Fin août 2014. L’époque où Cécile reçoit cette vidéo dévastatrice. Dans laquelle elle apprend de la bouche de son unique fils qu’il est en Turquie, et pas en Ardèche pour faire du rafting comme il l’avait laissé croire. Non, après un discours froidement serein, Benoît laisse sous-entendre un départ imminent vers la Syrie.
Face à cette effroyable nouvelle, on comprend rapidement que c’est une mère courage qui se présente à nous. Même laissée dans l’expectative tout au long du récit, elle ne flanche pas, ne s’effondre pas. Son premier réflexe est d’aller trouver Sofiane, son ex-compagnon de six ans durant. Ce dernier la rassure et conforte certainement son idée première. Attendre. Il allait rappeler et elle pourrait le ramener à la raison et à la maison…
L’ un des intérêts majeurs de cette œuvre tient du fait qu’elle ne porte aucun jugement. Laurent Galandon maîtrise parfaitement son récit. À tel point que cette histoire imaginée nous semble être tellement probable. En utilisant des protagonistes issus de différents milieux sociaux, le scénariste démontre que cela peut arriver à n’importe qui. Il tient également à intégrer ces planches informatrices dont certaines laissent un goût vraiment amer.
Au dessin, Dominique Mermoux semble porté par l’histoire. Les niveaux de gris collent parfaitement à l’ambiance du récit. Les expressions faciales de chaque personnage sont très parlantes. Tout comme les nombreuses cases sans phylactères si éloquentes. On lui connaissait cette sobriété dont il se sert encore brillamment dans l’appel. N’oublions pas la couverture de ce one shot où le dessinateur traduit de belle manière ce côté oppressant jusqu’à la calligraphie du titre des plus évocatrices.
À la fin de cette œuvre, se dégage une multitude d’émotions. Sans qu’on puisse en mettre une en avant. Si ce n’est être comme Cécile et se battre à tout prix. être plus fort qu’un discours, par amour. Même si cela semble déjà trop tard. On ne naît pas terroriste, on le devient… Ce qui laisse, entre temps, une chance d’y échapper. Certes, Laurent Galandon n’offre pas clairement cet optimisme, mais au travers de son héroïne, il pousse le lecteur à réfléchir en ce sens.
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