Je vais répondre puisque je suis concerné et que ça peut aider d'autres auteurs :
Pourquoi j'ai créé une structure éditoriale (à ne pas confondre avec auto édition) :
1) J'ai envie de
faire ce que je veux, ce qui me plait ... sans contraintes
Attention, je n'ai pas dit que tous les éditeurs sont dirigistes et castrateurs.
2) Je veux être
le seul à avoir droit de vie et de mort sur mes personnages.
Je parle du cas où je m'édite
(pas celui où j'édite autrui).
Si éditeur arrête une série et solde ses exemplaires, il ne vous reste plus que les yeux pour pleurer.
Je tiens à mes personnages et je tiens à ce qu'ils vivent.
Je tiens aussi à ce qu'ils vivent comme je l'entends
(combien d'auteurs ont vu leur héros dénaturés au dessins animés, produis dérivés etc sans qu'ils aient leur mot à dire ? Ok, la question ne se pose pas encore mais ... why not, hien ! )
3) J'aime la
qualité. Je déteste les albums mal reliés (collé), imprimés sur du mauvais papier, ...
J'aime le beau papier 150 g
(couramment, c'est du 115 g), semi-brillant et non le mat rapeux qui boit les noirs et les couleurs.
J'aime les cahiers
(cousus), les beaux cartonnages, ou les souples avec rabats.
Il y a eu un cas récemment ou un auteur s'est bien fait flinguer son album lors de l'édition. Il est allé en justice.
Je déteste aussi les albums qui changent de collection ou de maquette à chaque tome
(dans la même série).
4) Je peux
faire des albums qui ne conviendraient pas à un gros éditeur :
- typés "régionalisme"
- petits tirages car petit public
(underground ...)
- formats adaptés
(festivals ...)
5) Je veux et peux
faire connaitre des auteurs que j'apprécie, parrainer quelqu'un ... l'aider.
Certes à petite échelle mais les petits ruisseaux ...
6) Je veux pouvoir aller en salon du livre/BD, rencontrer le public et les autres auteurs, sans que cela dépende du bon vouloir d'un éditeur.
7) Je déteste les séries qui s'arrêtent au tome 1 et laissent le lecteur
(et client) sur sa faim
(mis à part les séries composées d'une histoire complète par tome)
Pourquoi tout le monde ne fait pas ça :
1) Il faut avoir des c.......
2) C'est chronophage
(et c'est autant de temps pris sur sa propre production de planches)
3) Il faut un "minimum" d'espace de stockage
(pour avoir de quoi faire des festivals, vendre par correspondance) ou bien tout déléguer au diffuseur.
4) C'est hyper stressant
5) Il faut savoir être gestionnaire, commercial, négociateur ...
6)
C'est un métier, et il faut avoir envie de le faire (et c'est un peu l'horreur - doux euphémisme)
7) On est tout petit face aux mastondontes de l'édition (médias participations et consors), on est noyé dans la masse des 3500/4000 nouveautés annuelles et on galère côté diffusion.
Il faut savoir que si tu ne t'appelles pas Marini, Zep, ..., Frank Pe
(Auteurs que j'aime beaucoup soit-doit dit en passant), personne n'ira demander ton album, voire même ... ne le verra
(à part des fouineurs de bacs comme moi, qui sont curieux de tout).
8) Il faut être hyper organisé pour faire ça en sus de son boulot, de sa vie de famille et de son travail d'auteur.
Pourquoi je continue ?
1) J'ai la foi.
Je suis passionné de BD et bibliophile.
C'est un sacerdoce qui relève presque du militantisme.
2) Le public suit et le bouche à oreille fonctionne très bien
Je connais bon nombre d'auteurs qui font comme moi
(ce qui n'empêche pas de signer en parallèle chez un grand éditeur, qui n'est ni plus ni moins qu'un petit éditeur qui a grandi : Glénat faisait un fanzine au départ. Paquet, Delcourt, Mourad, Trondheim, Jeanfaivre et Sulpice ... ont commencé petit.)
Je ne souhaite pas devenir un mastodonte
(Ca arrivera tout seul si j'arrête pas la bière) : l'essentiel étant de réaliser son rêve de gosse, de se faire plaisir et de faire plaisir au public.