JAUNE a écrit:
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Diables rouges: la fin d’une génération dorée qu’on a tant adorée
Née en 2013 ou même en 2007 selon les avis, l’équipe belge a enchanté le pays et le monde entier durant une bonne décennie. Si elle a connu des heures de gloire exceptionnelles, notamment en 2018, la déception qui habite les supporters belges après l’élimination précoce au Qatar est à la hauteur des attentes parfois illégitimes qu’elle a suscitée ces derniers temps.
L’image, que l’on doit à l’œil acéré du photographe namurois Bruno Fahy, date du Mondial 2014 : on y voit Kevin De Bruyne et Romelu Lukaku, mains rassemblées et tendues vers le ciel de Salvador de Bahia, célébrant avec un bonheur partagé l’un des buts qualificatifs pour les quarts de finale, au terme d’un match haletant remporté in extremis face aux Etats-Unis.
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Comme une image vaut mieux que tous les mots, ou que tous les maux, il nous semble qu’elle incarne à la perfection ce qu’était cette fameuse « génération dorée » que l’on a tant adorée et qui a pourtant été tant décriée durant ce Mondial qatari que les Diables ont quitté via une porte dérobée. Un groupe soudé de diamants bruts, qui ont été parfaitement polis par la patine du temps, mais ont paradoxalement parfois été trop polis, au sens premier du terme, lors des matchs qui comptent réellement (Argentine 2014, pays de Galles 2016, France 2018 et Italie 2021). Si les Diables nous ont déçus ces dernières semaines, ou plutôt ces derniers mois, c’est avant tout parce qu’avant cela, ils avaient su nous séduire au-delà de toutes les espérances les plus folles de ce minuscule pays féru de ballon rond, raviver la flamme de cette fierté nationale que seul le sport peut entretenir dans des proportions pareilles.
Les débuts, séduisants
La question revient souvent sur la table. Quand donc est née cette fameuse « génération dorée » ? Pour certains, elle trouve son origine dans ce match homérique remporté sous la drache à Zagreb (1-2), le 11 octobre 2013, quand Lukaku, 20 ans à peine, avait signé un doublé face à la Croatie qui propulsa les Diables au Brésil. Cette équipe, encore inexpérimentée, avait pourtant déjà laissé entrevoir des signes encourageants de sa progression, notamment en Autriche (0-2, en mars 2011) ou face aux Pays-Bas (4-2, en août 2012), mais elle avait sans doute pris corps au sein de l’équipe Espoirs, qui avait atteint le dernier carré lors de l’Euro 2007 aux Pays-Bas (élimination en demi-finale) puis aux Jeux olympiques de Pékin (qautrième place), quelques mois plus tard. « On avait jeté les bases de l’équipe première avec des garçons comme Vincent Kompany, Marouane Fellaini, Toby Alderweireld, Thomas Vermaelen ou Nicolas Lombaerts, mais pas encore Thibaut Courtois, Kevin De Bruyne ou Eden Hazard, qui allaient eux aussi exploser à un point inimaginable par la suite », se souvient Jean-François de Sart, alors coach des Diablotins. « On sentait arriver un vent nouveau au sein de l’équipe qui ne faisait pas rêver à l’époque. Par la suite, d’autres éléments étaient venus se greffer avec succès à l’équipe ».
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Grâce l’exode massif de nos talents, essentiellement en Angleterre, un magnifique alignement des planètes se met en marche. Le Mondial au Brésil sonne comme le premier véritable rendez-vous majeur. Après un parcours sans faute lors de la phase de poules, la Belgique s’extirpe difficilement du piège américain puis se casse les dents de lait en quart de finale face à une Argentine pas forcément supérieure, mais nettement plus roublarde. La déception est immense, mais certainement pas aussi intense que celle qui animera les Belges deux ans plus tard, à l’issue d’un Euro 2016 disputé à nos portes, alors que la voie semblait royale jusqu’à la finale. Cette défaite en quart de finale face au pays de Galles restera comme une tache indélébile qui coûtera son poste à Marc Wilmots, l’un des artisans de ce retour au premier plan.
Le sommet, époustouflant
Alors qu’elle peut compter sur un Hazard plus flamboyant que jamais, sur un De Bruyne qui prend une autre dimension à Manchester City, sur un Romelu Lukaku qui déménage tout ce qui bouge dans les rectangles adverses et sur un Courtois stratosphérique, la Belgique se remet assez rapidement de son échec gallois. Appelé à succéder à Marc Wilmots, l’homme providentiel s’appelle Roberto Martínez. Ancien coach de Swansea, Wigan et d’Everton, l’Espagnol s’investit comme personne dans le football en Belgique et profite des automatismes et de la forme exceptionnelle de ses cadres pour cacher ses manquements tactiques.
En débarquant en Russie, la Belgique s’accommode dans un premier temps assez bien de son statut de co-favori du Mondial. Elle remporte aisément ses deux premiers matchs, se permet le luxe d’écarter l’Angleterre dans un duel où elle aurait sans doute fait mieux de s’incliner puis renverse une situation pour le moins délicate face au Japon avant de terrasser le géant brésilien avec cette roublardise et ce brin de chance qui lui avaient souvent fait défaut lors des grands rendez-vous. Même Martínez, un coach jugé conservateur, tente un gros coup de poker qui s’avère gagnant en décalant Lukaku sur un flanc et en alignant De Bruyne en « faux 9 ». Gonflée à bloc avant de défier la France pour une place en finale, la Belgique tombe de haut au terme d’un match tactique et fermé. Les regrets seront éternels pour cette Belgique-là, qui aurait fait un beau champion du monde. L’accueil exceptionnel que lui réservera le public belge à son retour sur la Grand-Place de Bruxelles, noire, jaune et rouge de monde, en est la meilleure preuve.
Le déclin, frustrant
A partir de ce moment-là, les Diables vont entamer une lente mais inexorable descente aux enfers. Certains cadres, notamment défensifs, prennent leur retraite (Kompany, Vermaelen, Fellaini, Mousa Dembélé) ou ne parviennent plus à cacher leur manque de vivacité ou leurs problèmes physiques récurrents. Lors de l’Euro 2021, ils font illusion face au Portugal en huitièmes de finale avant de plier devant l’expertise et la grinta italiennes au tour suivant. La déception du Final 4 de la Ligue des Nations, où ils avaient pourtant tout en main pour prendre leur revanche sur la France, sera un clou supplémentaire au cercueil des douces illusions belges. Les blessures récurrentes de Hazard et de Lukaku, qui sont arrivés au Qatar sur une jambe, n’incitaient pas davantage à l’optimisme, car on oublie peut-être un peu trop vite que la Belgique « n’a pas le vivier sans fond de grandes nations comme la France, l’Angleterre, l’Espagne ou l’Allemagne », selon de Sart.
Aujourd’hui, alors qu’il reste tout de même neuf éléments qui ont pris part aux cinq dernières compétitions majeures (Courtois, Simon Mignolet, Alderweireld, Jan Vertonghen, Axel Witsel, Eden Hazard, De Bruyne, Dries Mertens, Lukaku), la Belgique pleure ses illusions envolées pour de bon dans le ciel de Doha.
A très court ou moyen terme, des éléments comme Alderweireld, Vertonghen, Witsel, Mertens voire Hazard ou Lukaku pourraient également décider d’arrêter les frais, par choix ou par nécessité. D’autres, comme Amadou Onana, Charles De Ketelaere, Loïs Openda, Arthur Theate, Wout Faes ou Jeremy Doku vont devoir prendre la relève en même temps que leurs responsabilités pour pousser Courtois ou De Bruyne à continuer à performer, histoire aussi de nous offrir des lendemains enchanteurs. « Il ne faudrait pas oublier que cette génération nous a offert de grandes performances sur une décennie entière et des souvenirs formidables d’unité et de liesse », rappelait récemment Marc Wilmots dans Le Soir. « Ces stades pleins, cette Grand-Place de Bruxelles bondée et ces hordes de supporters belges faisant le déplacement aux quatre coins de l’Europe ou jusqu’au Brésil, c’était du jamais-vu. »