Puisqu'il y a Lemkor avec sa candélabrantesque série et l'ami Asceltis avec ses candélabrantesqaues séries aussi, je crée ce petit topic pour faire découvrir mon dessinateur favori à d'éventuels lecteurs, et pour que chacun vienne donner son avis sur son oeuvre, son album préféré, ses impressions de lecture, etc...
Petits visuels et avis persos:
Cette Bd est un bouleversement pour l'adolescent en quête de lui-même. On tombe dessus par hasard, et c'est tout un univers fait de petites choses du quotidien, de merveilles cachées qui nous tombe dessus, pour notre plus grand plaisir.
Dans ce premier tome, Broussaille découvre ce qui l'entoure, qui se tait et vit en silence - le passé d'un écrivain de son quartier, une baleine sous le musée voisin, un amour qui attend - mais qu'il peut entrevoir grâce à son oeil contemplatif et de part sa nature rêveuse.
Sensible et curieux, il s'ouvre au monde, et nous avec, respirants à plein poumon ces pages superbement dessinées où règne une tendresse et une douceur rassurantes.
L'atmosphère de la ville y est particulièrement bien rendue, au sein de laquelle Broussaille se laisse glisser, et bientôt nous nous sentons dans cet album comme un poisson dans l'eau.
Cette série est un hasard, mais tout n'est que hasard, tout semble couler de source, et Broussaille nous apprend qu'il faut se laisser guider par ses émotions pour pouvoir s'accomplir. Rares sont les oeuvres qui ont un écho aussi fort dans notre existence, qui parlent de nous, de nos envies, de nos élans et de notre humanité.
FRANK et BOM signent là un petit chef d'oeuvre simple et magique, où un jeune homme avec ses cheveux en bataille vient s'immiscer dans un coin de notre tête pour ne plus en sortir. Broussaille est un ami, comme un frère, et c'est l'auteur qui se dévoile, pour nous apprendre à mieux voir.
Les premières planches me mettent d'emblée dans une atmosphère familière qui me charme et me renvoie à des rêves quant au devenir de cette série que je croyais oubliée de tous. Brou se retrouve seul, le soir, et commence à écrire. Je m'attends à une histoire avec Catherine, à Bruxelles, et je m'imagine déjà une suite à mon idée, mais il n'en est rien. Après cette introduction, Brou nous plonge dans ses souvenirs, au gré de papiers auxquels il nous a habitué. [...]
Il y a suffisamment de niveaux de lecture différents pour déceler un intérêt à chaque partie, et les idées émanent de manière très personnelle, mais très cohérente au fur et à mesure. Le propos est légèremment symbolique et métaphorique, mais il fait retentir en nous des échos bien distincts et intimes pour ceux qui partagent la même sensibilité que son auteur. Par moments le récit est volontairement onirique et fantaisiste, et à d'autres il se dégage principalement une vision de la vie et un mode de pensée qui nous touchent par leur clairvoyance et leur humanité.
Certes, j'étais un peu décontenacé par l'aspect trop éclaté, par l'omniprésence d'un thème que j'aurai bien aimé voir développé au sein d'une histoire plus concrète et actuelle. Mais là n'est pas le but de FRANK, qui délivre son avis et ses questionnements sans concessions, sincère et entier. Chaque papier participe à l'unicité de l'album, suivant fidèlement le cheminement de Brou face au faune qui est en lui et autour de lui. La nature lui parle, et il est en son coeur, car il sait l'écouter et la contempler. L'évocation de ses souvenirs, puis de cette rencontre fabuleuse et ce qu'elle fait naître chez lui est aussi une histoire, une parenthèse dans sa vie, qu'il veut coucher par écrit, comme le fait FRANK avec cette oeuvre.
Un tournant se dessine dans cette série, un nouvel élan, et tout ici nous donne à ressentir ce changement qui s'opère "Tu vas devoir mourir pour pouvoir renaître!" lui dit le vieux chamane. Et nous renaissons avec lui. La vie s'ouvre en grand, comme elle l'a toujours fait, et chaque petit instant est une merveille. A nous de savoir le voir...
C'est le rôle du faune. Nous avons tous un être qui nous épaule et qui nous guide.
Zoo, la consécration d'un auteur de génie, Frank Pé, sur un scénario de Bonifay.
Zoo, la deuxième facette de ce dessinateur immense déjà coupable des trois superbes premiers tomes de BROUSSAILLE, le personnage qu'il a crée dans les années 70 et auquel il fait vivre des histoires superbes, entre quotidien et merveilleux, rêverie et nostalgie d'un aautre temps, cetemps qui est si décalé en BD, toujours plus précieurx à nos yeux lorsqu'il réinvente notre passé et lui donne ses couleurs.
Zoo, le paroxisme de son art graphique, en couleurs directes, avec toute la liberté pour ne pas raconter d'histoire, mais plutôt susciter des émotions, faire ressentir la magie des couleurs, des odeurs, du silence, des personnages, des animaux, des lieux - ce zoo imaginaire ( pas loin de chez moi, en normandie
), creuset de toutes les vissiscitudes de la vie du début du siècle.
Car Zoo c'est avant tout une métaphore sur l'existence, notre rapport à la nature maîtresse, à notre propre nature humaine, avec l'ambivalence entre l'amour omniprésent pour les êtres et les animaux, et la bêtise des hommes qui engendre la plus ignoble des violence, la guerre qui s'annonce...
Il ne nous reste donc plus qu'à goûter au plus insignifiant bonheur, dans la vie simple et surréaliste de ce zoo, entre les sculptures de Buggy, artiste secret et conscient du monde; les regards ravageurs de Manon, enfant faite de sensualité et d'innocence; la douceur d'Anna, symbole de la douleur ( car ce sont les hommes qui font souffir et les femmes qui souffrent ), et les grognements bourrus de Célestin, "père orphelin", médecin malgré tout.
Zoo, c'est une arche de Noé, et vous êtes tous conviés à bord !!
Voila, à vous
Jolan, le gars qui n'a le droit de ne rien dire, sinon ses posts sont supprimés illico par Nexus.