Toleveau, tu m'excuseras de ne pas aller tirer des citations précises de tes deux dernières interventions, mais il me semble que ton raisonnement repose sur un paradoxe. Ton insistance sur la puissance émotionnelle que représente le fait de s'en prendre (dans une fiction, bien sûr) à des enfants ou à des animaux, ne montre-t-il pas que toi aussi tu ressens cela comme une sorte de transgression ??
Question très pertinente à laquelle je te répondrai oui et non.
Que je le veuille ou non, ce serait mentir que de dire que je n'ai pas moi aussi été (au moins en partie) "formaté" par cette société et par cette bienséance.
Cependant, le meurtre d'un enfant (toujours dans une oeuvre fictive bien sûr), reste, même s'il est "permis" quelque chose de dramatique, tout aussi dramatique que la mort inattendue d'un quelconque autre personnage attachant, et à ce titre ce n'est pas le fait de le tuer juste pour le tuer qui amène la pathos, je ne sais pas si je me fais bien comprendre.
D'ailleurs, pour répondre à ton autre question, je suis contre le fait d'user et d'abuser de cet artifice dans l'unique but de susciter l'émotion. Je prône au contraire la simple POSSIBILITE de le faire, de façon à pouvoir réellement garder un réel suspens. Assassiner systématiquement les enfants sous prétexte qu'on le peut serait non seulement stupide, mais surtout la source d'une autre cliché (en fait l'exact contraire du cliché qui veut qu'ils ne puissent pas mourir), et au passage ça entrâinerait une perte totale de suspens dans l'autre sens (on sait à l'avance qu'il va mourir).
Pour prendre un exemple arbitraire, imaginons un kidnappeur qui enlève un enfant et qui menace de le tuer.
Je suis pour le fait de voir naître un suspens du type "La police arrivera t'elle à temps et dans le cas contraire qu'arrivera-t'il à l'enfant ?" et non pas un pseudo suspens du type "De quelle façon cet enfant va-t'il être sauvé puisque de toute façon on sait qu'il va l'être ?".
Tu saisis la nuance ?
Voilà j'espère avoir été clair et avoir répondu à ta question.