Bolt a écrit:Est-ce que tu as parcouru le topic de Moi, ce que j'aime, c'est les monstres ou une des interviews d'Emil Ferris? Il me semble avoir lu quelque chose à propos du lettrage.
Stock McFlood a écrit:Plus étonnant encore : selon les versions les dessins sont adaptés.
Entre la version USA et FR par exemple, les personnages sont inversés, ce qui a impliqué de redessiner le fil du téléphone qui se retrouve moins bien placé dans la main de la nonne sur la version française
Quelqu’un a une idée de pourquoi ??
Stock McFlood a écrit:Et donc il y a un truc que je n’aime pas trop, c’est quand les textes sont écrits à l’ordi, avec une police « type Comic ».
Stock McFlood a écrit:Ou Les lettres dessinées sont-elles récupérées et repositionnées, en évitant de dupliquer la même lettre de façon trop rapprochée pour garder l’effet manuscrit ?
Stock McFlood a écrit:Ou (mais je n’y crois pas trop), arrive-t-il que quelqu’un prête sa main pour réécrire le texte traduit (avec une écriture toujours manuscrite, mais donc différente) ??
Stock McFlood a écrit:
En français, les textes de très nombreux comics américains et BD étrangères utilisent une police de caractère de type « comic ». (Bien que pour les mangas on peut comprendre ).
toine74 a écrit:Pour les traductions, il n'y a pas de règles, certains auteurs doivent exiger de respecter leur typo, d'autres s'en fichent sûrement.
Stock McFlood a écrit:Et pour les comics, n’as-tu pas l’impression qu’en dehors des onomatopées, des CLIP! CRAP! des BANG! des VLOP! et des ZIP! SHEBAM! POW! BLOP! WIZZ!, aujourd’hui presque tout est fait sur ordi sans lettrage ? Ou alors est-ce que c’est juste pour les versions traduites ?
Cooltrane a écrit:un truc que j'ai toujours préféré, c'est quand le texte n'est pas en majuscule...
Clovis Sangrail a écrit:Les visuels de Todd Klein sont géniaux.
Clovis Sangrail a écrit:Cela m'a souvent semblé quelque part paradoxal la façon dont le lettreur est mis en avant dans les comics — au même niveau (ou presque) que le crayonneur, l'encreur et le coloriste ; avec tout ce petit air de taylorisation du processus que ça dégage... rythme de parution oblige notamment, on peut imaginer — alors que dans, allez 80% des cas le lettrage paraît in fine hyper standardisé (qu'il soit manuel ou informatique d'ailleurs).
Clovis Sangrail a écrit:Je reste un adepte du tout manuel (idéalement en majuscules, même si les minuscules d'un Tintin ou B&M ne me gênent pas, au contraire, ils ont du charme), car pour moi le lettrage participe pleinement de l'ambition esthétique d'une BD.
Clovis Sangrail a écrit:Après, la vectorisation de la calligraphie des auteurs est un moindre mal (on peut comprendre le gain de temps en particulier et la souplesse d'utilisation) et qui peut faire illusion si c'est bien fait.
Clovis Sangrail a écrit:Cela m'a souvent semblé quelque part paradoxal la façon dont le lettreur est mis en avant dans les comics — au même niveau (ou presque) que le crayonneur, l'encreur et le coloriste ; avec tout ce petit air de taylorisation du processus que ça dégage... rythme de parution oblige notamment, on peut imaginer — alors que dans, allez 80% des cas le lettrage paraît in fine hyper standardisé (qu'il soit manuel ou informatique d'ailleurs).
Jimbolaine a écrit:J'ai aussi d'autres trucs à montrer, venus de différents lettreurs, faut seulement que je les retrouve…
À l'occasion, je repasserai par-là pour déposer des images.
Jimbolaine a écrit:Howard Chaykin, qui a très tôt compris l'importance du lettrage dans la narration, a souvent travaillé quant à lui avec Ken Bruzenak (sur American Flagg, sur Time2, sur Blackhawk… Cela favorise une proximité voire une complicité qui permet donc l'expression d'une personnalité.
Jimbolaine a écrit:Je ferais en revanche le distinguo entre l'ambition esthétique et la manifestation de la personnalité. Je pense que ce qui compte, c'est l'impact narratif. Et que le lettrage doit être au service du récit, de l'album. Si l'auteur a une écriture pourrie, il faut qu'il travaille avec un lettreur.
Jimbolaine a écrit:À ce sujet, j'aurai une question : je ne suis pas aussi familier du lettrage franco-belge que du lettrage américain, et du coup, je me demandais comment les grands classiques (tu cites Hergé, par exemple) fonctionnent. Est-ce qu'il y a, comme on peut le voir sur d'autres étapes (le dessin des décors, l'encrage…) un travail à plusieurs mains ? Si oui, alors ça reviendrait à ce système collaboratif dont je parlais plus haut, qui dans le meilleur des cas conduit à une vraie complicité.
Jimbolaine a écrit:Je trouve souvent que le lettrage est l'enfant pauvre de la "post-production", si je puis dire, en franco-belge. Il y a peu d'albums franco-belge qui me clouent par leur lettrage. J'ai deux exemples en tête où je sens que le lettrage est traité avec le même sérieux que le dessin ou les couleurs, c'est Une bien belle nuance de rouge, de Mauricet, avec des voix off à fonds colorés…
Jimbolaine a écrit:Mais bien souvent, et surtout quand le lettrage est informatique, on sent bien que le boulot est bâclé. Et là, je pense que ce n'est pas dû à la nature informatique de l'outil, mais plutôt à des considérations économiques : le lettrage est sans doute fait en interne, à la toute fin, et quelques détails comme des queues de bulles pas assez marquées ou mal dirigées, ou des césures et des retours à la ligne maladroits, laissent entendre que l'ensemble a été fait rapidement afin de boucler l'album avant impression.
Jimbolaine a écrit:C'est comme tout, c'est un outil. Ce n'est pas l'outil qui définit le travail, mais celui qui l'utilise. Si ce dernier a mauvais goût, ça peut être catastrophique (je pense à l'obsession de Neal Adams pour les couleurs informatiques trop matiérées, qui gâchent les rééditions de certains de ses Batman ou de ses Green Lantern / Green Arrow : c'est pareil pour le lettrage).
Solomon a écrit:L'une des raisons pour lesquelles j'aime autant la BD franco-belge, c'est que dans le FB il y a toujours eu une tradition d'identité entre le dessinateur et le lettreur. Presque tous les grands maîtres ont développé une façon très personnelle de lettrer
Clovis Sangrail a écrit:C'est encore un festival que tu nous as offert là.
Entre les images et les anecdotes...
Clovis Sangrail a écrit:La (très belle) planche de Chaykin que tu donnes en exemple démontre vraiment les capacités du médium BD à proposer quelque chose qui lui est propre, au croisement du texte, de l'image, de la mise en scène de l'action mais aussi de l'imbrication visuelle de ces différents éléments et leur contribution à la structure de la planche.
Clovis Sangrail a écrit:Oui, tu le dis bien, le lettrage doit rester au service du récit. Ce qui demande aussi de savoir se restreindre et de ne pas utiliser des effets pour utiliser des effets, parce qu'ils sont "disponibles" ou pour faire le flambeur.
Clovis Sangrail a écrit:À ce titre la planche d'Alex Alice flirte pour moi avec la limite du maniérisme et du concours d'adresse et démonstration de virtuose. Les effets sur Super-Soldat sont intéressants et pour le coup démontrent une bonne cohérence interne.
Clovis Sangrail a écrit:Dans le même genre, j'avais beaucoup aimé la planche du Conan de Robin Recht où les onomatopées des battements du cœur du héros finissent pas inonder la page. C'est ultra-expressif et apporte un supplément d'intensité à la scène.
Clovis Sangrail a écrit:Après, Hergé ayant monté son studio (pour ne citer que lui en exemple, mais d'autres faisaient la même chose, il n'avait pas le monopole du studio), on peut facilement imaginer que le lettrage était réalisé par un membre de l'équipe et pas par le grand chef. Mais on peut être certain que le grand chef avait fixé la ligne et calibré jusqu'au moindre détail les questions liées au lettrage :
Clovis Sangrail a écrit:ce n'était pas fait à l'arrache par un grouillot.
Clovis Sangrail a écrit:Absolument d'accord. Il n'est pas assez pris en compte par les éditeurs... et les auteurs eux-mêmes je pense, d'ailleurs.
Clovis Sangrail a écrit:Or, c'est un élément-clef d'un album (sauf s'il est muet ). Je ne sais plus qui disait d'ailleurs (Cosey ?) que dans une BD on lit surtout les textes plus qu'on ne regarde les images.
Clovis Sangrail a écrit: Au-delà du petit côté paradoxe provocateur, c'est assez juste en fait : du coup, la mise en forme du texte doit aussi servir non seulement à rediriger l'œil du lecteur vers l'image mais aussi à transmettre davantage que le pur sens des mots, mais une émotion, une ambition, une intention.
Clovis Sangrail a écrit: Me fais pas dériver pas sur la mise en couleur, je suis du genre ayatollah (j'ai une sainte horreur des mises en couleur contemporaines qui donnent l'impression d'être faites à la peinture métallisée piquée chez le garagiste de tuning, avec des reflets partout... hélas, bien trop fréquente dans les comics actuels notamment — ça sabote complètement le trait encré)...
Clovis Sangrail a écrit:on sent que c'est arrivé à un point sinon de perfection mais d'équilibre et de cohérence, et que la forme et le fond sont en harmonie.
Clovis Sangrail a écrit:Dans le même genre, j'avais beaucoup aimé la planche du Conan de Robin Recht où les onomatopées des battements du cœur du héros finissent pas inonder la page. C'est ultra-expressif et apporte un supplément d'intensité à la scène.
Jimbolaine a écrit:Voilà : que l'on apprécie le lettrage informatique ou qu'on préfère une approche traditionnelle, je crois que l'important, c'est d'accorder de l'attention à cette étape. Si l'on fait faire par quelqu'un d'autre, l'essentiel est de créer une communication afin d'obtenir un résultat qui plaît à tout le monde. Pas de laisser un stagiaire de la rédaction exécuter le boulot sous le prétexte qu'il connaît InDesign.
Jimbolaine a écrit:Quand j'ai commencé à écrire (notamment dans les pockets Semic), je discutais beaucoup avec Jean-Marc Lofficier. Qui m'avait averti que les scènes muettes, le lecteur a souvent tendance à les survoler, à tourner les pages. Il m'avait conseillé, dans l'une d'elles, de placer au moins un petit récitatif en accroche, ou une bulle ou une interjection quelque part. Mais bon, je n'ai pas écouté… et rétrospectivement, je crois qu'il a raison : ça marcherait mieux si j'avais glissé quelque chose à "lire".
C'est pour ça que les séquences muettes dans les premiers XIII se limitent à une, deux ou trois cases dans une planche qui contient quand même du texte : l'œil du lecteur s'est arrêté, et les cases muettes sont d'autant plus marquantes, par le jeu du contraste.
Jimbolaine a écrit:Je ne sais pas si tu connais les premiers Captain America de Brubaker, mais si ce n'est pas le cas et si un jour tu les découvres, je pense que les couleurs de Frank D'Armata vont te faire pleurer des larmes de sang (dommage, d'ailleurs, parce que c'est une excellente série)..
Jimbolaine a écrit:Après, les couleurs, c'est comme le lettrage : il y a un éventail. Dave Stewart, qui s'occupe de celle de Hellboy et des titres dérivés, est beaucoup plus doux et subtil (la légende veut que Mignola lui ait apporté des tomes d'Adèle Blanc-Sec en lui disant "je ne veux pas une couleur qui ne soit pas déjà là-dedans").
Jimbolaine a écrit:Là où la forme des bulles est importante aussi : les bulles un peu tremblées de Rosinski, par exemple, ont selon moi contribué à l'identité graphique d'une série comme Thorgal. Ça pourrait être un outil pour donner de la personnalité, mais ça devient un moyen d'uniformiser.
nexus4 a écrit:Ca me fait penser à la page d'ouverture d'Immergés, avec le moteur assourdissant à mesure qu'on se rapproche de la salle des machines de l'U-Boot.
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