Olivier_D a écrit:Le niveau de reconstitution et de détail !
Casou a écrit:Olivier_D a écrit:Le niveau de reconstitution et de détail !
Pour cette partie, je suis d'accord, pour le reste, j'ai été moins convaincu. Moi, la densité m'est un peu restée sur l'estomac. On ne sait plus trop où ça va à un moment donné, la narration finit par ronronner, on tente de relancer, à grand renfort de scènes violentes, l'intérêt vacillant du lecteur qui, l'estomac chargé, commençait à piquer du nez.
Pris dans ce labyrinthe, on tourne un peu en rond et on ne sait plus bien ce qu'on a voulu nous dire, on retiendra que le matriarcat a précédé le patriarcat, c'est répété à plusieurs reprises, et même si c'est intéressant, le propos semble un peu court. A la fin de l'album, une planche, pleine d'embruns et de fureur, en mêlant efficacement mythe et Histoire, m'a sorti un peu de ma léthargie, mais, malgré la beauté du trait, j'avais déjà perdu le fil (d'Ariane) et les personnages pouvaient bien aller au-devant de leur destin, je ne me préoccupais plus vraiment de ce qui leur arrivait.
Olivier_D a écrit:Je suis en train de le lire, j'en suis à un bon tiers. C'est très très dense, c'est prenant, mais alors ce qui est totalement bluffant, c'est le niveau de reconstitution et de détail ! J'en suis baba ! Quel énorme travail !
Félicitations à l'équipe, et je continue ma lecture avec bonheur.
Le Tapir a écrit:Alors franchement, même si j'ai bien aimé l'album, il y a du vrai dans ce que tu écris ... Une certaine confusion perd le lecteur à un moment. On a un peu l'impression que c'est un passage de revue de l'ensemble de la mythologie grecque.
Le Tapir a écrit:Alors, ce n'est pas simple car j'ai moins la bd en tête. Disons pour faire court que dans le dernier tiers de l'album, il me semble y avoir pas mal de références à la mythologie, sens que l'on sache très bien ce qui relève de l'histoire et de la mythologie. J'ai eu l'impression que la bd devenait hyper référencée ( et savante) sur les guerres de la période classique, alors qu'au début de la bd j'avais l'impression qu'on se situait dans la civilisation minoenne avant la Grèce antique... Bon, a présent, j'ai l'impression que la bd raconte la disparition de la culture minoenne au profit de celle des cités grecques...
Ps: C'est loin la fac d'Histoire!! Il ne faut pas m'en vouloir !
Mogavino a écrit:Merci encore pour ton retour détaillé et sincère ! Une question me vient à l’esprit : as-tu trouvé quel est le véritable fil d’Ariane dans ce récit ?
Je comprends tout à fait que la densité de l’album puisse être un défi, et c’est un choix narratif totalement assumé. Je voulais plonger le lecteur dans un univers riche et complexe, à l’image de cette période historique fascinante où mythe et réalité se croisent sans cesse.
Je crois que mes œuvres me ressemblent beaucoup… Je n’ai jamais été linéaire, jamais été simple dans rien de ce que je fais ! Et forcément, cela transparaît dans mes récits. J’ai investi énormément dans ce livre : j’ai étudié, creusé, tenté de créer quelque chose qui se découvre et se redécouvre, un peu comme un labyrinthe.
Car au fond, quand on entre dans un labyrinthe, on n’en ressort pas tout de suite, n’est-ce pas ? On doit s’arrêter, faire demi-tour, réfléchir au bon chemin… Si on en sortait en un clin d’œil, quel serait l’intérêt ? Ce que j’essaie de faire dans chacun de mes livres, c’est justement ça : proposer un voyage où le lecteur doit explorer, se perdre un peu, avant de trouver sa propre sortie.
Quant aux scènes plus violentes, elles ne sont jamais gratuites : elles retranscrivent une époque où la brutalité et les jeux de pouvoir faisaient partie intégrante du destin des civilisations. Je suis néanmoins ravie que la dernière planche t’ait marqué, car elle représente justement cette fusion entre mythe et réalité qui me passionne tant.
Et puis, soyons honnêtes : avec le prix du livre, il était hors de question que tout puisse se lire en 10 minutes !
Casou a écrit:Mogavino a écrit:Merci encore pour ton retour détaillé et sincère ! Une question me vient à l’esprit : as-tu trouvé quel est le véritable fil d’Ariane dans ce récit ?
Je comprends tout à fait que la densité de l’album puisse être un défi, et c’est un choix narratif totalement assumé. Je voulais plonger le lecteur dans un univers riche et complexe, à l’image de cette période historique fascinante où mythe et réalité se croisent sans cesse.
Je crois que mes œuvres me ressemblent beaucoup… Je n’ai jamais été linéaire, jamais été simple dans rien de ce que je fais ! Et forcément, cela transparaît dans mes récits. J’ai investi énormément dans ce livre : j’ai étudié, creusé, tenté de créer quelque chose qui se découvre et se redécouvre, un peu comme un labyrinthe.
Car au fond, quand on entre dans un labyrinthe, on n’en ressort pas tout de suite, n’est-ce pas ? On doit s’arrêter, faire demi-tour, réfléchir au bon chemin… Si on en sortait en un clin d’œil, quel serait l’intérêt ? Ce que j’essaie de faire dans chacun de mes livres, c’est justement ça : proposer un voyage où le lecteur doit explorer, se perdre un peu, avant de trouver sa propre sortie.
Quant aux scènes plus violentes, elles ne sont jamais gratuites : elles retranscrivent une époque où la brutalité et les jeux de pouvoir faisaient partie intégrante du destin des civilisations. Je suis néanmoins ravie que la dernière planche t’ait marqué, car elle représente justement cette fusion entre mythe et réalité qui me passionne tant.
Et puis, soyons honnêtes : avec le prix du livre, il était hors de question que tout puisse se lire en 10 minutes !
Merci à vous de prendre le temps de réagir à nos commentaires.
Vous venez de bien rappeler le fil rouge de votre oeuvre, mais de ce côté-là, il n'y avait pas vraiment de doute pour ma part, nous assistions à la disparition d'une civilisation et à la naissance d'une autre ou plutôt comme vous l'évoquez à l'assimilation de la première au profit de la seconde manifestement plus brutale et viriliste.[Révéler] Spoiler:et de rappeler par la même occasion que la personne qui parle le mieux d'une oeuvre est encore souvent celle qui l'a écrite
Mais contrairement à vous, je n'aime pas me heurter à des murs dans le noir (ça fait mal et on ne sait jamais sur qui on peut tomber), je continue de penser au contraire que le plus grand talent d'un conteur demeure la limpidité de son récit et que sa capacité à faire voyager son auditoire et à lui procurer plaisir et émerveillement, dépend de la clarté et de la fluidité de son discours.
Pour moi, les " chants les plus beaux " sont ceux qui (en apparence, et en apparence seulement, c'est là, toute la magie du conteur) sont les plus simples.
Je crois d'ailleurs que plus le temps passe, plus je suis admiratif d'auteurs comme Nejib, Rochette, Serio (notamment lorsqu'il est accompagné de Bepi Vigna pour son magnifique " Nausicaa "), de Fabrizio Dori, de Christian Rossi (avec son " Tiresias "), de Shanower (bon, d'accord, lui a réglé le problème de la construction narrative en laissant son " Age de bronze " inachevé...), bref, de tous ces conteurs épatants qui nous permettent, le temps d'une histoire parfaitement construite, d'éprouver l'humanité dans toutes ses aspérités et sa complexité.
Olivier_D a écrit:Je viens juste de le terminer, et c'est avec grand plaisir que je te fais un retour un peu détaillé. J'en ai lu certaines parties plusieurs fois, avec grand plaisir.
Tout d'abord, oui, l'histoire est dense et complexe, avec beaucoup de personnages, dont certains en plus ont deux nomsmais, et c'est vraiment à mettre au crédit du dessinateur, on arrive très bien à différencier et à reconnaître les personnages. Carlos Gomez a su leur donner un physique bien typé, des détails vestimentaires qui font qu'on ne peine pas à les distinguer. C'est devenu vraiment rare aujourd'hui où bien souvent, on peine avec la plupart des dessinateurs à reconnaître et suivre les personnages dès qu'ils se multiplient. Gomez devrait faire école ![Révéler] Spoiler:(Dédale-Barsabas, Thésée-Déseux)
On suit le destin finalement assez tragique de la plupart des personnages, personnellement j'ai trouvé le couple père/fille Barsabas/Marita vraiment plaisant, on les suit bien jusqu'au bout.
La reconstitution est prodigieuse, j'ai rarement vu un niveau de détail, de soin pareils. Gomez est un très grand dessinateur, et il a dû avoir accès à une documentation conséquente et détaillée. Je serais curieux de savoir en combien de temps il a dessiné cet album de 120 pages. Ses personnages jouent juste, il y a un très beau travail de relief et d'éclairage des personnages. Le dessin est élégant, rend hommage à une certaine culture classique tout en restant dans un cadre BD. Les couleurs sont superbes, elles accompagnent l'histoire avec efficacité.
La confrontation civilisation matriarcale/patriarcale qui fait le sujet principal du livre est intéressante, bien traitée. Elle m'a rappelé le coeur des Amazones dessiné par Rossi, qui traite aussi de ce sujet à travers un thème antique. La montée des périls avec le déchaînement de la nature est bien amenée, on sait que ça va finir assez mal de toutes façons.
On a là le sentiment d'être face à une grande fresque mythologico-historique, avec des auteurs qui se sont donnés les moyens d'entreprendre quelque chose d'ampleur. Les scènes spectaculaires se succèdent, et on traverse le temps.
L'objet est beau, avec un dos toilé du plus bel effet.
Je ne comptais acheter que Civilisation Rome mais ce Civilisation Crète m'a fait de l'œil à travers des extraits de planches, et je ne regrette pas mon achat. Il est probable que Civilisation Egypte bouclera ma collection.[Révéler] Spoiler:Mon seul regret, c'est qu'il manque 4 ou 5 planches sur le tsunami final (peut-être que Carlos Gomez nous aurait épaté une dernière fois dans cet album), et le destin incertain des héros avec les enfants, dont on ne sait pas bien s'ils vont se prendre eux aussi la vague ou non.
Il est très probable que je le relirai, parce qu'effectivement, avec autant d'événements et de personnages, j'ai forcément raté des choses.
Ah oui, j'ajoute que le dossier final est passionnant, que tes compléments sur ce forum sont eux aussi très intéressants et que c'est en plus bien agréable de dialoguer avec des auteurs aussi investis dans leur album. Transmets bien toutes mes félicitations à Carlos Gomez, il m'a épaté et conquis. Il faut que je vois s'il existe des vidéos ou des sites qui le montrent au travail, je serais intéressé par un genre de making-of, notamment sur la façon dont il interprète sa documentation et la met en scène.
Casou a écrit:@S.Mogavino :
Je ne suis pas d'accord avec certaines distinctions que vous opérez, mais votre réponse est belle, alors je m'en tiendrai à ça.
Et comme vous faites un sacré teasing, place à " Civilisations " !
Retourner vers Bande Dessinée Franco-Belge - Contemporaines - XXIe siècle
Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités