LLOYD SINGER : le bout du voyage (témoignages de lecteurs)

de **luc Brunschwig** » 11/04/2013 07:56

C'est dans une semaine que paraitra le dernier tome des aventures de Lloyd Singer intitulé : 1985.
Je constate au fil des rencontres que beaucoup de gens étaient attachés à ce personnage de façon presque physique, bien au dela de ce qu'on voit habituellement. J'ouvre ce sujet pour tous ceux qui voudraient évoquer ce qu'ils ont ressenti à la lecture des peu banales aventures de Lloyd et de sa fratrie ou qui tout simplement, aimerait laisser un mot, un témoignage de leur plaisir (ou leur déplaisir) à partager quelques moments avec lui...
Merci encore à tous ceux qui l'ont accompagné durant plus de 10 ans.

de **the frog** » 11/04/2013 23:17

Juste un petit mot sur cette serie que je vais enormement regretter grace aux personnages. Je m'interessais moins a l'aspect policier de la serie et a tous les tueurs en serie et defintivement beaucoup plus a la famille Singer et a l'extraordinaire humanite du heros.

Ayant grandi dans une famille dite nombreuse (3 freres et soeurs) et meme si je ne suis pas juif, je n'en ai pas moins reconnu des moments vecus dans ma famille quand je lisais un album de la serie. Je crois que le principe de la famille nombreuse est beaucoup plus universel que celui de la religion dans laquelle la famille baigne. Certaines pages ont eu un effet proustien sur moi et ont ramene a ma memoire certains evenements de mon enfance que j'avais oublie. J'ai beaucoup apprecie cette sensation et j'ai trouve cela tres agreable.

En conclusion, je suis fier d'avoir fait partie des lecteurs de Makabi/Lloyd Singer depuis la premiere heure. Malheureusement, nous ne fumes pas assez.

La vie continue, passons a autre chose!

de **luc Brunschwig** » 13/04/2013 11:06

En remerciant The Frog pour son témoignage très touchant (je n'ai pas grandi personnellement dans une famille nombreuse, mais un frère et des parents très présents semblent permettre d'envisager à quoi ça peut ressembler sans trop se tromper)... je vous glisse une petite preview des 8 premières pages du tome 8 sur PlaneteBD :
http://www.planetebd.com/preview-bande- ... omics.html

de **phidias** » 13/04/2013 17:03

Je viens de lire le dernier tome de "LLoyd Singer" et plus que jamais je ne conçois pas qu'une série pareille s'arrête. Cette histoire, qui avait commencé comme une (excellente) série policière a pris une dimension humaine extraordinaire et nous amène à réfléchir au poids que peuvent avoir nos paroles et nos actes sur nos propres enfants. J'ai refermé le tome éprouvé, tant sa lecture est glaçante. Mais ce n'est pas une critique: ce que je veux exprimer, c'est la force de ce récit, l'art avec lequel il nous surprend, par un coup de théâtre incroyable, pour nous plonger dans les abîmes de l'âme humaine en montrant par quels mécanismes les névroses sont crées et comment les monstres apparaissent.
J'aimerais savoir si vous aviez dès le départ de la série une idée claire de ce qui est révélé dans cet album, si d'emblée vous aviez décidé de ce que sont les parents de cette famille; et aussi si vous aviez prévu de développer davantage l'histoire et si c'est la volonté de l'éditeur de clore la série qui vous a amené à remplir autant cet album, au point de le rendre étouffant (vous aurez compris, j'espère, que ce n'est pas une critique) et d'accroître ainsi encore plus l'effet qu'il peut produire sur le lecteur.
Je suis dépité par le lectorat de BD et par les éditeurs de voir une histoire pareille s'achever. Je remercie 1000 fois mon libraire de m'avoir fait découvrir cette série il y a quelques années déjà (j'ai pris le train au volume 2, je crois). Et merci à vous pour ces personnages si profonds, complexes et attachants.

de **luc Brunschwig** » 13/04/2013 18:14

Je ne dirais pas que j'avais l'intégralité des données, c'est quelque chose qui m'est apparu au fil des albums, comme une évidence. Olivier Neuray me dit que c'était là, dans l'histoire, depuis le début, qu'il l'avait perçu alors que ça ne m'avait pas encore frappé... je crois que c'est le sens même du travail d'un auteur. S'oublier pour se mettre au service de la logique de l'environnement qu'il crée. C'est dans cette osmose qu'un scénario paraitra logique, surprenant, au lieu de donner le sentiment que le scénariste manipule les personnages et leurs actions pour arriver à une fin prédéterminée.
En ce qui concerne l'éditeur, il n'est pour rien dans le fait que l'histoire se concentre sur deux tomes... je pense que sur trois, l'impact aurait été moins fort (comme tu le dis toi-même, ce tourbillon d'événements contribue à happer le lecteur... ).
En tous cas, un sincère merci pour ces tous premiers mots sur le tome 8 de Lloyd. J'espèrais qu'avec Olivier et Albertine, nous avions donné une fin forte à ce parcours de 8 tomes... tes mots, ta réaction nous comble au delà de ce que nous pouvons exprimer.

de **phidias** » 14/04/2013 09:08

Tu as une conception sartienne du travail de romancier, à ce que je vois....

je ne veux pas déflorer le récit aussi vais-je attendre que l'album soit officiellement sorti pour préciser mes questions. Mais si la série avait continué, aurais-tu réservé cette histoire et les révélations qu'elle contient pour un épilogue comme c'est le cas ici? Ou cette histoire n'est-elle qu'une étape et aurais-tu raconté la reconstruction de la famille Singer en l'entrelaçant à de nouvelles enquêtes?
Merci pour tes réponses et pour la qualité et l'humanité de ton travail.

de **luc Brunschwig** » 14/04/2013 09:21

Oui, à la base, ce troisième cycle était une étape qui amorçait ensuite la reconstruction de Lloyd vers... autre chose... jusqu'à un certain équilibre mais qui le laissait bien différent de ce qu'il était dans le tome 1 et qui avait fait dire à l'époque qu'il était transparent voir insignifiant.

de **Mr Degryse** » 17/04/2013 09:04

Acheté, lu dans la foulée et grandement apprécié la fin du cycle 3 et malheureusement dernier album de la série Lloyd Singer.

Je persiste à dire que c'est une grande perte pour l'amateur de bd que l'arrêt de cette série. Ici, Mr Brunschwig conclue brillamment la psychanalyse de la famille Singer entreprise dans le volume 7. Pas par des séances chez le psy cette fois çi mais par la confrontation au tueur en série apparu dans le tome 1 qui va faire réapparaitre de nombreux traumatismes enfouis dans l'inconscient de la famille Singer. Encore une fois si vous n'aimez pas l'art narratif de Brunschwig fait de multiples aller retour dans le temps sans que le passage d'une époque à l'autre soit toujours clairement identifiable alors passez votre chemin. C'est incroyablement fluide et maitrisé. Tout semble avoir été écrit au cours des autres cycles pour en arriver là. Et pourtant qui aurait deviné à la fin de la lecture du cycle 1 qu'on arriverait au cycle 3 à la psychanalyse d'un drame familiale. Très fort. J'apprécie aussi grandement la vision pessimiste que Brunschwig a des héros masqués. Des héros traumatisés laissant exploser leur colère refoulée comme un exutoire quand il endosse leur identité sécrète. C'est marrant d'ailleurs car c'est aussi une thématique qui ressortait de ma lecture précédente Codeflesh de Adlard et Casey.

Passons aux quelques défauts car la critique est plus aisée et parfois constructrice que les louanges :

- Même si Olivier Martin se sort plutôt bien du dur exercice de reprendre des personnages et une série qu'il n' a pas créée , je lui réitère les mêmes reproches déjà fait au tome précédent : les personnages ont des visages qui varient trop d'une case à l'autre. Pas facile de toujours se repérer.

- On est parfois à la frontière du too much dans les malheurs qui s'abattent sur la famille Singer. C'est pas possible que des gens aient tant la poisse. Même la famille Ingalls dans la petite maison dans la prairie parait plus chanceuses que les Singer.

- Très bon final de cycle mais ce n'est pas un final de série selon moi. C'est peut être pas plus mal, cela laisse aux lecteurs le loisir d'imaginer la suite des événements de la famille Singer mais dans l'état, c'est la frustration qui prédomine. On a appris à l'aimer cette famille et on aimerait encore avoir de ses nouvelles. Chers éditeurs, on compte sur vous........

- Petite question perso : j'espère que tous ces traumatismes familiaux sont une invention de votre part et non pas une projection de votre vécu. Si dans toute oeuvre de fiction se trouve une part de l'auteur alors je vous plains. La vision des parents est très dure. D'ailleurs essentiellement les mamas juives. La grand mère et la mère de Singer sont horribles. On en vient presque à excuser le père, c'est dire.

PS: ils ont fumé chez Futuropolis. Ils ne savent même pas vérifier que le nom de leur auteur est correctement orthographié. C'est quand même une énorme boulette sur l'intégrale du sourire du clown.

de **luc Brunschwig** » 17/04/2013 17:02

Etonnant (enfin pas tant que ça, mais je pense qu'il s'agit d'une question de point de vue) ta remarque sur les deux mères juives de l'histoire. Après lecture de ma femme on a longuement discuté ce sujet et elle, me disait qu'elle y avait vu un point de vue au contraire très féministe... deux femmes qui se sont endurcis face aux circonstances qu'on leur imposait et non par méchanceté réelle. J'étais tout à fait d'accord avec elle.

de **LeJoker** » 17/04/2013 17:29

Je ne voudrais pas paraître grossier, l'homme de la pampa parfois rude reste toujours courtois, mais Merde, j'ai pleuré en apprenant que c'était le dernier tome de la série.

J'allume une bougie.

de **Mr Degryse** » 17/04/2013 17:34

J'ai pas dit que le point de vue n'était pas féministe ( Est ce machiste ou anti féministe de considérer que certaines femmes peuvent être très dures..... ?).

Elles se sont endurcies à tel point qu'elles ont réussi à pourrir la vie d'au moins 4 personnes dans l'histoire. On en parlera un peu plus tard quand déjà j'aurais relu la bd et surtout quand déjà pas mal de gens ( le maximum j'espère)l'auront lu car il va être difficile de parler de cela sans faire de gros spoiler. Cependant selon mon ressenti la pire reste la grand mère matrone.

M'enfin, n’exagérons un homme est aussi un monstre dans ce tome. Cependant, contrairement au cycle 1 ou le mafieux russe était une ordure finie qui n'avait pas d'autres excuses que le désir de frics, ici on peut trouver des légères circonstances atténuantes au serial killer. C'est d'ailleurs ce qui fait que j'aime cette bd. Pas de vision manichéenne. Les serial killer sont aussi des humains. Vous n'en faites pas des sortes de créatures démoniaques.

de **luc Brunschwig** » 17/04/2013 17:40

Ok ! Ok ! Je retire ! On a bien lu la même chose :-D

Mais si j'étais toi et si je ne voulais pas me faire d'ennemi sur ce forum, je glisserai la plupart de mes remarque entre deux bornes "spoiler"... en tous cas, un grand merci pour les critiques toujours enthousiastes et constructives que tu as posées sur les forums consacrés à Lloyd durant toute la construction de la saga... je le dis parfois, mais il y a pour chaque série des baromêtres et tu étais l'un des miens à chaque tome.

de **luc Brunschwig** » 17/04/2013 17:45

Je précise aussi que si la série venait à gagner suffisamment de lecteurs, Bamboo serait enchanté de poursuivre l'aventure... et moi plus qu'heureux de poursuivre ce que j'ai toujours considéré comme une de mes oeuvres majeures (pour peu qu'il y ait des oeuvres que je considère comme mineure, mais Lloyd m'a toujours fait avancer dans mon écriture en me faisant gagner en maturité et en personnalité).

de **Nikolas75** » 17/04/2013 17:53

Je suis en train de me procurer toute la série (mais je recherche des EO, donc c'est plus long ...), à la fois grâce aux conseils d'un ami (ou à cause si on s'en tient au porte-monnaie [:bru:3]

), mais aussi à ma découverte d'Urban. Comptez sur moi pour faire de la pub si mes impressions de lecture correspondent aux éloges que j'ai lues un peu partout ! :-D

de **egoes** » 17/04/2013 17:54

Parlons chiffres, alors.
Il manque combien de lecteurs ?

de **luc Brunschwig** » 17/04/2013 18:04

Pour l'instant, un Lloyd se vend à la nouveauté autour de 3.000 ex... autant dire qu'il y a du boulot pour remonter la pente.

de **egoes** » 17/04/2013 18:57

Easy game : on achète chacun deux exemplaires de la nouveauté.
Plus sérieusement, il faudrait être à 6.000 ?

de **luc Brunschwig** » 18/04/2013 07:37

6.000 me semble un chiffre intéressant et susceptible de remotiver l'éditeur. Mais il ne faut pas rêver, même si le chiffre parait accessible, les mises en place d'un bouquin qui se vend depuis deux ou trois tomes autour de 3 - 4000 font que c'est quasi mission impossible à moins que les libraires soient soudain poussés par une très forte de demande :shock:

de **phidias** » 18/04/2013 09:36

Nikolas75 a écrit:Je suis en train de me procurer toute la série (mais je recherche des EO, donc c'est plus long ...), à la fois grâce aux conseils d'un ami (ou à cause si on s'en tient au porte-monnaie ), mais aussi à ma découverte d'Urban. Comptez sur moi pour faire de la pub si mes impressions de lecture correspondent aux éloges que j'ai lues un peu partout !

acheter la série en EO ne va pas faire monter les ventes puisque tu vas te procurer des albums déjà vendus via internet ou des bouquinistes. Faut acheter les albums en librairie!
Enfin, moi, ce que je retiens, c'est qu'un miracle est possible si les ventes montent... Mais tt de même, penser qu'une série de cette qualité stagne à 3000 exemplaires lorsqu'on voit les tirages d'autres albums, ça me déprime....

Sinon, assez d'accord avec Mr Degryse pour la remarque faite sur les 2 mères juives... Ce sont certes des femmes fortes; mais quelle dureté! Je ne trouve pas qu'on soit ici face à un récit particulièrement féministe. Pour moi, (et sans spoiler), tu prends surtt le contre-pied de l'image traditionnelle de la mère juive....

de **eBry** » 18/04/2013 13:37

luc Brunschwig a écrit:6.000 me semble un chiffre intéressant et susceptible de remotiver l'éditeur. Mais il ne faut pas rêver, même si le chiffre parait accessible, les mises en place d'un bouquin qui se vend depuis deux ou trois tomes autour de 3 - 4000 font que c'est quasi mission impossible à moins que les libraires soient soudain poussés par une très forte de demande

Difficile mais pas infaisable. Des rééditions sous couvertures plus séduisantes aideraient...