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[PREVIEW] Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu - Gallimard

Et toute cette sorte de choses . Fais pas semblant de pas comprendre

Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede euh... si vous le dites » 10/03/2020 13:25

Message précédent :
superboy a écrit:Quand Bagieu abandonne une formule couramment usitée avec un sens précis qui n'a rien de discriminant parce qu'une ou plusieurs personnes concernées au premier chef pense que cette "exotisation" relève d'une forme de racisme, ce qu'elle abandonne en réalité c'est sa capacité de jugement. "Eux ont subi le racisme, ils sont donc mieux placés que moi pour décider ce qui l'est ou pas." Ce que cette posture a de problématique à mon sens, c'est de laisser seules des personnes touchées, voire jusqu'à traumatisées par le sujet, décider pour la collectivité, de la même manière qu'il serait dangereux pour des tas de raisons de laisser les victimes juger leurs bourreaux.


Pourquoi y voir nécessairement un abandon de la capacité de jugement ?
De même qu'un auteur se documente sur un sujet avant de l'aborder dans son oeuvre, on peut très bien y voir une manière de recueillir des informations qui vont enrichir la capacité de jugement.
Dans le cas présent, Bagieu choisit de modifier son oeuvre. C'est un choix qu'elle opère. Et derrière ce choix, il n'y a pas oblitération de la capacité de jugement.
Elle aurait très bien pu considérer que les nouveaux éléments dont elle dispose ne sont pas de nature à nécessiter une modification de son oeuvre.
Si on va au bout du raisonnement, on peut même dire qu'avant de récolter de nouveaux éléments, elle n'exerce aucune capacité de jugement vu qu'elle utilise la métaphore de la lionne sans un instant penser qu'elle puisse se révéler problématique, par inadvertance, par ignorance d'une information qu'après coup elle a décidé de considérer comme pertinente. Ce n'est donc qu'après qu'elle porte un jugement sur la situation.
Il n'y a pas pour moi de transfert de la décision.
Bagieu n'abandonne pas à ses interlocuteurs la décision quant à ce qui doit figurer ou pas dans son oeuvre.

En disant "il est difficile pour moi d'arbitrer ce qui est raciste et ce qui ne l'est pas," elle se défausse simplement de sa responsabilité sur des twittos inconnus. Je n'y vois rien de noble qui mérite d'être salué, mais une petite lâcheté. Écouter les opinions provenant d'expériences diverses est important dans la construction de la sienne, mais encore plus crucial est de l'assumer pleinement ensuite.


Dire qu'il est difficile de procéder à un arbitrage n'implique pas de facto que l'on se soustraie à l'opération ni que l'on n'assume pas ensuite l'opinion qui en résulte.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede superboy » 10/03/2020 13:51

euh... si vous le dites a écrit:Pourquoi y voir nécessairement un abandon de la capacité de jugement ?

Parce qu'elle n'est clairement pas convaincu par les arguments objectifs de ses interlocuteurs, elle se place bêtement sous l'autorité que confère à ses yeux leur expérience de première main. Recipe for disaster. Si elle avait ajouté " ils m'ont fait changer d'avis", alors je n'aurais rien eu à y redire. Mais ce n'est pas le cas. Elle dit "il est difficile pour moi d'arbitrer ce qui est raciste et ce qui ne l'est pas."

Cette posture, ce n'est pas la première fois que je la rencontre. Corbulon a la même. Ce n'est donc pas une maladresse ou un qui pro quo, et j'ai très envie de la tester.
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede euh... si vous le dites » 10/03/2020 14:17

superboy a écrit:
euh... si vous le dites a écrit:Pourquoi y voir nécessairement un abandon de la capacité de jugement ?

Parce qu'elle n'est clairement pas convaincu par les arguments objectifs de ses interlocuteurs, elle se place bêtement sous l'autorité que confère à ses yeux leur expérience de première main. Recipe for disaster. Si elle avait ajouté " ils m'ont fait changer d'avis", alors je n'aurais rien eu à y redire. Mais ce n'est pas le cas. Elle dit "il est difficile pour moi d'arbitrer ce qui est raciste et ce qui ne l'est pas."


Tu retournes ses propos.
Elle entame en disant "il est difficile pour moi d'arbitrer ce qui est raciste et ce qui ne l'est pas." et ensuite elle illustre cette difficulté avec un exemple concret.
Affirmer qu'il est difficile d'arbitrer sur le sujet, ça me semble juste être de l'honnêteté intellectuelle de sa part. Je le pense d'autant plus qu'en effet c'est un sujet où il me semble à moi aussi que les arbitrages peuvent se révéler difficiles.
Quand tu entames ton premier message en écrivant ceci : "Quand Bagieu abandonne une formule couramment usitée avec un sens précis qui n'a rien de discriminant parce qu'une ou plusieurs personnes concernées au premier chef pense que cette "exotisation" relève d'une forme de racisme" , tu te places dans un jugement a priori.
Moi, je vois dans la position de Bagieu un jugement a posteriori. Et son changement d'avis, elle n'a pas besoin de le dire explicitement, il est implicite.
Si elle avait dit "Il est impossible pour moi d'arbitrer ce qui est raciste et ce qui ne l'est pas.", j'aurais comme toi écrit qu'elle se place bêtement sous l'autorité de ses interlocuteurs. Mais elle n'a pas dit que c'est impossible, elle a dit que c'est difficile.
Après, chacun pourra considérer que sa position est pertinente ou pas.
Certains y verront l'humilité d'un auteur à l'écoute, d'autres y verront une soumission aux diktats du politiquement correct.
Et la vérité, comme souvent, se trouvera sans doute quelque part entre les deux.


Cette posture, ce n'est pas la première fois que je la rencontre. Corbulon a la même. Ce n'est donc pas une maladresse ou un qui pro quo, et j'ai très envie de la tester.


A propos de Corbulon, je ne pense pas avoir jamais rencontré quelqu'un d'aussi contre-productif dans la défense de convictions par ailleurs tout à fait légitimes et respectables.
Si j'étais une femme engagée pour la défense de ses droits, je crois bien que la première chose que j'essaierais de faire, c'est de couper le micro à Corbulon.
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede 2fois2cinq » 10/03/2020 14:36

c'est raciste de trouver ça raciste.... ;)

bon sinon, elle est bien cette BD ?
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede Olaf Le Bou » 10/03/2020 14:38

euh... si vous le dites a écrit:A propos de Corbulon, je ne pense pas avoir jamais rencontré quelqu'un d'aussi contre-productif dans la défense de convictions par ailleurs tout à fait légitimes et respectables.
Si j'étais une femme engagée pour la défense de ses droits, je crois bien que la première chose que j'essaierais de faire, c'est de couper le micro à Corbulon.


depuis le temps que je vous dis que c'est un troll suprématiste travaillant pour Bannon et Cie.
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

En toutes choses, subordonner le désir de juger au devoir de comprendre.
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede superboy » 10/03/2020 21:19

euh... si vous le dites a écrit:Tu retournes ses propos.
Je ne retourne pas ses propos, je les démonte pour en comprendre la logique. Et si je me défends de tout jugement dans mon raisonnement - je me permets quand même une conclusion en forme de sentence - il m' est difficile de nier l'interprétation que j'en fait, tout comme tu développes la tienne.

euh... si vous le dites a écrit:Quand tu entames ton premier message en écrivant ceci : "Quand Bagieu abandonne une formule couramment usitée avec un sens précis qui n'a rien de discriminant parce qu'une ou plusieurs personnes concernées au premier chef pense que cette "exotisation" relève d'une forme de racisme" , tu te places dans un jugement a priori.
Moi, je vois dans la position de Bagieu un jugement a posteriori. Et son changement d'avis, elle n'a pas besoin de le dire explicitement, il est implicite.
Je ne comprends pas bien ce que tu veux dire, mais apparemment tu penses que je suis dans le jugement quand je qualifie le terme de maman-lionne de "formule couramment usitée avec un sens précis qui n'a rien de discriminant," le passage en gras de ta citation. Or, il se trouve qu'il n'y a rien de plus objectif dans mes propos. Cette expression se réfère au comportement extrêmement protecteur parfaitement documenté des lionnes envers leur progéniture qu'elles élèvent sans le mâle. On parle même de syndrome de la lionne en psychologie. La zone d'habitat n'a rien à voir avec le sens de la formule. Si tu as une explication plus objective que cela, n'hésite pas à me le faire savoir.
En attendant, que quelqu'un soit dérangé ou choqué par cette expression n'en fait pas un propos raciste, ni même "exotisant." La subjectivité de la perception, combinée ou non à l'ignorance, ne transformera jamais la réalité. Point. Voilà pour le jugement, passons à la sémantique.

euh... si vous le dites a écrit:Moi, je vois dans la position de Bagieu un jugement a posteriori. Et son changement d'avis, elle n'a pas besoin de le dire explicitement, il est implicite.
Si elle avait dit "Il est impossible pour moi d'arbitrer ce qui est raciste et ce qui ne l'est pas.", j'aurais comme toi écrit qu'elle se place bêtement sous l'autorité de ses interlocuteurs. Mais elle n'a pas dit que c'est impossible, elle a dit que c'est difficile.
Tu dis que tu serais d'accord avec moi si Bagieu avait dit "impossible pour moi d'arbitrer ce qui est raciste" plutôt que "difficile pour moi d'arbitrer ce qui est raciste".
Pourtant, ce qu'elle a fait avec l'expression en question, c'est de la retirer du produit fini au motif non qu'elle est raciste, mais plus prudemment car cela peut potentiellement choquer et qu'il faut prendre cela en compte. Cette posture, réelle de sa part que tu le veuilles ou non, implique qu'elle refuse de prendre son opinion à deux mains pour trancher le débat et préfère s'en remettre à la sensibilité supposée d'un certain public - qui reste très flou soit dit en passant puisqu'il n'est ni qualifié, ni quantifié, s'agissant là de quelques commentaires sur internet, méthode en violation de toutes les règles d'élaboration d'un panel d'étude statistique. Son choix à ce sujet et les raisons qu'elle évoque rendent caduc la différence sémantique que tu fais. Dans le premier cas, elle dirait une bêtise; dans le deuxième, elle commet une lâcheté. Aucun des deux ne l'éclaire avantageusement.
Ce comportement est récurent chez elle puisqu'elle explique dans un autre segment qu'elle a accepté contre son meilleur jugement la censure légère de la nudité de ses Culottées par son éditeur américain pour qu'il soit positionné en jeunesse aux U.S. A chaque fois on peut lui trouver des circonstances atténuantes - dans ce cas-ci plus compréhensible, à mon avis - mais à chaque fois c'est un renoncement.

Si tu veux savoir pourquoi je trouve cela problématique, j'ai déjà discuté du sujet avec Mathieu Bablet il y a quelques années:
superboy, dans les commentaires de cet article du site Daily Mars, a écrit:Ce que vous dites, c’est que l’auteur est tout aussi responsable des représentations inconscientes qu’il laisse transpirer dans son œuvre que de ses choix les plus réfléchis. En cela je suis d’accord car je l’inclus dans ce que j’appelle le point de vue, c’en est même la fondation. Comme le dit Mathieu dans l’interview, c’est en questionnant ses réflexes inconscients qu’on bâti un propos toujours plus cohérent.

Ce qui me pose problème, en revanche, c’est le rôle d’exemplarité que vous attribuez à l’art. L’art représente toujours un progrès, selon moi, dans le sens qu’il encourage à pousser toujours plus loin la réflexion. Mais c’est à mon avis une erreur de vouloir y adosser des intentions de progrès social que toutes les œuvres devraient partager, ainsi que des valeurs, quelles qu’elles soient. Je pense que l’art est amoral par nature, et c’est ce qui en fait un terrain d’expression sans équivalent.
Alors bien sûr, cette conception des choses laisse la porte ouverte aux abus les plus graves, mais c’est alors à la société de jouer leur rôle et d’affirmer et défendre les valeurs fédératrices qu’elle représente, comme la prise de position de Valls sur les spectacles de Dieudonné, par exemple. On est d’accord ou pas, peu importe ses raisons, mais on doit tous respecter le fait qu’un de nos représentant a parlé en notre nom, nous peuple français, pour défendre nos valeurs communes. C’est dans ce sens-là que cela doit fonctionner ; ce n’est pas à Dieudonné de s’autocensurer.
J’espère que l’exemple que j’ai pris n’est pas trop polémique, mais il illustrait bien mon argument.

Comme je le vois, ce n’est pas à l’artiste, même si je ne nie pas qu’il soit prescripteur d’idées, de montrer le chemin, tel un messie réincarné, mais bien aux individus de se construire en réaction à ce qu’ils expérimentent au contact d’une œuvre. L’artiste ne doit à son public que de transcrire son point de vue de la manière la plus personnelle possible, dans la forme comme dans le fond. Si l’exemplarité fait partie des contraintes qu’il s’impose, alors cela fait partie intégrante de son point de vue. Si tel n’est pas le cas, alors c’est forcément qu’il s’est donné d’autres enjeux, qui peuvent être diamétralement opposées et pourtant tout aussi valides et intéressants.



J'aimerais quand avoir l'avis de quelqu'un qui défend cette position du politiquement correct, plutôt que le tien euh..., qui j'ai l'impression se rapproche sensiblement du mien, malgré nos interprétations divergentes des propos de Bagieu.
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede silverfab » 10/03/2020 22:27

Nirm a écrit:... mais cela a très peu de rapport avec Sacrées Sorcières...















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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede euh... si vous le dites » 10/03/2020 22:36

superboy a écrit:Je ne comprends pas bien ce que tu veux dire, mais apparemment tu penses que je suis dans le jugement quand je qualifie le terme de maman-lionne de "formule couramment usitée avec un sens précis qui n'a rien de discriminant," le passage en gras de ta citation. Or, il se trouve qu'il n'y a rien de plus objectif dans mes propos. Cette expression se réfère au comportement extrêmement protecteur parfaitement documenté des lionnes envers leur progéniture qu'elles élèvent sans le mâle. On parle même de syndrome de la lionne en psychologie. La zone d'habitat n'a rien à voir avec le sens de la formule. Si tu as une explication plus objective que cela, n'hésite pas à me le faire savoir.
En attendant, que quelqu'un soit dérangé ou choqué par cette expression n'en fait pas un propos raciste, ni même "exotisant." La subjectivité de la perception, combinée ou non à l'ignorance, ne transformera jamais la réalité. Point. Voilà pour le jugement, passons à la sémantique.


Ok, je comprends mieux ton propos.
Et j'y souscris.
Cela n'en fait en effet pas un propos raciste.
Cependant, la subjectivité de la perception de cette expression peut conduire à ce que son utilisation s'avère délicate dans certains contextes. Et c'est bien là que se trouve le noeud du problème.
A charge de l'auteur à la lumière de ces éléments d'évaluer la pertinence d'utiliser cette métaphore dans son oeuvre ou de la remplacer par une autre qui ne contiendra plus ce caractère délicat.
Et on en revient à ce que j'écrivais auparavant sur la distinction entre un auteur qui a l'humilité d'être à l'écoute et un auteur qui se soumet lâchement à un diktat politiquement correct.
Tu sembles penser que dans le cas de Bagieu, il s'agit de lâcheté. Moi, je préfère dire que je n'en sais rien et lui laisser au-moins le bénéfice du doute.

Pourtant, ce qu'elle a fait avec l'expression en question, c'est de la retirer du produit fini au motif non qu'elle est raciste, mais plus prudemment car cela peut potentiellement choquer et qu'il faut prendre cela en compte. Cette posture, réelle de sa part que tu le veuilles ou non, implique qu'elle refuse de prendre son opinion à deux mains pour trancher le débat et préfère s'en remettre à la sensibilité supposée d'un certain public - qui reste très flou soit dit en passant puisqu'il n'est ni qualifié, ni quantifié, s'agissant là de quelques commentaires sur internet, méthode en violation de toutes les règles d'élaboration d'un panel d'étude statistique. Son choix à ce sujet et les raisons qu'elle évoque rendent caduc la différence sémantique que tu fais. Dans le premier cas, elle dirait une bêtise; dans le deuxième, elle commet une lâcheté. Aucun des deux ne l'éclaire avantageusement.


Ouais bon, si elle doit s'appuyer sur un panel d'étude statistique pour prendre sa décision, la pauvre, elle n'est pas rendue...
On s'en fout des panels statistiques.
Non franchement, je pense que tu vas chercher la petite bête.
Bagieu a utilisé une métaphore. Des gens lui ont fait remarquer que l'utilisation de cette métaphore dans le contexte précis où elle l'a utilisé pouvait, à tort ou à raison, heurter une certaine partie du public.
Ces remarques permettent de lui en faire prendre conscience (ça ne l'avait de manière assez logique pas du tout effleuré).
Après, elle fait le choix de modifier son oeuvre.
Est-ce un renoncement, une capitulation, une lâcheté?
Chacun se fera son opinion.
Tu penses qu'elle refuse de "prendre son opinion à deux mains et de trancher le débat" mais au fond qu'en sais-tu?
Est-ce qu'une stratégie d'évitement du conflit n'est pas parfois meilleure qu'un conflit stérile, même si pour cela il faut accepter de modifier son oeuvre?
Est-ce qu'une stratégie d'évitement du conflit est de facto un renoncement ou peut-elle au contraire être appréhendée comme une forme d'empathie?
Est-ce que la situation est réductible à la défense de principes ou bien la réalité ne s'accommode-t-elle pas mieux de compromis assumés comme tels?
Jusqu'où peut-on s'accommoder de tels compromis? Une vraie démarche artistique ne devrait-elle pas être exempte de tout compromis?
Ce sont de vraies questions, hein. Des questions pour lesquelles je n'ai pas de réponse toute faite.
Et ce sont des questions qui aujourd'hui ne traversent pas que la sphère de l'art mais bien de manière aiguë l'ensemble de la société.

Personnellement, mais on se fout de mon opinion personnelle vu que ce n'est pas le sujet ici, j'aurais préféré qu'elle ne modifie pas son oeuvre, mais elle me semble avoir pris la décision de la modifier sans être soumise à aucune contrainte autre que celles qu'elle a pu s'imposer à elle-même.

Ce comportement est récurent chez elle puisqu'elle explique dans un autre segment qu'elle a accepté contre son meilleur jugement la censure légère de la nudité de ses Culottées par son éditeur américain pour qu'il soit positionné en jeunesse aux U.S. A chaque fois on peut lui trouver des circonstances atténuantes - dans ce cas-ci plus compréhensible, à mon avis - mais à chaque fois c'est un renoncement.


Tu portes ici une pièce au dossier dont je n'avais pas connaissance préalablement.
Et en effet, ça ne plaide pas vraiment en sa faveur...

Comme le dit Mathieu dans l’interview, c’est en questionnant ses réflexes inconscients qu’on bâti un propos toujours plus cohérent.


Ca, c'est clair.
Et le fait de partager ma vie avec une personne issue d'une culture très différente de la mienne me le rappelle au quotidien.


Ce qui me pose problème, en revanche, c’est le rôle d’exemplarité que vous attribuez à l’art. L’art représente toujours un progrès, selon moi, dans le sens qu’il encourage à pousser toujours plus loin la réflexion. Mais c’est à mon avis une erreur de vouloir y adosser des intentions de progrès social que toutes les œuvres devraient partager, ainsi que des valeurs, quelles qu’elles soient. Je pense que l’art est amoral par nature, et c’est ce qui en fait un terrain d’expression sans équivalent.
Alors bien sûr, cette conception des choses laisse la porte ouverte aux abus les plus graves, mais c’est alors à la société de jouer leur rôle et d’affirmer et défendre les valeurs fédératrices qu’elle représente, comme la prise de position de Valls sur les spectacles de Dieudonné, par exemple. On est d’accord ou pas, peu importe ses raisons, mais on doit tous respecter le fait qu’un de nos représentant a parlé en notre nom, nous peuple français, pour défendre nos valeurs communes. C’est dans ce sens-là que cela doit fonctionner ; ce n’est pas à Dieudonné de s’autocensurer.
J’espère que l’exemple que j’ai pris n’est pas trop polémique, mais il illustrait bien mon argument.

Comme je le vois, ce n’est pas à l’artiste, même si je ne nie pas qu’il soit prescripteur d’idées, de montrer le chemin, tel un messie réincarné, mais bien aux individus de se construire en réaction à ce qu’ils expérimentent au contact d’une œuvre. L’artiste ne doit à son public que de transcrire son point de vue de la manière la plus personnelle possible, dans la forme comme dans le fond. Si l’exemplarité fait partie des contraintes qu’il s’impose, alors cela fait partie intégrante de son point de vue. Si tel n’est pas le cas, alors c’est forcément qu’il s’est donné d’autres enjeux, qui peuvent être diamétralement opposées et pourtant tout aussi valides et intéressants.


Sur le principe, je suis complètement d'accord avec tout ça.
Mais à nouveau, je pense que dans le cas de Bagieu, elle s'est juste dit que si ça pouvait contribuer à ne froisser personne, elle pouvait remplacer une expression par une autre sans que ça modifie son oeuvre d'une manière qu'elle n'aurait pas désiré.
J'espère que si ça l'avait vraiment fait chier parce qu'elle tenait vraiment à sa métaphore sur la lionne, elle l'aurait maintenue dans l'oeuvre.


J'aimerais quand avoir l'avis de quelqu'un qui défend cette position du politiquement correct, plutôt que le tien euh..., qui j'ai l'impression se rapproche sensiblement du mien, malgré nos interprétations divergentes des propos de Bagieu.


Nos avis ne me semblent en effet pas contradictoires.
Je veux dire que nous partons d'une situation pour tenter de la questionner dans sa complexité avec nos faibles moyens, ce qui laisse la place à une discussion qui peut se révéler enrichissante.
Au contraire, Corbulon part constamment de ses certitudes pour assujettir le réel à son discours. Il ne laisse aucune marge de discussion. C'est d'autant plus dommage que, comme je l'écrivais plus haut, son discours est légitime et respectable.
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede superboy » 11/03/2020 00:57

Je pense qu'on arrive au bout de nos échanges. Nombre de suiveurs du topic seront soulagés. Quelques précisions pour la route.
euh... si vous le dites a écrit:Ouais bon, si elle doit s'appuyer sur un panel d'étude statistique pour prendre sa décision, la pauvre, elle n'est pas rendue...
On s'en fout des panels statistiques.
Non franchement, je pense que tu vas chercher la petite bête.
Bagieu a utilisé une métaphore. Des gens lui ont fait remarquer que l'utilisation de cette métaphore dans le contexte précis où elle l'a utilisé pouvait, à tort ou à raison, heurter une certaine partie du public.
Ce que je pointe avec cet argument, c'est la question de la représentativité de ces gens qui interviennent sur la page de prépublication de Culottées sur le site du Monde. Quand ces individus expliquent qu'une expression peut heurter une partie du public, de quel public parlent-ils exactement ? Des lecteurs noirs ? Sont-ils le porte-voix adéquat dudit public ? N'y a-t-il pas le risque d'une généralisation abusive de la pensée de ce public mal défini ?
Ce n'est pas parce que 5, 10, 20, 50, 100 personnes se réunissent sur une page internet qu'elles sont automatiquement représentatives d'un pan entier de lectorat, c'est un raccourci dont il faut se méfier. En revanche, cela représente un groupe capable d'exercer un forte pression sociale sur l'auteure qui publie sur ladite page. Je vois là un problème qu'à mon avis Bagieu n'a pas forcément eu le recul de soulever dans sa réflexion lors de la création de Culottées. Quand des arguments arrivent à te mettre le doute, il est très difficile d'avoir le réflexe de les questionner en retour.

euh... si vous le dites a écrit:Tu penses qu'elle refuse de "prendre son opinion à deux mains et de trancher le débat" mais au fond qu'en sais-tu?
Est-ce qu'une stratégie d'évitement du conflit n'est pas parfois meilleure qu'un conflit stérile, même si pour cela il faut accepter de modifier son oeuvre?
Est-ce qu'une stratégie d'évitement du conflit est de facto un renoncement ou peut-elle au contraire être appréhendée comme une forme d'empathie?
Est-ce que la situation est réductible à la défense de principes ou bien la réalité ne s'accommode-t-elle pas mieux de compromis assumés comme tels?
Jusqu'où peut-on s'accommoder de tels compromis? Une vraie démarche artistique ne devrait-elle pas être exempte de tout compromis?
Ce sont de vraies questions, hein. Des questions pour lesquelles je n'ai pas de réponse toute faite.
Et ce sont des questions qui aujourd'hui ne traversent pas que la sphère de l'art mais bien de manière aiguë l'ensemble de la société.
Je pense que tu auras compris à la lecture de mon auto-citation que je me suis pour ma part fait une religion sur ces questions, et qu'elle est particulièrement dogmatique.
J'assume totalement la radicalité de ma position quand je dis qu'un auteur qui renonce à sa propre voix ne mérite pas d'être lu. Quand en plus c'est pour d'aussi mauvaises raisons que la recherche du consensus et de l'apaisement, c'est doublement problématique. On me rétorquera que dans le cas présent, ce n'est qu'un mot facilement remplaçable. Effectivement, sauf que cela dénote une démarche de création que je considère fondamentalement dévoyée et qui ne m'intéresse pas du tout. L'art et la culture ne doivent pas devenir des lieux de consensus, mais rester des vecteurs d'expression individuelle.
Laissons au politique, dans le sens étymologique d'organisation de la vie de la cité avec les institutions et interactions que cela implique, la responsabilité de préserver et faire évoluer en permanence le pacte social qui fonde les civilisations humaines et à l'art la liberté nécessaire à faire émerger des idées entièrement nouvelles.
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede euh... si vous le dites » 11/03/2020 08:26

superboy a écrit:Je pense qu'on arrive au bout de nos échanges. Nombre de suiveurs du topic seront soulagés.


Ouaip. :)
On est d'autant plus au bout qu'au-delà du cadre général des questionnements que je soulève, à titre personnel, je me sens très proche de la radicalité de ton point de vue, particulièrement sur l'art et les artistes.
Je suis juste sans doute plus indulgent envers des démarches ou des pratiques différentes des miennes.
J'ai toujours été trop gentil. :lol:
Au plaisir de te relire ailleurs. ;)
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede corbulon » 11/03/2020 08:44

Olaf Le Bou a écrit:
euh... si vous le dites a écrit:A propos de Corbulon, je ne pense pas avoir jamais rencontré quelqu'un d'aussi contre-productif dans la défense de convictions par ailleurs tout à fait légitimes et respectables.
Si j'étais une femme engagée pour la défense de ses droits, je crois bien que la première chose que j'essaierais de faire, c'est de couper le micro à Corbulon.


depuis le temps que je vous dis que c'est un troll suprématiste travaillant pour Bannon et Cie.



Quand on commence à psychanalyser son interlocuteur, on a perdu le débat. Et c’est une des tactiques préférées des dominants. :D
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede Olaf Le Bou » 11/03/2020 08:48

sans sucre et sans lait pour moi, merci.
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

En toutes choses, subordonner le désir de juger au devoir de comprendre.
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede corbulon » 11/03/2020 09:14

superboy a écrit:Je pense que certaines parties m'étaient directement adressé. Nirm pourra confirmer ou infirmer. Quoi qu'il en soit, sa réponse me satisfait. Sujet clos.

corbulon a écrit:Pour le reste, la réaction d’Olaf me fait penser à la meilleure amie de ma mère. Son fils a été opéré d’une déchirure des ligaments au niveau de la cheville, et il a encore mal. « Quelle chochotte », elle me dit, bon elle a pas rajouté « c’est totalement incompréhensible » mais elle le pensait fort :D . Sauf que moi pour avoir connu une cheville gonflée après une torsion qui fait qu’elle est bien plus fragile qu’avant, et ben j’ai compatis . Quand on n’a pas vécu la chose, effectivement on est moins à même de juger, on tombe même parfois dans le déni parce qu’on est pas conscient d’être dans un biais.

Je trouve cet comparaison fragile. Encore une fois , tu me diras. Je ne sais pas ce qu'il y a dans la tête de cette dame. Quand j'utilise cette exclamation, ce n'est pas pour nier la douleur d'autrui mais pour l'enjoindre à la dépasser. Une provocation qui dit "la vie continue !"
Quand Bagieu abandonne une formule couramment usitée avec un sens précis qui n'a rien de discriminant parce qu'une ou plusieurs personnes concernées au premier chef pense que cette "exotisation" relève d'une forme de racisme, ce qu'elle abandonne en réalité c'est sa capacité de jugement. "Eux ont subi le racisme, ils sont donc mieux placés que moi pour décider ce qui l'est ou pas." Ce que cette posture a de problématique à mon sens, c'est de laisser seules des personnes touchées, voire jusqu'à traumatisées par le sujet, décider pour la collectivité, de la même manière qu'il serait dangereux pour des tas de raisons de laisser les victimes juger leurs bourreaux. Toi qui agite souvent ce concept, la douleur comme une sensibilité exacerbée sont des biais tout aussi évidents que acculturation.
En disant "il est difficile pour moi d'arbitrer ce qui est raciste et ce qui ne l'est pas," elle se défausse simplement de sa responsabilité sur des twittos inconnus. Je n'y vois rien de noble qui mérite d'être salué, mais une petite lâcheté. Écouter les opinions provenant d'expériences diverses est important dans la construction de la sienne, mais encore plus crucial est de l'assumer pleinement ensuite.


Le problème c’est que tu raisonnes en terme dominant-dominé. L’autrice (bon si un jour le correcteur automatique pourrait arrêter d’essayer de m’imposer actrice à la place, ce serait bien) aurait cédé à la foule en colère. Alors que le féminisme ne se pense pas de cette manière. Il est inclusif et vise à établir une relation égalitaire. Et cela passe aussi par l’humilité de laisser la parole aux personnes minorisées, minorités ou victimes. Et oui celles qui vivent le racisme,sont pour moi les plus compétentes pour en parler. Comme les gens au smic sont plus compétents pour parler de la misère que ceux issus de la bourgeoisie ou de l’aristocratie.
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede mistercoyote » 11/03/2020 13:35

2fois2cinq a écrit:c'est raciste de trouver ça raciste.... ;)

bon sinon, elle est bien cette BD ?


Elle est pas mal du tout, j'aime bien le style de pénélope Bagieu et elle arrive bien à transposer le bouquin.
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede silverfab » 11/03/2020 14:07

corbulon a écrit: (bon si un jour le correcteur automatique pourrait arrêter d’essayer de m’imposer actrice à la place, ce serait bien) ..


Je crois que, dépendant ton système, ça peut se paramétrer.

Comme les gens au smic sont plus compétents pour parler de la misère que ceux issus de la bourgeoisie ou de l’aristocratie


Ah, c'est rare, mais là, on est d'accord! :ok:

(en fait je suis très souvent d'accord avec ce que tu dis mais c'est ta méthode Chuck Norris que je trouve dommageable, mais bon, chacun sa façon de faire).
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Re: [PREVIEW] Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu - Gallimard

Messagede superboy » 11/03/2020 18:11

corbulon a écrit:Le problème c’est que tu raisonnes en terme dominant-dominé. L’autrice (bon si un jour le correcteur automatique pourrait arrêter d’essayer de m’imposer actrice à la place, ce serait bien) aurait cédé à la foule en colère. Alors que le féminisme ne se pense pas de cette manière. Il est inclusif et vise à établir une relation égalitaire. Et cela passe aussi par l’humilité de laisser la parole aux personnes minorisées, minorités ou victimes. Et oui celles qui vivent le racisme,sont pour moi les plus compétentes pour en parler. Comme les gens au smic sont plus compétents pour parler de la misère que ceux issus de la bourgeoisie ou de l’aristocratie.

La dynamique dominant-dominé n'est pas la seule qui structure ma compréhension du monde, mais c'est effectivement un élément que je considère prépondérant. L'angle mort de ta pensée, à mon avis, est que ce principe de subordination est encore largement pertinent dans l'analyse des interactions humaines aujourd'hui. Les gens qui se revendiquent féministes, et plus largement progressistes, pensent trop souvent incarner l'idéal qu'ils défendent alors qu'ils ne font que s'y conformer. La différence, c'est que les valeurs qu'ils promeuvent peuvent à tout moment entrer en conflit avec leur nature, leurs besoins, leurs désirs, etc.
Ils sont aussi capable d'eux-même de tomber aveuglement dans des rapports de domination. Je pense aux champions de la théorie de la décroissance démographique pour sauver la planète, bien blancs et bien occidentaux, qui agitent leurs idées sans se rendre compte que leur application affecterait surtout les populations démunies des pays du tiers-monde. Je ne retrouve pas l'émission en question, un numéro de vox pop sur arte, mais j'avais vu il y a quelques temps une interview édifiante d'un gars incapable de se dépêtrer de ses contradictions face aux questions pourtant candides du journaliste.

Cette dichotomie entre valeurs affichées et comportements inconscients chez les progressistes, la même que pour tout un chacun, ne date pas du féminisme #metoo. Les conservateurs pointent cette faille dans le discours de leurs adversaires depuis aussi longtemps que je m'intéresse au sujet, soit une vingtaine d'années. Il le faisaient probablement déjà à l'époque de l'abolition de l'esclavage. Je pense que la remarque est pertinente car il est indécent de se considérer supérieur à ses semblables sans être au minimum irréprochable en matière d'honnêteté intellectuelle et de morale. On peut très bien passer pour un bisounours en public et être un pervers sadique en privé. Tu peux me croire, je le sais d'expérience.
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Re: Sacrées sorcières - Pénélope Bagieu/R. Dahl - Gallimard

Messagede Edhral » 15/03/2020 21:40

mistercoyote a écrit:
2fois2cinq a écrit:(...) bon sinon, elle est bien cette BD ?


Elle est pas mal du tout, j'aime bien le style de pénélope Bagieu et elle arrive bien à transposer le bouquin.

J'ai hésité à la prendre samedi et n'ayant pas lu de retours j'ai renoncé... L'histoire a-t-elle une vraie fin ? (pas lu le roman de Dahl) Les personnages centraux sont-ils sympathiques ?
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