de Nirm » 17/04/2015 19:59
Lecture terminée et je dois dire que j'ai bien aimé.
Alors oui, c'est vrai que c'est un peu "facile" comme peinture des États-Unis, que c'est même peut être un peu vain, mais je reste sur une très bonne impression.
Lax construit son introduction en mettant en parallèle les points communs entre les Cervantes.
Mike, le sien, et Miguel, père de Don Quichotte.
La mutilation, la captivité, la solitude puis la libération. C'est déroutant.
De retour au pays, marqué autant physiquement que psychologiquement par la guerre en Afghanistan, on assiste à ce qui résume sa vie en fait: une incapacité à s'intégrer à sa ville, à la société, au monde qui l'entourent.
J'ai trouvé ses réflexions profondément humaines et légitimes à défaut d'être toujours pertinentes.
Les subprimes, la pauvreté, l'immigration clandestine, l'évangélisation (via la TV), la mise au ban des indiens, Internet, la censure puritaine tout ça nous est conté via la fuite en avant du héros.
C'est déjà vu, certes, mais c'est aussi le quotidien américain sur les 15 dernières années et j'ai trouvé le traitement original.
Ça va un peu vite, les événements comme les rencontres s'enchaînent, mais ça évite les lourdeurs en ne traînant pas en longueur.
Le rythme des événements colle parfaitement au rythme avec lequel Mike s'enfonce dans sa folie.
Sa découverte de la lecture en général et de Don Quichotte en particulier sert à la fois de déclencheur à sa quête et de catalyseur à cette folie.
Il s'en sert pour légitimer son raisonnement.
Comme le héros imaginaire (leur "relation" particulière sert de fil rouge au récit) il refuse l'évolution actuelle de la société et décide de ne pas se plier aux règles qu'il juge absurdes quitte à se cacher et fuir, encore...
On peut ou pas adhérer au propos. Personnellement, je me suis laissé embarquer par Lax dans les pas de son loser, paumé. Combattant ses démons sans vraiment savoir si cela le mènera vers un ailleurs meilleur, ou au moins différent de ce qu'il connaît.
Comme en plus, graphiquement, l'auteur fait très fort (alternant crayonnés, dessin au fusain, aquarelles au gré des décors et des situations, certaines planches m'ont régalé) je me suis laissé porter facilement avalant les 180 pages d'une traite.
Bref, une belle balade sociale, cynique et désabusée sur (et à travers) les États-Unis des années 2000 mise en image de manière magistrale par Lax.
Pas vraiment un road trip, pas du tout un polar, ni même une critique au vitriol de ce pays, je pense en effet que si on adhère pas à cette fable qu'on sera déçu.
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Nirm le 18/04/2015 12:44, édité 2 fois.
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