«Satisfait ou remboursé», «coup de cœur», «indispensable» ... il y a des libraires passionnés par le neuvième art qui ont le courage de tenter de diriger les achats de leurs clients vers certains albums et cela malgré des goûts et des couleurs qui varient souvent énormément d’un lecteur à un autre. Pour ma part, le libraire peut garder mon pognon car cet album « coup de cœur » est bel et bien déjà un indispensable parmi mes achats de 2006.
Déjà, il y a cette couverture bien sombre, qui attire immédiatement l’attention quand on balaye du regard les (trop) nombreuses nouveautés étalées dans les librairies. Une couverture bien sombre tout comme le contenu de ce polar judicieusement noir.
Une narration qui vous cueille dès la première page, vous prend aux tripes et ne vous lâche plus avant la fin. Une voix off qui, tout comme dans d’autres chef-d’oeuvres du genre, tels que «Sin City» ou «Berceuse assassine», vous emmène au cœur du résonnement des personnages. Une narration qui va nous permettre de suivre la descente aux enfers des deux protagonistes de cette trilogie : Scott, le joueur de poker et Cody, le garagiste.
Une histoire pourtant assez simple, basée sur deux histoires parallèles, où l’on va accompagner tour à tour ces deux individus, en passant habilement d’une histoire à l’autre. Un rythme excellent, un suspens que l’on devine encore plus grand sur la page suivante et qui nous emmène crescendo vers la dernière page.
Comme décor, un petit bled perdu au fond du Kansas répondant au nom de «Hope», car la plupart des habitants y vivent dans l’espoir de pouvoir un jour quitter ce patelin paumé. Une seule route où personne ne passe, motels crasseux, petits bars mal éclairés et enfumés, une ambiance du fin fond des States, décor propice au développant de ce thriller sombre qui emmène lentement ses lecteurs vers l’abomination et l’horreur qui se cache derrière ce décor typiquement américain.
Le graphisme précis et très clair pourrait être un peu plus sombre afin de contribuer un petit peu plus visuellement à l’ambiance glauque et malsaine installée principalement par la narration et l’histoire. Mais, même si le dessin n’installe pas cette ambiance glauque dans chaque case comme il le fait brillamment sur la couverture, il la suit très bien et contribue à la lisibilité excellente de cet album.
Bref, le meilleur début de triptyque depuis «Berceuse assassine» dans le genre polar noir !
Bravo et merci aux auteurs !