Mullera, un tricheur opportuniste ?
Reclassé à la troisième place après la disqualification de Mahiedine Mekhissi-Benabbad jeudi soir en finale du 3000 mètres steeple des championnats d’Europe, Angel Mullera n’a pas caché sa satisfaction d’accrocher une toute première médaille en grande compétition. Le Catalan qui avait été jusqu’à faire appel auprès du Tribunal du Sport en 2012 pour pouvoir participer aux Jeux Olympiques de Londres… malgré de forts soupçons de dopage.
Angel Mullera est un médaillé heureux. L’Espagnol de 30 ans, jamais placé sur un podium international, a vécu une folle soirée jeudi. Quatrième du 3000 mètres steeple des championnats d’Europe de Zurich, le Catalan a vu sa fédération faire appel et obtenir gain de cause suite au geste du vainqueur, Mahiedine Mekhissi-Benabbad, finalement déclassé pour avoir enlevé son maillot dans la dernière ligne droite, enfreignant le règlement. Mekhissi pouvait s'en mordre les doigts et Mullera s’empare du coup de la médaille de bronze à l'issue d'une finale qu'il a finie à près de dix secondes du Français avec un chrono de 8'29"16, sa meilleure performance cette saison. Pour son plus grand bonheur.
Interrogé après coup, Mullera a salué la décision de sa fédération: "Si j’enlève mon maillot au championnat de Catalogne, on me disqualifie immédiatement", a-t-il confié à AS. Finalement quatrième, son compatriote Sébastian Martos en rajoute une couche: "Ce qu’a fait Mekhissi est un manque total de respect". Si elle titre évidemment sur cette médaille inespérée, la presse espagnole insiste pourtant sur un autre fait, le parcours chaotique de Mullera. En 2012, une enquête d’AS avait révélé des échanges de mails compromettants avec son entraîneur. Il y est question de cures d’EPO conseillées par son entraîneur depuis 2011, et de questions peu avant les Jeux Olympiques de Londres. En quête des minimas olympiques, Mullera interroge ainsi son entraîneur : "Deux semaines avant la compétition, j’arrête le Mircera (un type d’EPO, ndlr), non? Mais si j’ai un contrôle surprise d’urine trois jours après avoir fini avec le Mircera, il se passe quoi ? "
L’entraîneur lui répond alors de passer à un type d’hormone de croissance dite "indétectable " selon lui. Mullera demande même les prix pour ce produit. L’enquête avait déclenché un tollé et conduit à sa mise à l’écart de l’équipe espagnole. Le Catalan avait alors fait appel au Tribunal arbitral du sport (TAS) qui lui avait donné raison, s’appuyant sur les sept contrôles anti-dopage négatifs réalisés. Présent à Londres, l’Espagnol avait pris la 11e place d’une série remportée par… Mahiedine Mekhissi-Benabbad. Mais ce n’est pas tout ! En septembre 2013, peu après avoir pris la 11e place de la finale des Mondiaux de Moscou, Mullera est contrôlé positif aux corticoïdes aux derniers championnats d’Espagne. Un certificat justifiant de son caractère asthmatique et une autorisation à usage thérapeutique qu'il possède depuis de nombreuses années profitant de ces fameuses exemptions qui font toujours polémique, le sortiront d’affaire. Avant ce jeudi donc, date de son premier podium international suite à cet improbable concours de circonstances… "C'est lui qui a perdu en enlevant son maillot. Moi j'ai la médaille", pouvait-il savourer dans la nuit suisse au micro de France Télévisions. Il est vrai qu’il revient de loin…
Et Bolt qui avait chambré en finale des championnats du monde à 20m de la ligne, il aurait dû être disqualifié ?