de yvantilleuil » 26/02/2008 10:17
"L'accablante apathie des dimanches à rosbif" : voilà un titre qui n’est pas vraiment alléchant, mais qui est suffisamment intriguant pour qu’on ait envie de savoir de quoi ça parle. Et, le moins que l’on puisse dire est que pour son premier album, Gilles Larher a choisit de s’attaquer à un thème difficile à aborder : les derniers instants d’un malade en phase terminale !
Si Charles Masson avait déjà parlé de son quotidien en compagnie de ses gens que la maladie emporte dans "Bonne Santé", Gilles Larher nous invite à en prendre un par la main et à l’accompagner durant les derniers mois de sa vie. Suivre pendant près de 250 pages une personne atteinte du cancer n’a rien de réjouissant, mais en choisissant un comique comme personnage central, Gilles Larher va parvenir à prendre le lecteur à contre-pied de manière assez magistrale. Il parvient ainsi à combiner un ton humoristique à un sujet extrêmement douloureux et dose les deux tellement savamment que le lecteur ne sait parfois plus s’il doit rire ou pleurer. Dans le doute, j’avoue avoir souvent combiné les deux, chose qui ne m’était jamais arrivée en lisant une bande dessinée.
Brice Fourrastier, celui que l’on va enterrer, est une bête de scène, mais également un séducteur invétéré. Après un début d’album qui me laissa légèrement dubitatif, le pouvoir de séduction opéra. Il ne fallu dès lors plus que quelques pages pour que je m’accroche à lui et l’accompagne corps et âme dans cette tournée d’adieu qui l’emmène inéluctablement vers sa dernière révérence. Une ultime tranche de cette vie abruptement écourtée, dont il profite pour informer ses proches et leur faire ses adieux, moi inclus !
Pour un premier album, l’écriture, principalement sous forme de monologue est d’une maestria incroyable. Gilles Larher parvient à mélanger un humour d’une grande finesse qui m’a continuellement fait éclater de rire à des émotions profondes qui m’ont trop souvent fait fondre en larmes.
Dans ces moments où l’on évite d’arborer trop de couleurs, le graphisme noir et blanc de Sébastien Vassant fait également des merveilles et accompagne avec pudeur cette véritable montagne russe de sentiments qui m’aura bouleversé au-delà d’une fin aussi magistrale que le reste de ce chef-d’œuvre. Un one-shot plein d'humour et de finesse qui donne tant de sens à la vie.
"L'accablante apathie des dimanches à rosbif" est ma plus grosse claque depuis la lecture de "Maus : un survivant raconte" ! J’ai relâché cette œuvre totalement vidé. Vidé d’avoir accompagné un mort en sursis durant ses derniers instants, d’avoir pleuré la mort d’un type que je ne connaissais n’y d’Eve ni d’Adam, un type sympa avec qui j’ai passé de bons moments et bien rigolé et qui m’a abandonné plein de désarroi au moment de tourner la dernière page.
Salut Brice, ravi de t’avoir connu !
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