jb681131 a écrit:C'est là le problème de tout ce genre de prix (aussi bien bd, que littéraire, que cinématographique, que ...). Les éditeurs paient pour faire participer un titre. Ce n'est pas une véritable sélection.
C'est une sorte de double-sélection: les éditeurs choisissent, au sein de leur production, les titres qu'ils pensent pouvoir briguer un prix, et les envoient au Comité de Sélection qui fait à son tour son choix. C'est le seul moyen d'avoir une véritable sélection, comme vous le dites: la production annuelle est de plus de 3000 nouveautés, et il est impossible d'envisager 1/ que le Festival se porte acquéreur de tous ces titres pour les faire lire, et de 2/ que le Comité puisse tout lire.
Nous recevons entre 500 et 650 bouquins dans l'année, et nous nous efforçons d'en lire un maximum. Mais cela reste extrêmement tendu de déjà lire 500 bandes dessinées en 6 mois -- parce qu'en réalité, les envois s'étalent surtout entre mi-avril et mi-octobre, avec septembre-octobre concentrant quasiment la moitié des envois (223 ouvrages reçus sur un total de 504 cette année, selon mes stats). En lire six fois plus est juste inhumain.
Considérer l'ensemble de la production serait donc irréaliste, non seulement du point de vue financier mais également du point de vue bassement pratique du temps de lecture -- sans compter que pour être honnête, c'est assez inutile: à partir du moment que l'on considère un prix qui récompenserait une certaine qualité littéraire, on réalise très vite qu'un panorama exhaustif n'est pas nécessaire, et qu'une partie de la production ne rentrera pas dans les critères fondamentaux.
Je vois d'ici ceux qui vont me dire "ah, ben la voilà la preuve que vous êtes des bobos élitistes bien pensants" et autres variations. Je dis simplement qu'un titre comme le tome 28 des
Blondes (exemple pris au hasard) a peu de chances de terminer comme album de l'année, et que comme il est nécessaire de faire un arbitrage, autant l'écarter d'emblée. Et c'est là que le Festival demande l'aide des éditeurs par le biais d'une première sélection à la source.
A noter que ce n'est en rien différent du choix que font ces mêmes éditeurs quant aux ouvrages qu'ils poussent en presse -- et d'ailleurs, si certains éditeurs envoient peu d'ouvrages et font visiblement un tri, d'autres semblent se contenter de nous rajouter à leur fichier d'envois "presse".
C'est injuste? Peut-être. Pour ma part, j'y vois plutôt la tentative de rendre aussi juste que possible la démarche. Car il faut bien se rendre compte qu'une sélection qui aurait considéré (et lu) absolument tout ce qui se produit chaque année est absolument irréaliste.