:fleche: Venons-en à l’album.
Résumé:
Nadir - La Chute du Dragon Noirraconte l’histoire de Kriff, héros de guerre adulé pour ses actes de bravoure. Lorsque la princesse et magicienne Dravina est enlevée lors d’une mission politique dans le royaume voisin, Kriff se porte volontaire pour la délivrer des geôles de l‘ennemi et part avec ses meilleurs hommes. Mais il ne peut empêcher la mort de la jeune femme et de ses soldats au cours de l’évasion. Déchu de son rang par l'empereur, il perd famille et honneur et se retrouve contraint de mener une existence de paria. Voilà le chef de guerre devenu mendiant, chassant les bêtes sauvages à mains nues, dormant dans quelques grottes de fortune en subissant humiliations et rejets. Jusqu’à ce que…
* Déjà, pour un tome d’ouverture,
Nadir offre vraiment beaucoup de choses.
Une embuscade dès la page 5 suivie d’une deuxième échauffourée 3 pages plus loin, avant une bataille homérique intervenant vers la mi-album…Le lecteur n’est pas trompé sur la marchandise, ça bastonne !
:violent: :baz:
La 2nde partie laisse les champs de bataille de coté pour nous permettre de suivre le déclin de l’ancien guerrier à travers des contrées dures et violentes ou la solitude s’avère fatale.
Finalement, on se retrouve avec quelque chose de beaucoup moins classique que prévu à cause d’un ton dur, réaliste et sans concessions lorsqu’il s’agit de décrire le déchéance de
Kriff. On est loin de l’esprit enfantin des différents
Lanfeust.
Nadir est un récit sérieux ou le second degré n’a pas beaucoup de place.
Le scénario aborde des thématiques intéressante telles que la vanité des honneurs, la fragilité des acquis et celle de la destinée humaine en général. Il faut voir ce que l'auteur en tirera dans le futur mais c’est prometteur.
* Graphiquement, c’est pour moi une réussite.
Josic offre des planches captivante en mélangeant les techniques et en mariant habilement encrage et colorisation info. J’ai dû stoppé la lecture plus d’une fois pour admirer dans toute leur profondeur certaines cases. :priere:
Dans la première partie de l’album, faite essentiellement de joutes guerrières, les images prennent incontestablement l’ascendant sur l’histoire. Heureusement
Josic est par la suite parvenu à mettre ses pinceaux au service de la trame en alourdissant judicieusement l’atmosphère durant la chute progressive du héros.
Je m’arrête sur l’aspect "flou" des visuels. Je trouve que cet effet est vecteur de mouvement et fait bien ressortir la sauvagerie qui est celle des hommes à l’époque des faits (même si nous sommes dans un monde imaginaire, celui-ci est très inspiré de la période antique).
En ces temps, le processus d’inhibition des pulsions induit par la civilisation et la politisation des individus n’en était qu’à ses balbutiements. Les discours et les attitudes n’étaient pas aussi formatés et policés que les nôtres. Les hommes agissaient dans la précipitation, de manière beaucoup moins méthodique et leurs réactions était instinctives, brouillonnes.
Voilà pourquoi le traitement visuel est à mon sens plus approprié que l’aurait été un trait plus net et rigide tel que celui de
Vance pour prendre un exemple connu, d’avantage en accord avec un environnement urbain et contemporain (voir son travail sur
XIII et
B.Brazil).
Si on ajoute la très belle couverture et le charisme du héros, qui rappelle le
Léonidas de
300, on obtient une série bien lancée et qui promet.
:miam:
* Je termine pas les défauts, qui sont le contrepoids des gros atouts du titre.
Ainsi, pour faire tenir un grand nombre d’évènements sur 46 pages,
Dragan a du opérer quelques coupes: le scénario est parfois elliptique et certaines transitions sont assez abruptes. Rien de bien méchant cependant. Un second passage sur quelques planches suffit à éclaircir le tout.
Par ailleurs, les batailles peuvent paraître un tantinet brouillonnes, le dessinateur ayant privilégié une approche large et cinématographique. Il balaye le champs de bataille grâce à des extraits évocateurs mais choisis sans réel souci de continuité.
Enfin même s’il constitue un des points forts de l’album. Le dessin ne sera pas du goût de tous. J’ai aussi noté quelques défauts au niveau des proportions anatomiques sur certaines cases (celles de la preview notamment).
* En conclusion, voici une bd que je conseille à tous, amateurs du genre ou pas. A condition de ne pas être réfractaires aux histoires sanglantes traitant d’honneur et de sacrifice telles que
300, vous pouvez y aller les yeux fermés. Je l’ai lu 3 fois en 2 jours et elle révèle plus de richesses à chaque nouvelle lecture.
Il n’y a plus qu’a espérer que le peu d’écho médiatique autour de l’oeuvre ne l’ai pas empêché de trouver son public. J’attends une réponse de
Delcourt au sujet de la suite de la série.
Un bon 7/10
les +:
- un récit sombre et dur
- un graphisme original et très évocateur
- le charisme du héros
- beaucoup d'évènements pour un 1er tome
- thématiques intéressantes
les -:
- des proportions anatomiques pas toujours respectées
- les ellipses et transitions abruptes
- l'aspect brouillon des batailles