Adepte de l’image fixe tendance picturale, avec son style légèrement charbonneux reconnaissable entre tous, Götting est à priori à classer dans la catégorie esthète avec Hyman et Loustal.
Mais il n’est pas qu’un dessinateur talentueux et cultivé, il se révèle aussi depuis quelques albums un excellent scénariste.
Dans un scénar malin et plus abouti que le déjà bon Pigalle 62.27 réalisé pour Loustal, l’auteur suit un banal employé de compagnie d’assurances d’une bourgade de l’Amérique profonde, employé si banal et si proche que le processus d’identification avec ce non-héros s’en trouve facilité. Celui-ci se pique de mener une enquête policière, et on dénoue avec lui les fils d’une histoire glauque.
L’auteur use de récitatifs nombreux mais jamais lourds, tout à fait en cohérence avec d’une part son style de dessin (Götting a beaucoup œuvré en tant qu’illustrateur), d’autre part avec l’esprit du roman noir.
Noirceur qui vient ici de l’ambiance générée par la description très précise de cette petite ville des 50’s, avec ses petits pavillons, bagnoles, garagistes, baraque à donuts le long de la promenade, petits commerçants qui vivotent, et de ce protagoniste obsessionnel embarqué dans cette aventure, peut-être aussi pour échapper à cet american way of life bien étouffant.
La courte séquence du cauchemar aux relents burnsiens est particulièrement belle
et significative du twist final
.
Jolie surprise.