Salut tout le monde!
Alors voilà, j'ai poussé un coup de gueule (gentil) sur un autre topic contre les couleurs à l'informatique, et ça m'a donné envie de ch*** une autre pendule sur un sujet qui me ronge depuis longtemps : le LETTRAGE !
Il fut un temps (que les moins de 20 ans connaissent à peine) où les dessinateurs faisaient TOUT de A à Z : le crayonné, l'encrage, les couleurs (directes ou pas), ET le lettrage, suivant un procédé qui consistait à tracer des lignes bleues à intervales réguliers pour écrire bien droit. Le bleu ne ressortait pas au flashage.
Des générations de dessinateurs se sont tapé tout ce boulot. Puis on a commencé à déléguer certaines choses à des gens dont c'est le travail : la couleur en premier lieu, l'encrage dans certains cas (comme Hergé, je crois, vers la fin, ou Uderzo encore maintenant), et enfin le lettrage (comme le même Uderzo qui le fait faire depuis des lustres par un certain Michel Janvier).
Ces délégations successives n'enlèvent rien à l'ampleur humaine de la tâche, chaque maillon de la chaîne ayant son talent et son mérite particuliers.
Puis nous voilà entrés dans l'aire informatique.
Pour ce qui est de la couleur, je vous renvoie à ma petite prose dans ce sujet :
http://www.bdgest.com/forum/bdgest/Band ... 0254-1.htm
Ce sujet concerne plus aprticulièrement le LETTRAGE :
Voici deux extraits de Blacksad, qui a été frappé entre le tome 1 et 2 par le lettrage à l'ordi : :
Tome 1
Puis Tome 2 :
Sur une vue générale de ces planches, la différence est frappante : Le texte dans le tome 1 est irrégulier, l'espace entre deux ligne est incertain, parfois, ona l'impression que 2 lignes ne sont pas parallèles. Il est expressif aussi : Guarnido agit à sa guise sur la taille et la forme des lettres pour marquer le TON du personnage : Voir ce NOON que hurle le commissaire.
Dans le deuxième tome, le texte est impeccablement centré dans la bulle qui devient trop grande (grande et triste marge blanche). Les lettres sont désespérément identiques entre elles, un E peut être superposé à un autre E et ils correspondent au pixel près. Les lignes sont impeccables et l'auteur n'a plus le loisir de donner le moindre relief à son lettrage, rendant le discours du personnage plus plat et impersonnel.
Il faut évidemment louer la volonté de choisir une police imitation manuscrite la plupart du temps, ce qui ne laisse aucun doute que le style doit tout de même donner illusion que ç'a été écrit à la main.
Pour la bonne bouche, voici ce que j'ai remarqué : Ce qui tue une police manuscrite à l'ordinateur, c'est quand on s'apperçoit, lors d'un mot à double lettre, que les 2 lettres sont rigoureusement identiques!
J'ai croisé un album (peut-être même est-ce Blacksad? A confirmer...) où l'ordinateur a alterné DEUX versions d'une même lettre au fil du texte. De cette manière, l'impression de trop forte régularité a été atténué. Par conséquent, il suffit de comparer un E sur 2 pour s'appercevoir qu'ils sont... rigoureusement identiques.
Je lance donc ce sondage pour savoir si je suis le seul à être chagriné par ce point de détail (j'en conviens), mais qui est parfois suffisant pour changer le plaisir d'une lecture. Si j'ai moins aimé le Blacksad 2, c'est en partie pour cette raison. Quant à Long John Silver, de Lauffray et Nury, ce fut un véritable bol d'air. Je vous laisse juger par vous-même de la beauté de ce lettrage à la bonne vieille plume :
[img]http://www.coinbd.com/images/planches/20070520123129_t1.jpg[/img]
Merci de votre attention
Ph