planches, et en priorité celles qui sont encrées par quelqu'un d'autre. Donc il est fort possible qu'il ait conservé beaucoup de pages de son run sur Thor, ce qui, si cela s'avère, aurait permis une numérisation propre avant les nouvelles couleurs de Steve Oliff. Ça plus des couleurs avec une trame nettement plus fine, et ça donne une restitution plus fidèle de l'encrage.
Je gage que ce n'est pas souvent le cas pour d'autres séries, et ça "justifie" une nouvelle colorisation.


Villarrubia disait que Simonson avait supervisé la nouvelle mise en couleur. Ce qui lui donne une légitimité certaine. (Mais comme discuté plus haut ou sur le fil des Bulles et du Lettrage, ce n'est pas une garantie de qualité — cf. Chaykin, Neal Adams, pour reprendre les exemples que l'on avait mentionnés :D).
Je ne sais plus où je lisais que les nouvelles éditions aux US exigent un passage par une phase de numérisation ou je ne sais quoi qui impliquent de facto une remise en couleur (numérique) obligatoire de tout ce qui date d'avant les années 90. Vrai, pas vrai, je ne saurai juger... mais c'est ce qui est fait en pratique en tout cas, avec les effets que l'on voit.

Bon, il nous le faut vraiment ce topic COULEURS ! 8-)
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Jimbolaine » 19/05/2024 14:26

Clovis Sangrail a écrit:J'avais posté à l'époque des comparaisons avant/après de quelques pages, sur un autre forum, avec un commentaire sommaire. C'est par là : https://lectraymond.forumactif.com/t255p450-thorgal#121038. La nouvelle mise en couleur est pro, bien faite, sobre, mais quelque chose est perdu en chemin.


En effet. C'est très sensible sur les pages du premier tome. Il y a un usage du blanc pour mettre en valeur la sueur, l'humidité, certaines surfaces, qui est vraiment du meilleur effet. C'est plus subtil dans la nouvelle colo, mais ça perd en force évocatrice.
ans l'ancienne colo, il y a aussi une utilisation des aplats, sans modelés, sans dégradés, sans doute liée à l'impression de l'époque, et ça simplifie tout. J'aime bien cette approche minimaliste.


Clovis Sangrail a écrit:Je ne sais plus où je lisais que les nouvelles éditions aux US exigent un passage par une phase de numérisation ou je ne sais quoi qui impliquent de facto une remise en couleur (numérique) obligatoire de tout ce qui date d'avant les années 90. Vrai, pas vrai, je ne saurai juger... mais c'est ce qui est fait en pratique en tout cas, avec les effets que l'on voit.


C'est lié à l'évolution de l'impression.
À mesure qu'on s'est acheminé vers l'impression numérique, les imprimeurs n'ont plus été en mesure d'utiliser des films d'impression (sans compter qu'il faut les archiver : un entrepôt d'Image Comics a brûlé, dans les années 1990, détruisant notamment des films d'impression, ce qui a empêché par exemple pendant longtemps certaines rééditions, par exemple pour Savage Dragon). D'un autre côté, les fichiers informatiques de pages en couleurs étaient souvent aplatis, entraînant la difficulté de séparer la couche du noir des autres (ce qui explique que, par exemple, certains tomes de la collection Essential chez Marvel ne proposait pas des pages en noir & blanc mais des pages en niveaux de gris).
Continuer à imprimer des Essentials était facile tant que les films noirs des épisodes étaient archivés, et tant que les imprimeurs n'étaient pas passés au tout numérique. Et même dans ces cas-là, il restait encore possible de numériser le film noir afin de générer un fichier imprimable. Ça devient compliqué pour les publications des années 1980, où les progrès de l'impression permettaient de faire figurer un dessin au trait mais en magenta (rouge), cyan (bleu) ou jaune, sur la planche : cela implique d'avoir un film d'impression supplémentaire, qu'il faut scanner aussi si on veut avoir l'ensemble du trait. Compliqué, mais pas impossible.
En résumé, rééditer des "vieilleries" devient plus compliqué à cause de la numérisation de l'impression. La solution consiste en gros à numériser les films noirs et à recréer des couleurs le plus fidèlement possible. Mais c'est un peu du cas par cas, en fonction du matériel disponible (pages originales, films d'impression, épreuves imprimées, vieux cromalins…). Aujourd'hui, on peut considérer que tout ce qui est imprimé a plus ou moins été retouché par rapport à la première version en fascicule. Il y a des intégrales chez Panini dont la première édition utilisait des films d'impression américains, et donc on y voit une trame bien nette. Les réimpressions ont utilisé des pages numérisées par l'éditeur américain.
Mais effectivement, cette renumérisation permet, dans le meilleur des cas, de retrouver un peu de netteté dans la restitution de l'encrage (comme c'est le cas pour les nouvelles couleurs de Thor, par exemple).


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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Jimbolaine » 30/05/2024 23:13

Il me semble que je n'ai pas encore copié ici mon troisième billet sur les encreurs, donc allez, hop, un petit tour du côté de Jim Mooney.
Petit rappel historique : quand Steve Ditko quitte Amazing Spider-Man, c'est John Romita (pas encore estampillé "senior") qui reprend le dessin, tentant d'imiter le style de son prédécesseur avant de comprendre qu'il est ici à demeure et qu'il peut imposer sa patte. Dans ses premiers épisodes, soit il s'encre lui-même, appliquant un style fortement inspiré par les classiques du strip, dont Milton Caniff qu'il admire, avec de jolis effets de matière et des drapés à base de gros coups de pinceau, soit il est encré par un certain Mickey Demeo, en réalité Mike Esposito, qui signe sous pseudo afin de ne pas attirer les foudres de son autre employeur, DC Comics. Esposito, complice de Ross Andru depuis déjà des années, travaille dans un style épuré, limpide et clair, avec des traits assez fins, y compris pour les contours. C'est très propre, au service du dessin, mais avec une certaine sécheresse.

Pour donner un ordre d'idée :

Amazing Spider-Man #62, dessiné par John Romita (et Don Heck), et encré par Esposito.

Image

On voit bien que le trait est fonctionnel, avec des cernés assez propre, permettant de séparer les plans, mais peu de fioritures et de déliés.
(Selon moi, Romita se chargeait des personnages principaux et Heck des scènes de foule et autres décors : ici, Medusa est clairement l'œuvre du premier, et les gens autour ressemblent beaucoup au travail de Heck, la maman et son bambin ressemblant cependant à du Romita).

Amazing Spider-Man #65, par Romita.

Image

Si on prend le premier épisode sur lequel intervient Jim Mooney, notamment la première page avec une autre scène de foule, on remarque plusieurs choses. D'une part, l'encre est plus chargée : les plis des vêtements ou les zones en retraits (jambes en arrière, genoux pliés…) sont marqués par des ombres très présentes. Les visages eux aussi adoptent des traits reconnaissables, comme les sourcils épais, les yeux plissés et noyés dans une masse, le bord de la lèvre inférieure… Les arrières-plans, enfin, sont parfois occupés par des traits complémentaires qui viennent remplir les vides. De manière générale, c'est également plus chargé. Mais plus généreux aussi.

Amazing Spider-Man #69, par John Romita.

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D'une manière générale, certains commentateurs s'accordent à dire que sous les expressions fantaisistes que Stan Lee réserve aux crédits (le distinguo entre "storyboards" et "illustrations", par exemple), la réalité, c'est que Romita partageait le boulot avec Mooney, ainsi qu'avec les autres dessinateurs qui intervenaient sur la série (John Buscema ou Gil Kane). On en conclut deux choses : d'une part que la véritable identité graphique de la série, c'est Romita (après tout, jusqu'à McFarlane, Peter Parker était dessiné sur un modèle imposé par Romita, et les rares auteurs qui officiaient dans la lignée de Ditko, notamment Hannigan ou Frenz, faisaient figure d'exception). D'autre part que les encreurs pouvaient parfois occuper un rôle plus large que celui de simple "repasseur". Et je pense qu'il faut voir les interventions de Mooney dans ce sens : il devait participer aux crayonnés, ou bien récupérer des dessins parfois succincts, à charge pour lui de les développer. Après tout, à cette époque, Jim Mooney est déjà un dessinateur chevronné, qui a travaillé sur de nombreuses séries chez DC, y compris Supergirl. Un artisan solide sur lequel Marvel peut se reposer.

Amazing Spider-Man #72, par John Buscema.

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Durant de nombreuses années, le dessin d'Amazing Spider-Man a été un travail collectif, offrant pourtant une étonnante unité graphique due, on l'a dit, à la présence d'un pivot central, Romita, qui orchestre les planches et doit retoucher beaucoup (on peut sans doute y voir l'ébauche de son futur boulot de directeur artistique), et de deux encreurs qui maintiennent le lien. Il arrive donc à Jim Mooney d'encrer des planches de John Buscema. Sur cet exemple, on retrouve les zones d'ombre dans les drapés, l'épaisseur des traits du visage, autant de petits tics caractéristiques de Mooney.

Amazing Spider-Man #126, par Ross Andru.

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Pendant quelques années, Mooney va être éclipsé, que Romita se charge d'une partie de l'encrage ou bien que Gil Kane privilégie le travail de Frank Giacoia. Quand Ross Andru arrivera sur le titre, il sera accompagné de son compère de toujours, Mike Esposito, qui se chargera aussi des fill-ins ainsi que des premiers épisodes de Keith Pollard, assurant le lien visuel sur le titre. Mais au détour d'un épisode, Andru et Mooney seront associés. On y retrouve son goût pour les ombres affirmées (sur les visages ou les décors), les traits épais… En case 6, la mâchoire de Kangaroo n'est pas cernée par un trait souple et régulier, mais au contraire par une ligne cassante assez représentative.

Amazing Spider-Man #189, par John Byrne.

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Jim Mooney revient sur la série des années plus tard, à l'occasion d'un très sympathique diptyque dessiné par John Byrne (quand il y avait des remplaçants, à l'époque, c'était pas n'importe qui). En 1978, Byrne livrait déjà des planches denses et riches. Avec Mooney, il y a une certaine simplification, notamment dans les drapés. Mais les cernés restent épais et l'ensemble assez reconnaissable. C'est peut-être Byrne qui y perd, en somme.

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Mais ça reste quand même du bon calibre. Allez, j'en mets une deuxième, pour le plaisir.

Amazing Spider-Man #197, par Keith Pollard.

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Mooney se réinstalle progressivement dans la série notamment avec les épisodes de Keith Pollard (qui devait compter parmi les valeurs sûres de l'éditeur : il aura dessiné les sagas menant à Amazing Spider-Man #200, à Fantastic Four #200, à Thor #300…). Le zoom avant sur le visage du Kingpin est représentatif du travail de Mooney, avec les sourcils épais, profondément noirs et sans relief.

Amazing Spider-Man #211, par John Romita Jr.

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Quand un jeune dessinateur, remarqué sur Iron-Man (où il était soutenu par Bob Layton) arrive sur une série où son père a brillé, il a besoin d'un coup de main, et il trouve en Jim Mooney un allié de poids, garant d'une certaine continuité.


Parallèlement à son activité sur Amazing, Mooney a travaillé aussi sur Spectacular, parfois comme encreur, parfois comme dessinateur.

Spectacular Spider-Man #7, par Sal Buscema.

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Voilà une entrée en matière dont Sal Buscema maîtrise les codes à merveille. Comme disait, je crois, Christophe Darras dans Scarce, "il n'a pas inventé la poudre, mais il sait la faire parler". Le voyou blond qui dit "cripes", sa main est typique du travail du dessinateur. Mais l'encreur utilise des contours plus épais pour y donner du volume. De même, sur le dos du personnage en premier plan, sur la masse de cheveux du blond ou dans les plis des vêtements, Mooney rajoute des ombres épaisses contribuant à donner du volume.

Spectacular Spider-Man #11, dessiné par Jim Mooney et encré par Mike Esposito.

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Quelques épisodes plus tard, Mooney dessine un récit écrit par Chris Claremont et mettant en scène Spidey et Medusa (je soupçonne que ce soit à l'origine un Marvel Team-Up, les deux auteurs ayant travaillé sur cette série…). Avec le trait plus régulier d'Esposito, certains tics de Mooney disparaissent ou sont atténués (le contours inférieur de la lèvre, par exemple). Les ombres dans les plis sont présentes, mais réduites. Esposito trace des contours nettement plus minces, ce qui contribue à aplatir l'image.

Spectacular Spider-Man #25, dessiné par Jim Mooney et encré par Frank Springer.

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Quand il est encré par Springer, on remarque que son compère semble restituer des astuces qui correspondent au travail d'encrage de Mooney : plus d'ombres, des drapés travaillés, des modelés.

Spectacular Spider-Man #37, dessiné par Jim Mooney et encré par Pablo Marcos.

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Quand Marcos l'encre, certains aspects demeurent (la lèvre inférieure…), mais l'encreur alterne les traits épais et les traits fins, ainsi que quelques effets de matière qui lui sont propres.

Spectacular Spider-Man #41, dessiné et encré par Jim Mooney.

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Cet épisode a la particularité (outre qu'il recycle peut-être aussi une intrigue prévue pour Team-Up, tant la vie universitaire de Peter semble réduite à portion congrue) de montrer Mooney encré par Mooney. Et l'on se rend compte alors de l'importance de son encrage sur les autres dessinateurs.

Spectacular Spider-Man #42, par Mike Zeck.

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On reconnaît très bien le dessinateur de Master of Kung-Fu et de Captain America, on imagine donc sans mal des crayonnés précis. Sur lesquels Mooney applique ses recettes.

Spectacular Spider-Man #49, dessiné par Jim Mooney et encré par Bruce Patterson.

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Plus étrange, cette rencontre entre l'encre fouillée et pleine de détails de Patterson, qui aime donner des effets de matière partout, avec le crayonné classique et parfois un peu raide de Mooney.

Spectacular Spider-Man #50, par John Romita Jr.

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Autre collaboration entre Romita Jr et Mooney, à l'occasion de laquelle on retrouve les tics de ce dernier, et l'on constate que les deux styles se marient bien.

Spectacular Spider-Man #51, par Marie Severin.

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Le dessin classique de Marie Severin s'associe fort bien avec l'encrage de Mooney, un peu comme si les deux illustrateurs, qui ont une carrière voisine et des références communes, parlaient le même langage. On repère les traits épais de contours et les aplats pour les zones d'ombre.

Spectacular Spider-Man #52, par Rick Leonardi.

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On ne reconnaît pas énormément Leonardi, alors encore débutant à l'époque. L'encrage de Mooney est clairement un outil destiné à conférer aux planches une allure maison correspondant à la tonalité de la série.

Spectacular Spider-Man #55, par Luke McDonnell.

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C'est le cas ici aussi : la série accueille de jeunes dessinateurs qui se feront remarquer plus tard (McDonnell laissera des périodes mémorables sur Iron Man ou Suicide Squad), et Mooney est chargé de les présenter sous leur meilleur jour, ce qui revient à lisser les défauts mais aussi les signes distinctifs.

Spectacular Spider-Man #56, par… Jim Shooter !

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Ici, Mooney dessine et encre à partir d'un découpage fourni par le rédacteur en chef de l'époque.

Spectacular Spider-Man #60, par Ed Hannigan.

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E Hannigan laissera des épisodes mémorables par la suite, en convoquant l'influence de Steve Ditko, mais aussi de Will Eisner. Il sera aidé l'encreur Rick Magyar, qui utilisera d'autres astuces (des trames, par exemple). Mais pour l'heure, il se fond dans la masse des dessinateurs, d'autant qu'il arrive sur une intrigue lancée depuis longtemps. On voit que les anatomies sont définies par des masses sombres entourant les muscles, et que les décors contiennent aussi de généreux effets de matière permettant d'encadrer les personnages. Mooney n'économise pas son encre.

Spectacular Spider-Man #63, par Greg LaRocque.

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Spectacular Spider-Man #65, par Bob Hall.

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Spectacular Spider-Man #71, par Rick Leonardi.

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Cette fois, le dessinateur affirme nettement plus son style, et les ombres de Mooney s'y prêtent assez bien.

Spectacular Spider-Man #73, par Al Milgrom.

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Al Milgrom arrive sur la série au moment de la grande guerre des gangs entre Octopus et le Owl. Le dessinateur a un style un peu raide, et Mooney met en avant le style propre à Spidey, avec un soin évident aux décors urbains. Mais on note qu'il n'hésite pas à appuyer sur les aplats noirs afin de renforcer l'ambiance un peu polar qui prévaut à l'époque.

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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Lartpenseur » 03/06/2024 09:09

Pour les anglophones, un podcast très sympa de First Print avec Daniel Henriques en tant qu'encreur de comics.
https://smartlink.ausha.co/firstprintfra/sf-henriques

First Print est spécialisé en comics et métiers autour de la BD, ils ont de bons intervenants, particulièrement autour des éditeurs de BD/Comics qui révèlent les dessous du métier.
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede nexus4 » 09/06/2024 12:43

Un peu de magie, avec ces gros plans des originaux de Franquin au Centre Pompidou.
Il met l'accent sur les grattages. :geek:

:arrow: https://x.com/J_Lachasse/status/1799750156356829690

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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Olivier_D » 09/06/2024 21:19

Ah oui, sympa les grattages ! J'avais toujours pensé que c'était de la gouache blanche. C'est quand même chouette de voir les planches originales.
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Clovis Sangrail » 12/07/2024 19:31

Jimbolaine a écrit:En résumé, rééditer des "vieilleries" devient plus compliqué à cause de la numérisation de l'impression. La solution consiste en gros à numériser les films noirs et à recréer des couleurs le plus fidèlement possible. Mais c'est un peu du cas par cas, en fonction du matériel disponible (pages originales, films d'impression, épreuves imprimées, vieux cromalins…). Aujourd'hui, on peut considérer que tout ce qui est imprimé a plus ou moins été retouché par rapport à la première version en fascicule. Il y a des intégrales chez Panini dont la première édition utilisait des films d'impression américains, et donc on y voit une trame bien nette. Les réimpressions ont utilisé des pages numérisées par l'éditeur américain.
Mais effectivement, cette renumérisation permet, dans le meilleur des cas, de retrouver un peu de netteté dans la restitution de l'encrage (comme c'est le cas pour les nouvelles couleurs de Thor, par exemple).


Petit up sur cette thématique : je feuilletais tout à l'heure le volume sorti sur Wolverine (Je suis Wolverine) chez Panini.

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NB : Une réédition (augmentée ?) de ça ?


Il contient tout un pot-pourri d’histoires emblématiques de Wolverine depuis sa création en 1974 : pour les plus anciennes (au moins jusqu'à la fin des années 80), on voit qu'ils ont réutilisé les recolorisations récentes (prétendument fidèles à l'original) utilisées pour les volumes d'intégrales et autres, et envers lesquelles je suis généralement assez critique (des aplats tout flashy brûleurs de rétine :D).

De façon surprenante, c'est ici imprimé sur un papier mat et granuleux (mais toujours très blanc) et le rendu est souvent très correct. Ce n'est évidemment pas la panacée, mais ce n'est pas à un niveau de laideur rédhibitoire ;) comme quand c'est imprimé sur papier glacé. Bref, une demi-bonne surprise quelque part.
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Re: Le Topic de l'ENCRAGE

Messagede Metal.Hurlant » 17/08/2024 15:54

Bonjour
y a t'il des encreurs ici à qui je pourrais fournir des crayonnés aboutis d'auteurs reconnus, la tout de suite Simon Bisley, pour un encrage pro ?
Merci
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