Comanche / Revoir Comanche - Le Lombard

[Olivier_D]

Message précédent :
Je t'en prie.
C'est toi qui m'as fait découvrir un bon dessinateur.

[Johnny Fletcher]

Eh bien, vos élogieux commentaires ont eu raison de mes hésitations et de mes doutes: j'ai finalement acheté l'album.
Le dessin de Romain Renard me laissait perplexe jusqu'à ce que je tombe sur une vidéo dans laquelle on le voit dessiner au crayon fusain. Car son dessin possédant des aspects pouvant être apparentés à des techniques photographiques/numériques, je me posais des questions sur la technique employée.
Edit: cet album a été réalisé entièrement à la palette graphique alors que jusqu'à présent il travaillait à l'ancienne sur papier également, à l'instar de Larcenet pour LA ROUTE ou de Jean-Louis Tripp pour LE GRAND FRÈRE. C'est aujourd'hui monnaie courante. Je ne suis pas sûr que ce soit une chose qui m'enchante mais les dessinateurs qui utilisent le numérique y trouvent leur compte pour réaliser un album, c'est l'essentiel.

[bone]

C'est BD qui partait comme un road movie bascule à un moment dans autre chose

[Révéler] Spoiler:

une vengeance

Très bon album aussi bien un niveau dessin que scénario

Et dire qu'à l'origine cette histoire devait être dans l'album 'Journal Tintin spécial 77 ans' et être traité en quelques planches
Mais l'auteur s'est très vite rendu compte que cela serait trop court (les quelques planches)
Et il a eu raison

[cormoran]

Magnifique moment de lecture, un scénario qui tient la route et un dessin splendide

[Anthonybd]

Prix Rossel (équivalent du "Goncourt belge") 2024 dans la section bd !!!

[Brian Addav]

Bon, c'est pas la grande joie cet album, on est vraiment dans la fin d'un monde, avec la nostalgie du temps d'avant, c'est assez sombre, mais la balade vaut le coup.

J'ai été bien pris pour l'histoire, pourtant, ça n'allait pas de soi tant par le ton, le graphisme, et ce que représente Comanche dans le western en BD. Mais l'aspect nostalgie marche à fond.

Vraiment à lire

[Tintunix]

Tiens! Est-ce que cette BD est 100% dessin ou il y a aussi du roman photo ? En regardant les voitures, j'ai eu l'impression de regarder des photos d'époque retravaillées ?

[nexus4]

Une interview dans Telerama (abonnés)
“Hermann m’a laissé une liberté totale” : comment Romain Renard s’est réapproprié la BD “Comanche”
https://www.telerama.fr/livre/hermann-m ... 024064.php

[Olivier_D]

J'ai eu trois avis différents de bons copains sur cet album.
Deux copines d'environ 35 ans, grandes consommatrices de BD, bluffées par le graphisme, l'ambiance, l'histoire et très enthousiastes. Elles connaissent mal ou pas la série originale, s'en fichent un peu et ont jugé sur pièce ce nouvel opus.
Un pote d'une soixantaine d'années, biberonné au Greg/Hermann, et franchement indigné du sort que fait subir Renard à ses héros préférés.

J'ai trouvé ça marrant, je suis exactement à mi-chemin et partagé entre les deux. L'avantage pour Renard c'est que moi j'ai acheté l'album

[cyriella51]

J'ai eu trois avis différents de bons copains sur cet album.
Deux copines d'environ 35 ans, grandes consommatrices de BD, bluffées par le graphisme, l'ambiance, l'histoire et très enthousiastes. Elles connaissent mal ou pas la série originale, s'en fichent un peu et ont jugé sur pièce ce nouvel opus.
Un pote d'une soixantaine d'années, biberonné au Greg/Hermann, et franchement indigné du sort que fait subir Renard à ses héros préférés.

J'ai trouvé ça marrant, je suis exactement à mi-chemin et partagé entre les deux. L'avantage pour Renard c'est que moi j'ai acheté l'album

Pour moi , perso , c'est l'album de l'année , j’étais stupéfait par les dessins et l'histoire (plus les musiques qui vont avec ...) j'avais relu tout les albums avant ... franchement , Bravo l'auteur !

[Olivier_D]

Par curiosité j’ai commencé à lire Melvile ( tome 1) et finalement j’ai lu dans la foulée le tome 2. J’ai beaucoup aimé. Je n’ai plus qu’à me lancer dans le tome 3

[Casou]

Par curiosité j’ai commencé à lire Melvile ( tome 1) et finalement j’ai lu dans la foulée le tome 2. J’ai beaucoup aimé. Je n’ai plus qu’à me lancer dans le tome 3

" Melvile ", c'est réussi, et pourtant ce n'est pas si connu que ça j'ai l'impression. Je n'entends que du bien de " Revoir Comanche ", je vais finir par craquer. Il y a un petit bémol avec la technique de R. Renard, c'est que parfois je trouve que les personnages sont comme collés sur les décors. Mais ça va bien avec son univers ce petit côté fantomatique finalement.

[Casou]

J'arrive après la bataille, mais j'ai beaucoup aimé cet album. Quelle ambiance ! L'écriture est soignée, on croit aux personnages (il faut dire qu'ils ont un vécu, c'est sûr) et il n'y a aucun temps mort. Romain Renard a accompli un superbe boulot !

[Casou]

Comme je l'ai dit, j'ai vraiment aimé " Revoir Comanche " et ce, pour des raisons diverses et variées : épaisseur et humanité des personnages, ambiance, qualité des dialogues, graphisme épatant, contexte économique des USA, représentation quasi-hypnotique du Dust Bowl, etc.

Je n'ai lu " Comanche " (les 5ers tomes) que l'an dernier et si j'avais trouvé ça bien, j'avais trouvé que c'était moins bien que " Blueberry " qui reste pour moi la référence. Les paysages étaient très beaux et les découpages réussis (vues plongeantes sur la ville en plein essor notamment, plutôt modernes pour l'époque je pense), mais j'avais été moins séduit par les visages tantôt expédiés tantôt changeants (j'ai le souvenir d'une case où la belle Comanche ressemble devantage à un coati). Cela dit, le dessin de Giraud avait également évolué au fil des " Blueberry ". Mais quand je vois ce que Romain Renard a fait de " Comanche ", ça me donnerait presque envie de m'y replonger.

Par ailleurs, j'ai lu que certains avaient trouvé " Revoir Comanche " trop prévisible et qu'ils avaient tout deviné dès les premières pages, ce ne fut absolument pas mon cas. En revanche, les intrigues de " Comanche " (pour les albums que j'ai lus) étaient quand même assez téléphonées (ou plutôt télégraphiées devrais-je dire, huhuhu) et comportaient même (du moins avec le regard du lecteur d'aujourd'hui) quelques longueurs.

Bref, pour approfondir ma lecture de " Revoir Comanche ", j'aimerais savoir si j'ai manqué des liens entre l'album de Romain Renard et l'oeuvre d'Hermann que je n'ai pas gardée.

J'ai noté :

[Révéler] Spoiler:

- L'évocation de Clem et Toby, la présence de Tache de lune (et quel retour ! )
- Russ Dobbs (quelle présence pour un trépassé ! Pourtant, c'était une idée bien casse-gueule à la base et déjà bien exploitée, voire éculée).
- Le rappel du passé de bagnard de Red Dust.
- Bien sûr, les beaux portraits de Comanche.

Et je crois que c'est à peu près tout.

Qu'en est-il de la représentation du ranch par exemple (est-il reconnaissable pour les grands amateurs de la série d'Hermann ou est-il modifié) ?
L'importance de la poésie dans la vie de Red est-elle déjà évoquée dans les tomes d'Hermann (comme semble le suggérer un flash-back) ou est-ce la touche Renard ? J'ai trouvé que c'était intéressant en tout cas d'aborder la relation entre Dust et Comanche sous cet angle, d'expliquer pourquoil il semblait y avoir un mur invisible entre le fruste cow-boy et la gérante du ranch (et il me semble bien que c'était déjà le cas dans " Comanche ").

Enfin, me conseillez-vous, s'il vous plaît, pour approfondir ces liens ou simplement parce qu'il y aurait un album vraiment réussi à aller au-delà des 5 ers ? Je crois avoir lu que le tome 8 : " Les shériffs " était top (dessin et scénario). Si c'est le cas, peut-on le lire sans les tomes qui précèdent ?

[Solomon]

Le doigt du diable (t. 7) et Les shériffs (t. 8) sont généralement réputés comme des chefs-d'oeuvre. D’une certaine façon, on pourrait les considérer comme un diptyque (pour repondre à la question "Peut-on le lire sans les tomes qui précédent ?") : même si les histoires sont distinctes, les deux se déroulent pendant la période où Red s’était éloigné du ranch, et Les shériffs commence exactement après la fin du Doigt du diable. On peut le lire tranquillement sans connaître le précédent, hein ! Mais ce serait dommage de manquer une histoire aussi belle que Le doigt du diable.

(Perso, je n'ai jamais été un grand fan des Shériffs, qui ressemble un peu trop à un Jeremiah en puissance (on voit bien l'influence que Greg a eu sur Hermann), mais bon, apparemment je suis le seul.)

Pour ma part, j'aime beaucoup Furie rebelle (t. 6) aussi : l'histoire n'est pas inoubliable, mais quel talent dans la mise en scène. La séquence en ballon est magnifique.

Les deux derniers albums d'Hermann & Greg (t. 9 et 10) sont nettement plus faibles, même s’ils sont toujours très bien dessinés.

[Olivier_D]

J'ai lu et relu tous les Comanche de Greg et Hermann, j'ai toujours trouvé cette série très supérieure à Blueberry, qui ne m'a jamais passionné (personne n'est parfait ) malgré bien entendu l'immense talent des deux auteurs.
La mise en scène d'Hermann est plus fiévreuse, plus spectaculaire, la gestuelle de ses personnages plus dense. Dans Blueberry, on suit l'intrigue, les rebondissements, mais les personnages n'ont pas cette densité qu'ils avaient dans Comanche.

J'ai eu beaucoup de mal avec Revoir Comanche, à cause de son côté funèbre. C'est l'échec de tous ceux auxquels on s'était attachés, le triomphe posthume de Dobbs, c'est désespérant au possible. Je ne remets pas en cause le talent de Renard, son Melville est d'ailleurs passionnant, mais j'adhère mal à ce principe de destruction des héros de ma jeunesse.
Red Dust, c'est la liberté, la lutte même quand ça semble foutu d'avance, le gars droit dans ses bottes face aux compromissions, la victoire finale sur un fil, au goût souvent un peu amer.
Il y a un côté très affectif et pas franchement raisonnable dans mon rejet de ce Revoir Comanche, et je ne voudrais pas que ce soit perçu comme une attaque du travail de Renard. Mais zut, j'espère qu'il ne va pas, dans un futur album, nous faire terminer Bernard Prince dans un bouge, drogué et alcoolique

[Casou]

Merci, Solomon, pour ton retour.

[Casou]

Olivier_D, sans vouloir t'obliger à replonger dans cette atmosphère funèbre , toi qui connais bien la série, pourrais-tu m'indiquer d'autres références que j'aurais manquées ? C'est juste pour voir jusqu'où est allé Renard dans sa reprise. Et pour cette histoire de poésie (oeuvre de Shakespeare), c'est un ajout de l'auteur de " Melville " ?

Pour la gestuelle, je ne sais pas si c'est lié à ce dont tu parles, mais j'avais apprécié les scènes d'action, les fusillades dans " Comanche " car le rendu était très spectaculaire je trouvais.

[Solomon]

Il n'y a jamais eu aucune référence à une passion de Red pour la poésie, non. Ni dans les albums d'Hermann ni dans ceux de Rouge.

[Casou]

D'accord, donc le flash-back dans lequel Red Dust ramasse le livre n'est pas issu d'un tome de " Comanche " et est créé de toutes pièces par Melville.

[Solomon]

J'ai lu et relu tous les Comanche de Greg et Hermann, j'ai toujours trouvé cette série très supérieure à Blueberry, qui ne m'a jamais passionné (personne n'est parfait ) malgré bien entendu l'immense talent des deux auteurs.
La mise en scène d'Hermann est plus fiévreuse, plus spectaculaire, la gestuelle de ses personnages plus dense. Dans Blueberry, on suit l'intrigue, les rebondissements, mais les personnages n'ont pas cette densité qu'ils avaient dans Comanche.

Justement, j’ai toujours trouvé un peu injuste la remarque d’Hermann, qui disait avoir commencé à écrire ses albums par lui-même (avec Jeremiah) parce qu’il trouvait que dans les histoires de Greg il n'y avait pas d'approfondissement psychologique. Bien sûr, ses bandes dessinées ne sont pas des romans graphiques comme ceux qui sortent aujourd’hui, mais Greg a quand même réussi à donner une certaine crédibilité aux personnages : je me réfère par exemple à la belle scène dans Le désert sans lumière où Red tire comme un fou avec son flingue, exaspéré après des mois de bagne.

Le problème de Comanche est plutôt un certain manque de cohérence dans l’ensemble (je me limite aux scénarios) : si les premiers albums d’Hermann sont très forts, déjà dans les derniers, et plus encore dans ceux de Rouge, l’ambition initiale disparaît et laisse place à un certain laxisme, et la structure devient celle de certaines séries télévisées d’antan, avec le "case of the week". Une fin un peu triste, pour une série qui avait débuté sur d’autres bases.

Un manque de cohérence pas seulement dans les trames, mais aussi dans les personnages. Red lui-même change de caractère un peu trop souvent, même dans les albums de l’âge d’or : la décision de s'éloigner du ranch au début du Doigt du diable est assez soudaine, car il n’avait jamais manifesté auparavant son dégoût pour la "civilisation". Sans parler de la fin des Cavaliers du rio perdu, dans laquelle Greg transforme Comanche, qui avait toujours été une fille très intelligente et modérée, en une justicière impitoyable