Premièrement, concernant le cas de relay.fr, il s'agit d'une diffusion en streaming. cela signifie : pas d'internet, pas de bd... c'est plutôt idiot côté pratique...
il faut se dire que c'est pour la bonne cause, c'est pour éviter que les méchants clients puissent éventuellement télécharger et pirater le contenu...
Bravo, si si, j'insiste.
En plus, à 4,90€...
Ensuite, concernant le développement des bd dans des formats numériques :
1/ Les supports
Tout d'abord, il faut bien faire la différences entre les types d'écrans :
CRT : écran tube cathodique. Ce sont les bons vieux écrans, bien volumineux, espèce maintenant quasi-éteinte ( :siffle: ).
LCD : écran à cristaux liquides. C'est le maintenant classique écran plat.
Papier électronique : écran utilisant une "encre électronique" (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Papier_%C3%A9lectronique).
Ensuite, l'état de l'art :
Les e-readers :
Depuis maintenant 2 - 3 ans se développent des supports à base de "papier électronique".
Les papiers électroniques ne fonctionnent pas comme des écrans d'ordinateurs (LCD / CRT). Ils n'émettent pas de lumière et ne consomment de l'énergie que lors du changement d'affichage). Le but est d'obtenir un confort visuel similaire à celui du papier.
Pour l'instant ces supports sont en niveaux de gris (8 à 16), d'un format A5 et encore rigides (donc fragiles).
les prix sont encore élevés, mais la concurrence acharnée sur ce marché et surtout la production en masse devraient permettre d'arriver rapidement à un prix de vente de 100$ l'e-reader.
De plus les technologies progressent, les readers en format A4 devrait être commercialisé en 2009, les écrans "souples" devraient entrer en production d'ici un an ou deux et pour la couleur itou pareil.
Voir le site
http://papierelectronique.blogspot.com/ pour suivre l'actualité dans ce domaine.
Si les e-reader actuellement commercialisés suffisent déjà pour la diffusion de manga ou de livres de poches, ce n'est pas encore le cas pour les albums petits et grands formats.
Mais ça va venir.
Les ordinateurs :
Les PC et autre portables se prêtent mal, en général et toujours à mon sens, à la bd numérique. La lecture sur écrans de type LCD (les CRT appartiennent à l'Histoire désormais) est fatigante.
Quoi que... avec un écran 22 ou 24" en mode pivot...
Pour rappel, un 24" format large correspond à une feuille format A3.
et le mode pivot permet de faire pivoter l'écran de 90° (avec ajustement automatique de l'image).
Pour résumer :
Les e-reader devraient être d'excellents supports pour les livres numériques (bd comprisent) mais ne sont pas encore matures (format trop petit, prix).
2/ La numérisation
Plusieurs problèmes sont à considérer :
- les formats de fichiers
- les systèmes de verrous numériques
- la diffusion
La numérisation de la musique est un excellent exemple (de ce qu'il ne faut pas faire, mais ça, c'est une note personnelle).
Les formats de fichiers : deux cas, soit les éditeurs ou les diffuseurs utiliseront des formats incompatibles entre-eux et nécessitant des logiciels de lecture spécifiques afin d'emprisonner le consommateur (modèle économique d'Apple), soit ils utiliseront des formats largement répandus comme le pdf.
Actuellement, je constante l'existence des deux modèles.
Les verrous numériques (ou DRM) sont des systèmes censés limiter ou empêcher la reproductions d'œuvres numériques (avec le succès que l'on peut constater pour l'industrie musicale, cinématographique et ludique). Outre le fait d'entraîner des incompatibilités avec les logiciels de lectures, ces DRM empoisonnent essentiellement la vie de l'acheteur (considéré comme un voleur potentiel par l'éditeur) tandis que le pirate aura téléchargé une version dépouillé des verrous et quasi-gratuitement (si on prend en compte le coût de la bande passante).
Il est possible de discuter longuement sur les DRM, mais je ne souhaite pas alourdir encore ce post.
Enfin, le mode de diffusion : téléchargement (direct ou p2p) ou streaming.
Dans le cas du téléchargement, l'acheteur dispose du fichier en propre (avec ou sans DRM).
Dans le cas du streaming, et pour simplifier, le fichier est lu à la volée via le net en récupérant au fur et à mesure les données sur le serveur de l'éditeur.
(
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lecture_en_continu)
Le streaming est utilisé pour la diffusion de musique, par exemple par deezer.
Problème, si vous n'avez pas accès à l'internet (dans le train, le métro, en déplacement, etc), vous ne pouvez plus consulter les bd que vous aurez "acheter" (louer est plus proche de la réalité).
Autre problème, si l'éditeur fait faillite ou si ses serveurs tombent, même tarif.
Enfin, il ne faut pas oublier le coût.
Le gros avantage de la numérisation c'est le coût zéro de la reproduction !
Or, vendre des morceaux de musique à 0,99€ l'unité, soit aussi cher, proportionnellement, qu'un CD et une arnaque pure et simple.
Tout comme "vendre" une bd 4,90€ en streaming (et avec quelle définition ?).
Résumé : l'industrie du livre ferait bien d'étudier le cas d'école de la numérisation de la musique.
S'il elle n'en retient pas les leçons, d'autres modèles se développeront et prendrons le relais (p2p).
3/ Le mauvais exemple :
L'industrie musicale à complètement raté les évolutions : numérisation de la musique (mp3), internet (diffusion, p2p).
Cette industrie a continué à s'accrocher à un modèle économique dans lequel elle pouveit maîtriser toute la chaîne.
Elle a voulu appliquer ce modèle à l'internet, c'est un échec !
- imposition de DRM et non-intéropérabilité;
- lenteur ou incapacité à proposer leurs catalogues aux formats numériques;
- clients considérés comme des voleurs potentiels;
- lobbyisme intense pour imposer des lois liberticides et répressives (DADVSI, HADOPI (examen à l'assemblée nationale reporté à juin);
- incapacité à proposer une offre attractive (coût prohibitif), ou alors toujours avec une ou deux guerres de retard;
- refus systématique de la licence globale (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Licence_globale).
- développement d'une offre alternative : p2p et piratage (rappel, les réseaux p2p servent aussi à diffuser à moindre coût des solutions libres et/ou légales).
Si l'industrie du livre veut survivre, elle a intérêt à réfléchir sérieusement (et rapidement) à un modèle économique pour le livre numérique.
Elle a surtout intérêt à ne pas répéter les erreurs de l'industrie du disque !
Les points clefs :
- formats interopérables;
- pas de drm ou autres systèmes pénalisant l'acheteur;
- proposer une offre étendue et à des conditions attractives pour le client potentiel;
- ne pas se mettre les clients à dos.
Mais tel que c'est parti, l'industrie du livre et la presse écrite plagiant celle de la musique, ils s'apprêtent à répéter les mêmes erreurs.
Quant au piratage, il y a toujours un moyen de passer outre les protections ou les systèmes de surveillance.
S'aveugler en luttant uniquement contre le piratage ne permettra pas de sauver un modèle économique inadapté.
C'est un peu comme si, à propos de l'extinction des dinosaures, l'environnement devait s'adapter à eux et non eux aux modifications de l'environnement.
Petit rappel sur le p2p :
Première étape : les architectures centralisés (un serveur gère les partages).
Exemple : Napster.
Attaque juridique, fermeture des serveurs.
Passage à la deuxième étape : les architectures décentralisées structurées.
Tout d'abord, Kazaa ou eDonkey : utilisation de super-noeuds (des serveurs) pour gérer les partages.
Attaques juridiques, fermetures de serveurs.
De nouveaux serveurs prennent le relais.
Attaques juridiques et saisie des fichiers de connexion pour attaques les utilisateurs (à partir de l'adresse IP).
Passage à la troisième étape : les architectures décentralisées non structurées.
Passage à des réseaux type Kademlia (Kad).
Filtrage de protocole par les Fai, récupération des adresses IP par les majors.
Passage à des réseaux type Bitorrent.
Idem + attaques juridiques et fermetures des sites diffusants les fichiers .torrent.
Passage à la quatrième étape : brouillage de protocole et chiffrement des communication.
Évolution des clients p2p pour implémenter le brouillage de protocole et chiffrement des communications afin de passer à travers le filtrage.
Si la HADOPI passe, prochaine étape : anonymisation
Migration vers des réseaux de type Freenet, I2P, etc.
Les seuls effets de la répression systématique sont :
- course à l'armement (migration vers des réseaux anonymes et cryptés complètement incontrôlables).
- coûts élevés des dispositifs de lutte anti-piratage (filtrage par les FAi implique utilisation de routeurs supportant cette fonctionnalité, mais passage au chiffrement des communication et brouillage de protocole nécessitent de nouveaux équipement toujours plus puissants, toujours plus coûteux).
Ce post ne prend pas en compte :
- la situation des libraires.
- les arguments du type : "
j'aime l'odeur du papier au petit matin", "
L'e-paper ne passera pas !" et autres déclarations du même acabit.