de euh... si vous le dites » 15/12/2018 17:52
Quelques relectures.
* Pride & joy, mini-série en 4 numéros dessinée par John Higgind (initialement parue chez DC Vertigo et à présent disponible en TPB chez Image).
A créditer parmi les belles réussites de Garth Ennis.
Rien de bien inattendu dans ce polar hardboiled très tendu mais comme souvent Ennis emporte le morceau grâce à sa capacité à faire vivre ses personnages. Il en profite pour ausculter une nouvelle fois la masculinité au travers d'une double relation père - fils très bien mise en scène.
On pourra certes regretter les dialogues abondants entre le père et le fils alors que l'on peut considérer qu'ils ont d'autres chats à fouetter face à une menace invisible mais toujours présente, mais ce serait un peu chipoter.
Dans un registre proche, la mécanique du récit n'est sans doute pas aussi fluide que chez Brubaker mais ça me semble plus que largement compensé par une dynamique entre les personnages plus riche et intéressante.
Le résultat est plus viscéral, là où j'ai souvent l'impression que Brubaker récite ses gammes avec beaucoup de talent mais de manière un peu scolaire.
* Unknown soldier, mini-série en 4 numéros dessinée par Killian Plunkett et sortie chez DC Vertigo
Une autre réussite.
On est ici plutôt dans la veine où Ennis revisite l'histoire sombre des Etats-Unis au travers de ses implications guère recommandables (c'est un euphémisme) et plus ou moins occultes dans les conflits de la deuxième moitié du 20ème siècle.
Il le fait ici au travers d'un personnage issu de l'écurie des comics de guerre DC, personnage qu'il transforme en sociopathe vengeur ultime.
Il le fera à nouveau ensuite, avec encore beaucoup plus de brio et sur un mode plus mélancolique, avec son Fury MAX avec Goran Parlov.
Ceci dit, cet Unknown soldier reste tout à fait recommandable.
* The Pro, one-shot avec Amanda Conner
On sait tous que Garth Ennis n'aime pas les comics de super-héros.
Il a d'ailleurs réussi la performance assez unique de bâtir une superbe carrière dans le comic mainstream sans pratiquement jamais s'y coltiner (je ne considère pas ses Punisher comme du comic de super-héros).
On ne le soulignera jamais assez.
Alors, quel intérêt pourra-t-on donc trouver aux pochades graveleuses dans lesquelles il s'attaque lourdement au genre?
Ca variera d'un lecteur à l'autre.
Personnellement, je trouve leur intérêt au mieux anecdotique.
The Pro atteindrait ce niveau anecdotique s'il était drôle mais mis à part le coup de l'éjaculation qui arrache l'aile d'un avion en vol, c'est malheureusement l'encéphalogramme plat.
Ca se veut irrévérencieux mais c'est juste nul.
Si on veut lire un comic de Garth Ennis drôle et qui évolue dans un cadre super-héroïque (et qui en plus ne se limite pas du tout à ça), mieux vaut se tourner vers Hitman, une des ses réussites les plus éclatantes.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"