Loup Solitaire a écrit:Il y a d'autres runs incontournables sur le personnage ?
actuellement, j'entends beaucoup de bien de ce que fait Jason Aaron, mais je n'ai pas encore commencé à lire.
Yep, carrément. À mon avis, le run actuel (depuis fin 2012) de Jason Aaron fait ou fera partie des "incontournables".
L'excellente idée d'Aaron, c'est de jouer, d'emblée et tout du long, sur trois "temporalités" différentes, autant de visions du personnage, et encore plus de possibilités... Il y a le Thor jeune, qui arpente la Terre du temps des Vikings, avec essentiellement dans l'idée de passer du bon temps à se battre, boire et baiser. Il y a le Thor du présent, membre des Avengers et prince d'Asgard. Et il y a le Thor vieux, mutilé et fatigué, d'un futur distant de plusieurs millénaires où il est devenu le nouvel
allfather.
Du coup, Aaron peut, selon les cas, "combiner" les trois pour donner plus d'ampleur épique à une intrigue s'étalant sur une (très) large période -- c'est le cas des deux premiers arcs qui confrontent le(s) personnage(s) à un mystérieux et surpuissant "tueur de dieux" --, ou faire porter l'accent sur l'un plus particulièrement pour jouer avec souplesse sur les différents types d'univers et d'histoires qui peuvent être liés à Thor : aventure de super-héros, guerre dans les Neuf Royaumes (avec la formation d'une "Ligue des Royaumes"),
heroic fantasy,
space opera... Il y a même un très beau numéro (12) en forme de bribes de chroniques du quotidien, où l'on voit simplement le dieu passer du temps avec quelques-uns des habitants, connus (des lecteurs) ou anonymes, de cette Terre vers laquelle il revient toujours. Le tout en donnant toujours l'impression qu'Aaron sait très bien mener sa barque, et vers où il nous emmène, bâtissant sa grande intrigue petit à petit au-delà de la succession et de la variété des arcs.
Et cerise sur le gâteau, 16 des 24 numéros à ce jour sont superbement mis en image par un Esad Ribic en très, très grande forme : il m'est arrivé par le passé de lui reprocher son côté "peinture" / "illustration" statique qui donne l'impression d'une espèce de sous-Alex Ross (exemplairement sur
Silver Surfer: Requiem), mais là, il conjugue l'essentiel de son style et de son talent avec les exigences d'une narration BD classique, et le résultat est excellent.