Lors de ma lecture des 7ers tomes, j'ai souvent éprouvé des sentiments ambivalents :
Côté face : des visages qui laissent souvent le lecteur perplexe, des visages de petits hommes médiocres, veules, souvent laids, mais qui collent bien sans doute à la réalité...
et qui finissent par être la signature du dessinateur. Côté pile : le dessin de Beuriot reconstitue vraiment bien le cadre historique : les villas, les hôtels, les salons avec les grandes verrières qui donnent sur un parc soigné, les façades art déco, les immeubles superbes, les voitures et les tenues de l'époque.
Côté face : un personnage principal assez mou (pour reprendre le terme de Pouffy) du moins au début, terne, un brin neurasthénique. Côté pile : un personnage finalement élégant, qui s'amuse discrètement de certaines situations, qui a, malgré cet aspect lisse, de profondes convictions et dont les combats intérieurs sont peints avec subtilité au fil des tomes.
Côté face : la volonté parfois trop évidente des auteurs d'insérer à tout prix leur histoire dans un cadre réaliste avec des scènes du quotidien d'une grande banalité : " C'est un grand jour... Votre fille est allée sur le pot ! " ou " Vous mangez des carottes râpées ? " (variation de " Comment est votre blanquette ? Elle est bonne. "), bien que ces scènes ne soient pas totalement gratuites
et qu'elles ne soient pas liées
. Côté pile : une description authentique de ces personnages ordinaires qui doivent s'accommoder de leur nouveau quotidien sous la botte nazie, de ces bons bourgeois qui assistent parfois avec satisfaction à l'arrivée d'Hitler au pouvoir, de ces personnages dont la mesquinerie et l'envie auront parfois des conséquences terribles, de ces hommes et femmes ordinaires qui à l'inverse décident de devenir les petites mains de la résistance et qui paieront souvent cet engagement de leur vie. Comme dans " Madeleine ", on voit d'ailleurs bien qu'un coup du sort pouvait dans ce contexte de terreur permanente sceller le sort d'un individu.
Côté face : de nombreux personnages qui se ressemblent parfois, il faut lire avec attention chaque album pour ne pas se perdre. Côté pile : une fresque historique vraiment bien fichue qui mêle avec habileté et rigueur les drames personnels et la grande histoire, les personnages fictifs et historiques.
Alors, j'en suis là de ma réflexion, mais je crois bien que je vais me procurer les tomes 8 et 9.