Calcove rey a écrit:Oui c'est bien la question que je posais. À vrai dire je n'ai pas cherché non plus, je me basais sur le fait que d'autres séries de Crepax ont été rééditées en une seule intégrale (Anita, Bianca) ou que d'autres sont ressorties à nouveau en un seul volume (Justine, La vénus à la fourrure,...) et du fait qu'en général la bd érotique avec même ses classiques comme le Déclic, Erma Jaguar, Druuna et autres ne sont pas si longues (je parle juste de la pagination), et ce que ce soit des classiques ou non en fait.
J'apprends que Valentina est une œuvre fleuve en somme qui s'étale apparemment sur 35 ans.
Oui,
Valentina n’est pas une simple bande dessinée érotique, comme
Le Déclic, mais la biographie imaginaire de l’alter ego de l’auteur, un peu comme
Corto Maltese.
Valentina traverse les époques et les modes. Elle vieillit, en temps réel. Dans la première histoire (1965) elle a 24 ans. Dans
La legge di gravità (1967) elle a 26 ans. Dans
Baba Yaga (1972) elle a 31 ans, et ainsi de suite.
Les histoires sont extrêmement variées : on passe de la bande dessinée de super-héros (
La curva di Lesmo, 1965) au thriller (
Ciao Valentina, 1966, a une prémisse identique à
Blow-Up de Michelangelo Antonioni, même si - curieusement - les deux œuvres sont sorties en même temps), de la science-fiction (
Valentina pirata, 1978) à l’horreur (
I sotterranei, 1965).
Baba Yaga (1972) raconte la relation perverse entre Valentina et Baba Yaga, une sorcière slave qui s’est réincarnée en une femme fatale vraiment inquiétante.
La Marianna la va in campagna (1969) d’un robot extraterrestre qui veut dupliquer un être humain - Valentina, par exemple - pour apprendre les mœurs terrestres, sauf se suicider quand il comprend qu’il ne pourra jamais être vraiment humain (dans une scène poignant, qui fait écho à
La petite Sirène d’Andersen, il se dirige vers la mer et se laisse noyer).
Viva Trotski (1974) est un hommage au grand révolutionnaire, une figure qui fascinait Crepax (passionné d’histoire et de littérature russe).
Lanterna magica (1976) est une bande dessinée expérimentale, 100 planches psychédéliques sans texte, une analyse de la conscience de Valentina.
C’est vraiment l’œuvre de la vie de Crepax.