Mikaël a été jusqu'au bout de sa logique dans le projet : une histoire simple, sur des gens simples, dans une ville simplissimement compliquée qu'il adore
Le postulat était clair dans le tome 1, et je ne vois pas comment certains ont pu attendre du second tome une pluie de surprises !
La construction d'un diptyque de ce genre est ardue : raconter l'histoire d'hommes et de femmes dans leur quotidien, avec leur condition d'immigrés, sans aucune extravagance, en prenant pour toile de fond l'amour d'un lieu, dont le lecteur peut rester imperméable. Et pire, le faire pour soi, sans se préoccuper d'une attente.
Le premier tome était pour moi remarquable, comme décrit avant, en ce sens que Mickaël avait jeté tous les enjeux de l'histoire, simple mais belle, tout en me faisant partager son ressenti pour la ville, grâce à sa vision d'en haut et la perfection de son dessin en perspective.
Avec le second, on revient sur terre, dans tous les sens du terme, et c'est là que je parle de construction. L'auteur a-t'il trop "balancé" dans le premier, au détriment de la suite ? A partir du moment ou il était entendu qu'il n'allait pas nous sortir une hérésie scénaristique pour alimenter le fil conducteur, comment continuer d'intéresser ? Et dans le même temps ne pas nous empêcher de finir par nous lasser de la ville ?
Ouch, donc !
Mikaël a donc fait ses choix dans la continuité, mais vu autrement. Comme dît, il redescend sur terre.
New york vu d'en bas, ce qui donne lieu à la vision de beaucoup de cases contemplatives de coins et rues de la ville.
L'ajout à l'histoire principale d'une autre, petite annexe, réalité de l'époque : la rivalité italo-irlandaise. Ainsi qu'une vision plus poussée sur les conditions d'arrivée des étrangers sur le sol américain à cette époque.
On aura compris que si je pose beaucoup de questions, c'est que je n'ai pas été totalement satisfait par ce tome. La petite musique initiale du quotidien est un poil trop lénifiante ici, les cases "vides" coupant une part du rythme d'ensemble, m'enlevant le vertige d'avant.
Au final, et c'est là que j'écris "construction ardue", je n'arrive pas non plus à cerner ou Mikaël aurait pu couper l'avancée scénaristique de l'histoire principale dans le premier tome ( tout en maintenant l'intérêt pour l'achat futur ), afin d'en garder sous le pied dans sa suite.