Que dire, que dire, que dire ?
Je vais sûrement passer pour un amoureux anonyme à force d'envoyer des éloges à Luc, mais voilà : cher Luc, tu es le sauveur du 9ème art, celui qui créa la femme, l'amour, la beauté, le feu, l'envie de lire une putain de bonne BD (bordel de bite) !
Je viens de relire le Pouvoir des Innocents, et à la fin je me suis dit : mais que s'est il passé ces 10 dernières années, dans le monde de la BD, pour que je divise mes achats par 10 ? Sur des tonnes de bouquins, il reste quelques bonnes surprises, qu'on s'arrache entre élitistes, dès que les retours sont bons. Mais la BD est devenue une vraie machine à éditions, visant les acheteurs boulémiques (et souvent néophites), qui ne peuvent plus s'arrêter dans la frénésie de leur collection ("j'achète le tome 11 même si c'est nul, je peux pas faire autrement vu que j'ai les 10 premiers"). Heureusement qu'une poignée d'auteurs, des anciens pour la plupart, ont su rester des valeurs sûres aux yeux des lecteurs perdus que nous sommes, que les maisons d'éditions ont façonnés.
Que c'est bon, de reprendre le premier tome du Pouvoir tout poussiéreux de sa bibliothèque, de se dire qu'on avait 10 ans de moins quand on l'a lu la première fois, et de revivre ces moments précieux, où 10 BD sortaient par mois contre quoi... une centaine aujourd'hui ? Les années de gloire de la BD sont là, même si les chiffres sont différents aujourd'hui.
Maintenant, sortir non pas une, mais deux suites au Pouvoir... mah ? Pourquoi ? Quel était le besoin ? Est-ce que cela n'allait pas au contraire dénaturaliser le mythe, et la grande réflexion qu'on se posait à la fin du Pouvoir ? Pourquoi ne pas laisser une place à notre interprétation sur l'avenir de l'Amérique sous Jessica ? Le pari était risqué mais le constat, c'est que oui, ça fontionne, et c'est vraiment, mais vraiment, superbe.
Nouhaud, que je connaissais sur Maxime Murène, et que j'avais déjà rencontré, s'en sort remarquablement bien. Un travail de fou, des couleurs exactes, une finesse, des plans dignes d'un grand dessinateur, alors que ce n'est que sa deuxième BD. Incroyable de voir les progrès qu'il a fait depuis Maxime, parfois même on s'y tromperait, il égale Hirn, son ainé, s'en inspirant grandement. Une petite note à la fin de l'histoire cloture son travail : "merci à Hirn d'avoir dessiné la séquence de l'incendie"... euh là pardon, je reviens sur la page, qu'on m'explique qui a dessiné sur la BD de qui ? Enfin bref, une telle osmose, c'est juste incroyable.
La parenthèse du dessin est faite, je reviens sur le scénario : c'est une des 10 meilleures histoires que j'ai lues en 10 ans. Le thème est à peine posé que déjà, on sent la problèmatique, et les emmerdes qui vont arriver. Car l'enfer est ici nous relate les trois premiers jours qui suivent l'arrestation de Joshua Logan, dans une dynamique originale et pourtant possible, et dont seuls quelques scénaristes ont encore le secret. Merci à eux, pour nous réconcilier avec le monde de la BD.
Luc, j'attends Urban avec grande impatience, et j'espère qu'on aura (enfin) l'occasion de se rencontrer en compagnie de Roberto, parce que c'est vrai, j'avoue : oui, je suis un amoureux anonyme et ça fait un moment que j'aimerais te faire un robisou !