Bon ,je suis assez étonné qu'il n'y ait pas plus de réactions que cela à la sortie de cet albums...
bon...
" L’encyclomerveille d’un tueur » ou l’apprentissage d’un jeune antillais recueilli par un fossoyeur après avoir perdu ses parents .Voilà le pitch de départ, et après lecture on peut se dire (sans rien révéler du scénario) qu’on va suivre ce jeune dans un parcours initiatique ou il apprendra autant du métier de son mentor que de la vie et des secrets qui entourent le décès de sa famille. Une ligne rouge assez classique à priori mais où les ingrédients finalement révèlent un peu plus de richesses et de subtilités.
Déjà cet album de 54 pages se déroule exclusivement dans le même lieu, un cimetière martiniquais, dans lequel nos deux protagonistes exercent leur métier : enterrer les morts dans le monde réel, celui des vivants.
Car oui il y a plusieurs mondes parallèles et ceux-ci sont de plus en plus menacés à cause des « failles » par lesquelles circulent des créatures imaginaires. Les failles voilà le centre de l’album et, Ségur joue avec elles aussi bien narrativement que graphiquement.
Celles-ci sont autant dans les cases que « hors » cases et ces représentations participent largement à nous faire entrer dans ces mondes parallèles. En effet, comme déjà dans « les légendes des contrées oubliées », Ségur nous montre mille fois encore qu’il ne reste pas coincé dans le gaufrier traditionnel d’une planche mais qu’il exploite totalement la page, méthode que n’aurait pas dénigré un certain Fred auquel d’ailleurs Ségur fait un petit clin d’œil.
Ici donc les cases n’ont pas de bords, les marges et entre-cases sont exploitées, les contours déformés, les strips ondulés, là des cases sont à fond perdu, des pleines pages, des cases qui se déforment à l’apparition d’une faille, bref tout est mis en œuvre pour que le talent de Ségur explose à chaque planche!
Et ça marche, comme le jeune héros, on est réellement émerveillé par ces mondes qui s’ouvrent à nous, dévoilant des richesses et créatures loin du folklore héroïque-fantaisiste traditionnel.
L’occasion pour Ségur de nous livrer un bestiaire fantastique original comme il sait si bien le faire. Au milieu des anticris à zailes et autres zombis des cannes à sucre, on peut apercevoir des « têtes » bien familières, du balrog au hobbit , de la Maria de Metropolis au petit prince, en passant par Wall E, Terminator, le robot du château dans le ciel, le bonhomme en pain d’épice de Shrek, l’Espadon, Briareos, Hellboy et j’en passe, vous laissant le plaisir de les reconnaître tous..
Graphiquement donc on en prend plein la vue
, le trait de Ségur s’est encore amélioré avec les années et sa maîtrise de la couleur « traditionnelle » est totale, lui mêlant subtilement une utilisation de photoshop des plus efficaces, difficile même pour un œil avisé de deviner toutes les parties « informatiques » tant la cuisine de l’artiste « accommode » parfaitement les deux médiums.
Depuis le Roi des méduses et après plus d’une décennie sans nous livrer d’album le grand Ségur est de retour avec cet album « sur mesure ». Une histoire fantastique assez originale dans son contenu et son traitement, soutenue à la fois par de très bons dialogues et des planches magnifiques, une suite qui s’annonce tout aussi prometteuse.
Bref, courez vite vous l’offrir !!!!