Robin Dubois est une série humoristique dessinée par Turk (puis Miguel Diza Vizoso et Ludowick Borecki pour les tomes 21) et scénarisée par Bob de Groot. Publiée dans le journal Tintin, elle a ensuite été éditée en albums de 1974 à 2008, avec d'assez longues pauses à certains moments. Elle a en effet rencontré moins de succès que son grand frère, Léonard (personnage dont le prototype, Mathusalem, était d'ailleurs issu de cette série), ce qui fait que certains albums sont difficiles à trouver à un prix correct aujourd'hui - un best-of a cependant été publié l'année dernière :
Comme l'indique le titre, on est dans une BD parodique reprenant les personnages de Robin des bois - du moins une partie : il ne me semble pas y avoir vu le prince Jean, le roi Richard, Ivanhoe ou Marianne -, les lieux et, de façon très vague, l'époque (médiévale mais sans contexte historique précis). Le personnage principal en est moins le personnage éponyme de la BD que Fritz Alwill, le shériff de Nottingham. Celui-ci reprend certaines des caractéristiques : il vit dans un château, est tyrannique et accable le peuple d'impôts. Robin, quant à lui, est à la tête d'une bande de voleurs de la forêt de Sherwood, parmi lesquels on peut trouver Petit Jean et frère Tuck.
Mais c'est surtout un vernis et il ne faut pas s'attendre à une fidélité, même approximative, avec la légende de Robin des bois, au-delà de quelques gags. L'humour repose beaucoup sur l'absurde et le non-sens, comme le fera plus tard Léonard. Avec moins d'ambition cependant : les gags sont essentiellement en une page et un grand nombre d'entre eux repose sur les mêmes bases : les chevaliers teutoniques parlent mal le français, Robin va dépouiller le shériff, celui-ci va aller boire un coup avec ses potes (dont Robin car, lorsque celui-ci ne tente pas de le voler, les deux s'entendent plutôt bien)...
Mais ce comique de répétition fait aussi le charme de la série : on se demande par exemple ce que le shériff va bien pouvoir inventer pour échapper à Cunégonde, sa femme qui veut l'empêcher de partir se souler à l'auberge ;

ou encore quelle manoeuvre Robin va mettre en place pour voler les honnêtes passants. Ce gag donne un bon aperçu de l'absurdité de l'humour de la série :

L'humour repose aussi beaucoup sur des anachronismes (dont léonard sera encore plus friant). On voit ainsi des touristes japonais venir visiter Nottingham (et s'intéresser à tout, sauf à l'illustre Shériff), le shériff monter une expédition coloniale dans l'humble forêt de Sherwood (album n° 19), des représentants de commerce venir vendre tout et n'importe quoi (surtout n'importe quoi) au château...
Même s'il ne se renouvelle guère, il arrive souvent à me faire rire et donne un bon capital sympathie à cette série et à ses personnages, notamment au shériff, plus bête que méchant. Cela fait regretter que les albums n'aient pas rencontré le succès qu'ils méritaient.