icecool a écrit:celle du Château des animaux n'y a pas sa place selon toi (et moi aussi).
Moi non plus et c'est pas faute d'avoir essayé de la virer. Mais le constat est qu'elle a plu à la majorité du jury (qui était pourtant sensibilisé au fait qu'on ne choisissait pas des albums mais bien des couvertures) et les votants aussi (où à la frontière est plus floue).
Merci à Nirm pour avoir défendu Le repas des Hyènes. Je vais me coller à quelques autres que j'avais proposées (ou pas).
J'attache une certaine importance au rapport entre le titre et l'illustration, et le fait est que dans cette couverture tout est raccord, non seulement le titre mais aussi le sous-titre. On a tous l'inconscient collectifs de la mine, ce puit sans fond, noirâtre, suffocant, claustrophobique. L'environnement périphérique de la composition rappelle tout à fait ça avec au centre, cette fenêtre lumineuse, cet espoir, cette invitation à l'évasion (au sens propre et figuré), au voyage, on passe du minéral sans vie au végétal luxuriant. Avec ce logo sur la porte, ce "T" serti d'une couronne, qui suggère soit la puissance d'un consortium, soit un état totalitaire (d'où l'évasion au sens propre). Un album avec cette couv, toi je sais pas, mais moi j'ouvre.
Pareil, quand je vois ça j'ouvre. Et pourtant c'est tout le contraire de l'autre : Abandonnez tout espoir, comme disait l'autre. Deux couleurs, une compo simple, 2/3 1/3 mais quelle puissance évocatrice. Ce trauma si souvent évoqué par Tardi depuis notre enfance arrive encore à nous sauter à la gueule. Il y a tout, la solitude devant la mort, le tremblement, les trippes en eau, la frayeur, l'insoutenable frayeur, la fragilité du corps devant puissance destructrice et, en fond, en frise, la multitude des compagnons disparus. Couverture puissante, typo sobre. Efficace.
Là encore, la correspondance entre le titre et le sujet : Dans cet enchevêtrement de planches et de palissades, de pas de porte et de devantures, décrivant une ville fourmillante, gigantesque, surgissent deux petites filles, centrales, parfaitement lisibles, effectivement minuscules, où déjà se lisent les caractères des héroïnes, l'une enthousiaste, l'autre timorée. On rajoute à ca la tète de chat et madame souris sur la droite et voilà posé un univers dans lequel j'ai furieusement envie de plonger.
Totalement hypnotique cette couverture. Une épure, presque un logo, qui nous fixe entre stupeur et obnubilation. On est en arrêt, puis on découvre ces thermites incarnates (la chaire) qui grignotent le cerveau dans une symbolique colorée tout à fait cannibale, c'est presque insoutenable. Et puis ce titre (dont on a judicieusement supprimé l'article, plus proche de l'original que la traduction du roman) "FAIM" qui tonne comme un cri, on ne sait pas si c'est un ordre ou une souffrance. Il faut savoir de quoi ça parle ! Ca évoque Kafka évidemment, mais serai-je déçu ? J'ouvre.
Je fais vite il est tard. Un grand classique, mais la cerise sur le gâteau c'est que cette fois ci, ce qu'on voit c'est le reflet, le mirage. Et puis elle est toute mignonne cette couv, en tendresse, ils sont beaux tous les deux avec leurs parapluies en coeur, elle avec son petit coté Audrey Hepburn. C'est une évidence cette couverture, d'ailleurs, sans les fanatiques de chats, elle aurait gagné de loin.