Je viens de finir le tome 1 et je n'ai pas eu la meme lecture que mes honnorables collegues
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A mon avis ce Gekiga comme beaucoup publier a l'epoque (fin annee 70) plus qu'une lecon d'histoire, c'est tout d'abord un commentaire social sur une societe (celle des samurais) regit par des lois et coutumes qui ont perdu leur sens et deviennent un dogme a la limite de l'absurde.
Les deux personnages principaux: Sakon Shiba et le jeune Juzaburo se rebellent tous deux contre des doctrines qui les enchainent. La ou Hirata rend les choses interessantes, a mon avis, c'est que ces deux rebels sont aussi des antagonistes puisque l'un a tue le pere de l'autre et les doctrines qu'ils combattent empeche Juzaburo de se venger.
On peut penser qu'a travers cette histoire Hirata commentait aussi a sa facon la societe japonaise de la fin des annees 70 ou les mouvements etudiants rejetaient le dogme de leurs aines, un peu a l'image d'un Shirato Sanpei avec Kamui.
Par ce voeu de realisme historique on s'eloigne de Lone Wolf qui est une vision plus idealisee du samurai vengeur. Ogami Itto n'est pas un "mangeur de patate!"
Sur le plan graphisme Hirata se rapproche un peu de Kojima mais utilise beaucoup plus de hachures d'epaisseurs variees ce qui peu donner un aspect brouillon ou lourd au dessin mais il y a derriere ce trait tres nerveux une tres grande virtuosite et un tres bon sens de la composition, a mon avis. C'est etrange certaines cases me font penser a du Toppi ou du Pratt.
Sur le plan de la narration c'est beaucoup moins cinematique que Kojima. Mais il varie la grandeur des cases de maniere assez etonnante ce qui donne un rythme atypique. Il utilise aussi des scenes muettes pour montrer les consequences de certains moment fort de l'histoire de maniere assez inattendu. Il y a la une recherche narrative certaine que je ne qualifierai certainement pas de "lourde."
Il est vrai que surtout dans le premier chapitre le texte decrivant la situation de ces samurais reduits a la pauvrete est un peu repetitif et on se demande ou il veut en venir. Mais la structure de l'histoire est assez originale et ne nous donne pas voir ce qu'aurait imagine. Je pense notament au flashback de Juzaburo avec son pere parlant de sa fiance assassinee. Hirata ne nous montre rien de la scene de meutre et le pere n'admet pas sa faute tout est non-dit, cacher par le dogme d'honneur.
Je suis assez curieux de lire les 2 autres tomes qui m'attendent sur mon etagere. Esperons que cela tienne la route sur la longueur mais il n'y en pas 28 tomes comme Lone Wolf
Mention speciale pour l'excellent extra a la fin du volume un avec la bio de Hirata et des infos historiques. Bien joue Delcourt!