Tireg a écrit:Oncle Hermes a écrit:Le dessin de Tim Sale est hors norme, ce qui peut évidemment en rebuter certains, mais ce qui fait aussi qu'il a un côté "intemporel". Alors que Jim Lee, malgré toutes ses qualités, il me semble à craindre que ça paraisse "démodé" beaucoup plus vite (comme certains dessins des années 90 par exemple). Toute la scène de début avec Killer Croc, déjà.... bon...
Jim Lee, il suffit de voir ses dessins des années 90 (sur WildC.A.T.S. par exemple) pour se rendre compte que ça ne se démode pas vraiment !
Si son trait s'est affiné avec les années, globalement on retrouve clairement sa patte sur ses travaux, tout comme Silvestri par exemple ou Turner. (Je prends ces exemples parce que leur trait me paraît plus "canonique" des comics, moins marqué que Sale ou Miller)
Je manque peut-être de recul sur ces artistes, mais quand on compare aux dessinateurs sur Knightfall, on sent l'époque ! De même que Jim Aparo a un dessin très marqué par l'époque à laquelle il dessine.
Idem aujourd'hui pour des artistes comme Ivan Reis ou Doug Mahnke qui vont sans doute se retrouver datés années 2000-2010.
Je précise que ce n'est absolument pas un jugement de valeur, j'aime beaucoup tous ces artistes.
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Jim Lee, je le trouvais formidable (mais alors, formidable, vraiment, dans le sens renversant et enthousiasmant) sur ses
Uncanny X-Men. Le #275, daté d'avril 1991, est une pure merveille, l'encrage de Scott Williams est encore un peu rond, et privilégie les masses noires aux hachures hystériques. C'est magnifique.
C'est sur
X-Men, puis sur
WildC.A.T.s que j'ai commencé à lâcher : les poses étaient forcées, la composition des planches privilégiait les grandes illustrations, les visages étaient crispés et inexpressifs, et l'encrage devenait de plus en plus sec et cassant. Et j'ai trouvé que ça allait de pire en pire.
Alors ouais, Silence est un bon passage dans sa carrière (ceux qui ont suivi
Divine Right savent ce que c'est, un mauvais passage dans sa carrière). Mais contrairement à l'explosion esthétique d'
Uncanny X-Men (le #268 également est une pure merveille), on voit bien qu'il a atteint un sommet qu'il ne retrouvera plus.
Pour Aparo, son travail sur
Knightfall est une prestation de "fin de carrière", on va dire. Et qui ne rend pas honneur à ce formidable dessinateur. Il ne s'encre plus lui-même, il perd beaucoup de profondeur. Son meilleur boulot, c'est la moitié des années 1970. Et là, je conseille la lecture de ses
Brave and the Bold, compilés chez Urban dans
Batman la légende (ici :
http://www.comics-sanctuary.com/forum/b ... 61481.html ). On y voit un trait dynamique, avec des personnages très beaux, et un encrage lâché qui met les drapés et les volumes en avant.
Ivan Reis, il m'épate. Il a absorbé le meilleur de Neal Adams et le meilleur d'Alan Davis, et il en tire quelque chose de magnifique. Il a des crayonnés précis, mais il est également encadré d'encreurs qui le mettent en valeur, notamment en travaillant les ombres, les volumes. C'est vraiment très élégant.
Lui et Doug Mahnke, ils ont sérieusement évolué. Reis bossait il y a presque vingt ans dans un style plus
cartoony manga (voir ses
Ghost), lorgnant vers des gens comme Madureira ou Campbell (pour situer). Mahnke travaillait dans un style plus parodique voire plus caricatural, avec plus de traits et de détails (voir ses
Mask, mais aussi ses
JLA ou ses
Superman, y en a des exemples dans
Empereur Joker qui arrive bientôt en VF). Ils ont considérablement changé au fil des ans.
Ces transformations (volontaires ou pas) me laissent penser que dire d'un style graphique qu'il est daté me semble bien aventureux. Déjà parce que les mecs évoluent, avec l'entourage, avec le marché, avec aussi les séries qu'on leur confie. Ensuite parce que leur travail renvoie à des prédécesseurs. Ivan Reis, par exemple, il a une approche "classique" du dessin, quasi académique. En cela, il s'inscrit dans la perspective d'un Neal Adams (ou d'un Aparo, d'une certaine manière). Le style actuel de Reis lui aurait permis de briller au firmament à côté de Neal Adams en 1970 ou à côté de Jim Lee en 1992. En quoi l'académisme d'un dessin pourrait le dater ? J'ai plutôt l'impression que ça le rend atemporel. Donc indémodable.
Jim