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Manhole
De Tetsuya Tsutsui
Les médias clament à tue tete que l’ensemble des maladies reculent, pourtant c’est drole car il n’y a jamais eu autant de malade.
On m’avait dit que l’auteur avait une manière efficace d’amener le cheminement de l’épidémie, et que graphiquement il assurait grave. Effectivement à première vue c’est ce que l’on pouvait penser, malheureusement le titre se révèle d’une hypocrisie rationaliste à couper le souffle.
Mais avant de parler du titre proprement dit, nous allons mettre en exergue ce que je vois trop souvent. Beaucoup trop d’œuvres, manga ou BD confondus, singent la crainte de l’autre avec des analyses pseudo-brillante de la communauté et de ses méthodes, parfois douteuses , qui prend la brutalité traumatique pour de l’intelligence. Ces distances physiques se retrouvent dans une paranoia hygiénique marquée au fer chaud de notre inconscvient et de notre civilisation ( ce qui revient à parler du processus des mythes !). Une crainte des épidémies de masse ( grippe aviaire !), une timidité maladive, et l’exceptionnel oubli autour des évènements comme la perte d’un etre cher signifié par la maladie ou la mort. Trop souvent, on gobe des morts violentes , et au ralenti sans comprendre, ni cerner ce qui se passe sous nos yeux ébahis, ces négations se retrouvent dans nos idiosyncrasies, et ne fait que développer l’accroissement des distances avec les autres. On pourra toujours me prétexter la déritualisation civile , et la perte des mystifications culturelles ( prothèse du moi !), on détiendra un pan de réalité. Dès ce moment là, c'est l’essor des rites archaiques, plus proche des rats que du singe, avec différents exemples qui se recoupent : » solitude et enfermement des jeunes, viol de femmes et d’enfants, conflit de génération, infantilisme, structure rigide et tyrannique, déchainement de l’individualisme et de l’errance…Au final , le lecteur ou la lectrice sombrent dans la plus vaine des mélancolies, dans l’impossibilité d’aligner plus de 3 mots, ou éventuellement de pouvoir mettre en place une écoute. ( ce qui ne règle pas tout loin de là !) Evidemment ce ne sont que des causes représentatives de tout un ensemble de structures plus ou moins dans son coin, mais l’art en général étant un pale ( o combien éthéré !) reflet d’une communauté, en l’occurrence celle du nord, il ne sera pas étonnant de rencontrer des gens vers une forme de pureté morbide. ( schizophrénie, anorexie, boulimie,….)
Après avoir disserté sur le corps, nous allons pouvoir parler du titre. Remettons-nous dans le bain : « Des disparitions, et des évènements étranges à Sasahara pousseront un Duo de flic ( Ken Mizoguchi « l’ancien », Nao Inoue « la jeune » ) à faire une enquête sur ce mystérieux filaire hote des corps infectés ( les victimes ? !), et sur l’instigateur coupable forcément. Et là encore, c’est l’emploi des flics d’une manière un peu facile qui pose problème, malgré tout, le passage ou nos 2 inspecteurs entrent dans le taudis de cette vieille femme aurait pu etre interessant si il y avait eu une certaine continuité. Malheureusement, ce bon début fait place rapidement à une grave amertume qui s’installe chaudement jusqu’au discours du « photographe », et là tout s’effondre. Sous couvert d’une idéologie douteuse, de désirs de purification, et de gloriole, ce vieillard répand sa découverte du filaire dans la ville de Sasahara. ( un fléau qui ne touche jamais le lecteur !) Et surtout dans tous ces personnages dangereusement stéréotypés, c’est cette jeune femme flic, incorporée récemment, à la spontanéité superficielle qui se révèle etre la plus cohérente, et étrangement aussi la plus humaine. Elle était là pour faire rire, détendre l’atmosphère, mais au fil des pages, ironiquement, on scrutera chacune de ses réactions, de ses gestes, de ses mots pour cerner les tenants et les aboutissants du rapport au corps, à la solitude, et à la mort propre à notre civilisation. Quand à l’autre flic, on est plus proche du phénix ! ?
Pire encore, plus le titre avance, et plus on se rend compte que l’œuvre est faite en dépit du sens émotionnel. Que l’auteur par l’intermédiaire de ses personnages passe son temps à nous expliquer ce qu’il faut faire et ne pas faire, comme si nous étions des idiots et des demeurés mentaux. Par la force des choses, le rationalisme explicatif ne fait qu’aplatir, affadir et alourdir le récit ( qui n’en demandait pas tant !) qui était déjà pas mal plombés.
Un titre qui confine au cynisme pour la bonne et simple raison que l’on nous demande de choisir par l’intermédiaire d’une question : « Au prix d’un meurtrier idéologique faut-il accepter la tyrannie normaliste d’un carriériste binoclar en costume cravate ? ? ?
Quelle(s) réponse(s) nous propose l’auteur ?
La réintégration du corps policier ! ! ! BRRRR, ça fait froid dans le dos.
Une œuvre moraliste au possible, doublé d’un cynisme bien pervers. Je n’en demandais pas tant ! ! ! Mais arriver à me sauver la morale sur la fin, tout en respectant les vieux carcans hypocrites, moi je dis chapeau ! ! !
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