Hop, hop, hop, de retour en ces lieux pour évoquer feu Jim Thompson et un de ses bouquins acheté en gare il y a quelques temps (et écrit bien avant ma naissance, en 1953 pour être précis) et finalement lu ce WE Pascal...
Comme dit plus haut, à propos de cet auteur, tout son art réside dans sa manière de raconter, de vous plonger dans l'Amérique profonde à travers des faits divers ; à la frontière du roman noir et de la chronique sociale.
Dans le cas présent, le récit tourne autour du meurtre d'une adolescente, narré tour à tour par divers personnages qui tournent autour de ce fait divers ou sont directement impliqués. Le décalage constant entre pensées et paroles des protagonistes est des plus réjouissants pour ce qu'il révèle sur chacun.
Ainsi, un journaliste qui enquête : "
j'avais gratté, et j'avais trouvé la boue. Evidemment, je n'y étais pas allé de main morte. Mais je n'avais interrogé personne le couteau sous la gorge. Je m'étais contenté de parler aux gens, et je les avais laissés parler, déverser les flots de boue qui étaient au fond d'eux-même."
Le même, quelques pages avant : "
Il y avait encore beaucoup d'autres charges dans l'affaire Amis-et-voisins contre Robert Talbert (l'adolescent suspecté du meurtre), mais je ne vois pas l'utilité de les mentionner ici. C'était à peu près équivalent, par exemple, aux renseignements qu'on pourrait récolter sur mon compte en allant enquêter dans le quartier où j'avais passé mon enfance - surtout si j'étais en prison, au moment de l'enquête, et soupçonné de meurtre."
Des flots de boue !