Ah ah ah !
Le bien bel album que voilà... c'est drôle, irrévérencieux, anti-bondieuseries... c'est également cynique, parfois sordide, déprimant... le mélange est vraiment bien conçu, les scènes de pur délire façon Monty Pythons alternent avec des moments plus graves et plus glauques, le tout servi par une narration exemplaire où différentes histoires et temporalités se croisent et s'influencent sans jamais rendre la lecture laborieuse. Enorme coup de coeur pour cet auteur que je découvre... le dessin me plait beaucoup, c'est original et frais, Pontarolo semble s'interroger réellement sur l'importance de la forme des cases et des phylactères : il adapte l'emballage en fonction du récit, cela lui offre une grande liberté dans la variation des plans... ici, la bande dessinée se justifie pleinement, dans le sens où la même histoire ne pourrait être racontée ainsi au cinéma ou en littérature. C'est touours bien vu, surprenant, les couleurs baignent dans le rouge et le jaune pisseux, elles sont d'ailleurs pleinement justifiées par l'élément central du récit qui est... une canette de Coca-cola. Pontarolo ne se prive pas de flinguer au passage les contradictions de la société américaine, l'American Dream en prend plein la gueule à travers le démantèlement de ses idoles et symboles (les sportifs, Elvis Presley, la Statue de la liberté, Coca... à ce titre, la planche sur les 5 enfants obèses est remarquable de justesse et de cynisme.)
J'ai aimé cet album d'un bout à l'autre, et la mécanique du feuilleton fonctionne à merveille. La collection 32 vient au monde avec bruit et fureur, tout ce que j'aime.
Extrait d'un dialogue, pour la bouche :
******SPOILERS POSSIBLES********
Dieu - "C'est la seule fois d'ma vie que j'ai vomi... saleté de Label 5 ! Et mon vomi, ben c'est devenu des hommes. J'ai pas bien compris pourquoi mais c'est comme ça.
L'homme - Hein ? Tu veux dire que je suis un bout de vomi ?
Dieu - Ouaip, du vomi. Mais du vomi divin ! Burp..."