
J'ai lu un petit bijou ce weekend. Rembrandt de Typex.
Je suis tombé dessus par hasard dans une petite librairie à Soissons et j'étais totalement passé à coté de la sortie de cette bd ( jamais vu ailleurs et pas lu d'avis dessus).
J'ai d'abord eu un coup de coeur pour la beauté d'édition de Casterman. Livre simili cuir. Pages dorés etc. Un travail de pro.
Puis j'ai craqué sur le dessin semi réaliste et parfois souvent caricaturiste. Richesse des décors. richesse de la mise en page.
J'avais un peu peur d'un biographie hagiographique de plus sur un peintre dont en plus je ne connais que peu de choses.
Typex a l'intelligence de ne pas faire une biographie linéaire. Chaque chapitre évoque un moment important de la vie du peintre ( souvent l'évocation d'une femme) mais aussi un splendide chapitre sur la peste ayant touché Amsterdam.
Chaque chapitre commence aussi par un croquis réel du peintre dont Typex s'inspirera pour le dessin du chapitre.
Un bijou 5/5
J' y joins la chronique de Télérama découverte par la suite que je partage entièrement ( http://www.telerama.fr/livres/rembrandt,126760.php )
" Plus Rembrandt est admiré, plus les puissants lui passent commande, et plus il renâcle à jouer le jeu de cette renommée. C'est que plus le génie de l'artiste est reconnu (mais aussi controversé), plus l'homme apparaît complexe, fantasque et arrogant, difficile ou aux abois. Pour le dessinateur néerlandais Raymond Koot, alias Typex, ce sont ces aspérités qui comptent, et comment elles ont pu décourager jusqu'à ses amis et braquer la société hollandaise, bourgeoise et puritaine, de son temps. Typex met en scène l'insaisissable Rembrandt Harmenszoon Van Rijn (1606-1669) en onze séquences disjointes : il élabore ainsi un brillant portrait kaléidoscopique, mouvant, charnel, électrisé par tout ce que le peintre a vécu d'emballements et de désillusions, avec ses femmes, Saskia, Geertje, Hendrickje, dans tous les rôles, épouses, mères, modèles, concubines ; et l'argent qu'il dépense à tout-va avant d'être obligé de vendre jusqu'à la tombe de sa première épouse, et de voir dispersés aux enchères tous ses biens. Typex s'en tient aux faits, zones d'ombre et contradictions incluses, mais s'approche d'autant plus près de Rembrandt qu'il recrée son univers quotidien avec une grande liberté de style. Le trait surjoue le réalisme un peu décalé pour mieux appuyer le grotesque, la truculence ou le ridicule d'une situation. Il s'évade en apartés qui prolongent et commentent celle-ci comme des gammes de pur mouvement : le dessin pour le dessin, et pour le plaisir de rendre hommage au maître... Typex est un biographe fasciné, mais sans déférence, inventif, stimulant. Jusqu'au finale, où diffuse une mélancolie poignante. Un « salut l'artiste » superbe.— Jean-Claude Loiseau " TTT