Les comportements que décrits Morti semblent être assez clairement addictifs, mais cela ne résume pas pour autant la façon dont TOUT le monde va se comporter OBLIGATOIREMENT avec ces technologies.
Ça vaut pour Internet, les téléphones portables / smartphones / tablettes, comme pour la télé, comme pour le vin, comme pour le Nutella... et bien d'autres choses encore, qui peuvent être agréables ou utiles jusqu'à un certain point, ou devenir nocives si on en abuse ou qu'elles deviennent un but en soi...
- Car nous faisons tout afin d’éviter la douleur physique et le trouble de l’âme. Lorsqu’une fois nous y avons réussi, toute l’agitation de l’âme tombe, l’être vivant n’ayant plus à s’acheminer vers quelque chose qui lui manque, ni à chercher autre chose pour parfaire le bien-être de l’âme et celui du corps. Nous n’avons en effet besoin du plaisir que quand, par suite de son absence, nous éprouvons de la douleur ; et quand nous n’éprouvons pas de douleur nous n’avons plus besoin du plaisir. C’est pourquoi nous disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. […] Mais, précisément parce que le plaisir est le bien primitif et conforme à notre nature, nous ne recherchons pas tout plaisir, et il y a des cas où nous passons par-dessus beaucoup de plaisirs, savoir lorsqu’ils doivent avoir pour suite des peines qui les surpassent ; et, d’autre part, il y a des douleurs que nous estimons valoir mieux que des plaisirs, savoir lorsque, après avoir longtemps supporté les douleurs, il doit résulter de là pour nous un plaisir qui les surpasse. [...] Chaque plaisir et chaque douleur doivent être appréciés par une comparaison des avantages et des inconvénients à attendre. [...] Quand donc nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs des voluptueux inquiets, ni de ceux qui consistent dans les jouissances déréglées, ainsi que l’écrivent des gens qui ignorent notre doctrine, ou qui la combattent et la prennent dans un mauvais sens. Le plaisir dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps, à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble. Car ce n’est pas une suite ininterrompue de jours passés à boire et à manger, ce n’est pas la jouissance des jeunes garçons et des femmes, ce n’est pas la saveur des poissons et des autres mets que porte une table somptueuse, ce n’est pas tout cela qui engendre la vie heureuse, mais c’est le raisonnement vigilant, capable de trouver en toute circonstance les motifs de ce qu’il faut choisir et de ce qu’il faut éviter, et de rejeter les vaines opinions d’où provient le plus grand trouble des âmes.
Épicure, Lettre à Ménécée, IIIe siècle avant notre ère
Par ailleurs, un peu de mauvais esprit... Cette scène (qui, je l'admets, ne fait pas vraiment rêver) :
Morti a écrit:Le sommet a été atteint un soir où je regardais la télé d'un oeil distrait, ma femme jouait au Mah-Jong sur son iPad, mon beau-fils tripotait son iPhone et ma belle-fille jouait au Solitaire sur mon iPad.
Là je me suis dit qu'on avait atteint un sommet : se retrouver à 4 personnes proches et passer la soirée chacun enfermé dans sa bulle...bonjour la convivialité.
... aurait-elle été décrite sur un ton aussi apocalyptique si les quatre mêmes membres de la famille avaient été chacun plongés dans une BD ?