J'arrive après la bataille. Un bien bel album en effet qui s'attache à nous montrer le rôle de la discipline au sein de l'équipage, les conditions difficiles à bord de ces " geôles flottantes " et les luttes de pouvoir qui s'y déroulent. C'est vrai que le grand format, la qualité du papier, les couvertures, ça en jette. J'aime beaucoup le plan en coupe du navire et les gravures au début de chaque chapitre (visions précises d'un monde en miniature mais dont l'animation est clairement perceptible) et le grand format permet de les contempler longuement.
Par rapport au récit de Dabitch, l'ajout de Hayes et Lucretia est intéressant. On s'attache à ce duo. Les 2 récits montrent bien, chacun à leur manière, comment la course au profit, les lois du capitalisme préparent les conditions de l'anéantissement des individus. Le Cornélius de Dabitch était bien flippant (c'était le premier aussi), mystique, gardant sa part de mystère, d'insondabilité, celui de Dorison semble plus machiavélique, pragmatique peut-être. Dans tous les cas, ça va saigner dans le tome 2...
Une fois le livre refermé, perdurent quelques sensations (le roulis, la puanteur, le vent dans les gréements, le bruit régulier et inquiétant d'une pièce de bois contre une autre...) et quelques trognes de marins (on pourrait faire un parallèle avec Les passagers du vent), autant de signes qui montrent que les auteurs ont soigné leur univers et la galerie des personnages.