Je ne connais absolument rien à l’histoire éditoriale française. Certains de ces albums ont des couvertures identiques aux volumes italiens, donc je suppose que leur contenu est similaire.
En Italie aussi, cependant, les publications de
Valentina sont très désordonnées et - comme je l’ai dit - à ce jour il n’existe pas une collection chronologique intégrale.
Les histoires de Crepax sont très difficiles à lire, inutile de se cacher.
Elles mélangent avec nonchalance onirisme, érotisme sado-maso, références littéraires, artistiques et culturelles, vie quotidienne (élever un enfant...), sans parler de l’audace de ses compositions. En Italie, il est considéré comme un auteur très exigeant.
D’autre part, il est l’un des plus grands maîtres de la bande dessinée italienne, peut-être encore plus important que Pratt lui-même (avec qui il était très ami*). L’écho de son influence a eu une résonance énorme, des États-Unis (Paul Pope est un grand fan de Crepax, et Miller aussi le connaît bien) au Japon (Kamimura a littéralement pillé ses œuvres en quête d’inspiration). Et puis Muñoz, Pichard, Manara... Et même en dehors de la BD, de la mode au... modélisme.
Sa meilleure période a été celle des années 1960-1970. À partir du milieu des années 1980, une grave maladie a commencé à l’invalider, et sa production tardive n’est pas à la hauteur des débuts.
Crepax aimait beaucoup la bande dessinée, cependant, bien qu’il soit souvent décrit (par ceux qui ne le connaissent pas bien, évidemment...) comme une personne très snob (un peu l’était, bien entendu) ; et il a continué à travailler jusqu’à la fin de sa vie.
Je ferais un beau post en vous parlant longuement et largement de ses mérites, mais malheureusement je ne suis pas français et je n’ai pas assez d’expérience avec votre belle langue.
*Crepax et Pratt ont même réalisé un crossover entre
Valentina et
Corto Maltese. Le personnage de Louise Brookszowyc, créé par Pratt (voir
Fable de Venise et
Tango), est en effet une ancêtre de Valentina ; elle apparaît dans une histoire de Crepax,
Anthropology, dans laquelle l'auteur raconte sa relation amoureuse avec Corto.
(Cette belle planche vient de La curva di Lesmo
, la première histoire de Valentina
et la tout première bande dessinée de Crepax - 1965.)