Je suis en une école qui se dit être d'"art" et même l'abstrait n'est plus défendu (sauf pour les courts-métrages, mais on nous conseille plus souvent de faire des "installations vidéo" de six heures qui ne seront évidemment pas du niveau d'un film de Bela Tarr -7 heures pour Satantango, je crois- ou Lav Diaz -8 heures pour Melancholia- et qu'absolument personne ne verra jusqu'au bout. C'est ce qui est visé dans le truc : "l'épuisement du public"
.), maintenant c'est le conceptuel (depuis déjà très longtemps. Sur le bulletin du dernier semestre j'ai eu droit à un commentaire merveilleux : "tout cela est très bien, mais vous qui êtes grand lecteur, pourquoi tant de réticences à l'égard du Concept ?") ou les "pratiques émergentes" (du genre avec des fils en plastiques reliés à des ordinateurs, la programmation, tout ça...
).
Les objectifs (c'est-à-dire pour bien vendre, cette notion-là est tout-à-fait présente) et les envies, les vues, de l'art dit "contemporain" : éliminer le lavis, l'avis, la vie, la matière, que la tête soit plus forte que tout, l'idée prime sur la forme, la technique n'a pas d'importance, la science soit au-delà de la littérature (ce vieux faux duel existe encore, je le jure), le cinéma n'a pas vocation de divertissement, la spiritualité ou l'intérêt pour les mystiques et les religions, c'est dépassé, Godard (Jean-Luc) est un dieu intouchable, Dali est kitsch et en plus il est louche politiquement, Céline est un salaud qu'a écrit qu'un seul bon livre, la bande dessinée n'existe pas en dehors des romans autobio/graphiques ou des fanzines aux dessins que fustige Morti, l'illustration n'est pas un art, il faut penser, parler et pas seulement faire, agir, que l'envie ne justifie rien (puisqu’il est, oulà, très important de justifier chacun de nos actes), le doute doit être une certitude, "il n'y a pas de musique, il n'y a que des sons", Sartre et Fluxus c'est trop génial, tout est drôle sauf l'Art, l'Art c'est sérieux, quoi, merde, le livre papier sauf pour la philosophie ne vaut rien, il faut être décadent et engagé politiquement (à gauche de préférence), il faut se rendre dans les galeries et expositions pour "se faire des contacts", et bien sûr il ne faut pas viser à avoir trop de pognon parce-que quoiqu'on fasse, ça sera jamais aussi bien que Ben, Buren, Barry, Picasso, Warhol, Klein (Yves, hein, pas William) et que de toutes façons, l'argent c'est le mal...
Et surtout, ne pas oublier que nous ne faisons pas partie du "grand public" (toujours évoqué avec grand mépris) et que c'est pas lui qu'on veut atteindre dans ce qu'on fait...
Tout ça souffre d'une pernicieuse cohérence...
J'écoute quelques fois du Free Jazz. Mais j'avoue bien qu'il est meilleur d'en faire que d'en écouter. Certains, comme la peinture abstraite, profitent de savoir pas faire du Jazz et que la cacophonie générale soit acceptée à présent en tant que musique à part entière. Du coup, ça donne que chacun fait des conneries dans son coin et personne s'amuse.
Pour d'autres, c'est presque un effort de foutre le bordel, autant sur la toile/papier que dans les esgourdes.
Un exemple d'abstraction lyrique plus clair que le précédent un peu douteux (bien que celui-ci même ne soit pas le mieux que l'on puisse dénicher) :
Bien.
Je reviendrai
Autrement, je comprends pas comment certains prêchant la tolérance, la justice et l'égalité arrivent à détester et haïr le plus profondément du monde certains autres (ou inversement, ça fonctionne très bien aussi)