Je n'avais pas gardé un souvenir très vivavce de ce carnet de voyage de Craig Thompson.
Mais depuis, de l'eau est passé sous les ponts et j'ai visité Marrakesh et Barcelone, ce qui m'a donné de relire ce carnet, pour confronter mes impressions avec celle de Thompson et retrouver les ambiances de la ville
Je ne suis même pas arrivé à Barcelone, j'ai renoncé avant, ce qui est rare pour moi.
Craig Thompson est un bon dessinateur, sans conteste. Mais dans le cas de ce carnet, il ne semble avoir rien à raconter. Un carnet de voyage n'est pas un livre qui raconte une histoire au sens premier du terme, mais plutôt un moyen de faire partager des impressions, des anecdotes, de petits moments immatériels et parfois de faire pénétrer dans le questionnement intime que le voyage initie chez l'auteur.
L'intérêt du carnet viendra, en tout cas selon moi, soit de la virtuosité du dessinateur à faire ressentir la beauté qu'il a sous les yeux. En tout cas, ce qu'il le frappe, l'émeut, le choque.
A ce petit jeu, j'étais tombé amoureux des arbres d'Emmanuel Guibert
Rien à ajouter tant ce paysage si simple est à couper le souffle, en tout cas le mien.
Dans le registre du voyage intérieur, La tentation de Renaud de Heyn représente un excellent exemple. Au fil des rencontres qu'il fait lors d'un voyage au Pakistan, il en vient à s'interroger sur l'Islam, jusqu'à être tenté par la conversion...
Voyage physique et profondément intime, donc.
Rien de tout cela chez Craig Thompson. Peut-être est-ce lié à l'intention, où au manque d'intention... son voyage conjugue obligations liées à la promotion de Blankets, et repérage pour son prochain livre. Vagabondage sans réel but, ce qui peut avoir son charme, mais qui dans le cas présent devient très vite creux et sans intérêt. Il présente tous les gens qu'il rencontre, se confie mollement sur son sentiment de solitude et de 'mal-être'... il semble voir sans voir. Si la partie sur Marrakesh est un peu plus consistante, elle ressemble presque à une soirée diapo. Craig Thompson n'a jamais d'angle, il ressemble à un accidental tourist, sans la distance qui pourrait rendre sa vision intéressante, (im)pertinente ou touchante.
Dans le genre, il est presque aussi ennuyeux et vain que le livre de Philippe Girard sur son voyage à St Pétersbourg, mais il faut reconnaître que le dessin de Craig Thompson est beaucoup plus agréable.
Mais il aurait sans doute gagné à ne pas se limiter au noir et blanc, choix qu'il assume (pour se conformer au format de la collection Côtelette, de l'Association, selon ses dire... peut-être espérait-il y être édité, mais aucune chance avec Menu à la barre). J'aimerais voir Thompson se frotter à la couleur. Mais il en avait décidé autrement.