Lecture de rattrapage pour moi ce WE à la médiathèque.
Jusque là, ça me tentait moyen, j'avais bien vu le forum, tourné autour de la BD, mais pour la reposer aussitôt. Une couv qui m'attire peu, un perso pas très inspirant: un comptable juif, bonjour le double handicap. Car la compta et le judaïsme, à force d'en bouffer au quotidien, je sature.
Et puis là, j'ai rien à lire, rien qui m'inspire et en passant près du rayon L, (comme Litteul Kevin, justement j'ai pas lu le T8). Voilà donc ce pauvre LLoyd qui me fait de l’œil.
Je prends le T1 (une EO avec Makabi en titre) et je me pose dans le fauteuil pour lire les premières pages. Mouais, une histoire de kidnapping US, boafff une vieille qui part à la retraite, puis soudain, je suis happée dès que Zéna apparait. Du coup, je me lève, me prends les 8 tomes (tant pis pour mon dos, j'ai 2km à faire à pied) et me précipite vers la file d'emprunt.
J'ai tout avalé comme une gloutonne dans la soirée. Impossible de décrocher tellement c'est bon.
Je suis passée par tous les sentiments : excitation, écœurement, colère (punaise cette famille étouffante!), douleur, espoir... J'ai juste fait une pause parce monsieur voulait absolument manger. J'ai vidé mon assiette comme un zombi, dans un autre monde, avec une seule envie : lire la suite. Et j'ai passé la nuit à penser à cette BD, j'ai relu le cycle 3 puis le cycle 1 ce matin pour vérifier des détails. J'en suis encore toute émotionnée.
Oui, c'est ce qu'on peut trouver de meilleur dans une série policière, une ambiance nostalgique (très juive en fait, quand on sait la place de la nostalgie dans l'esprit juif) avec des sujets très durs : traite des femmes, tueur en série, maffia, corruption... un contraste avec cet havre fraternel de Little Jerusalem perdu dans un monde hostile et corrompu, des enquêtes qui prennent au ventre et qu'on ne lâche plus. Et Lloyd en héros complexe, fort et fragile à la fois, sensible. Un homme attachant, qu'on peut admirer et aimer malgré son allure.
Et évidement, le pire: la thérapie familiale. Je crois que c'est le plus glauque, car terriblement ordinaire: la violence qui se cache au cœur du nid familial. Et quelle surprise de découvrir le poison qui pourrit la famille Singer.
Le personnage le plus malsain c'est celui qui depuis le début offrait l'apparente stabilité d'un foyer chaleureux aux petits Singer. Un monstre d'égoisme, feignasse et cruelle: Mamouna la grand mère. Qui non contente d'avoir bouzillé son fils, le mariage de celui-ci en démontant sa belle fille, elle déploie toute sa méchanceté sur la petite Esther. Harcèlement moral, destruction de la personnalité. Autant Lloyd peut combattre la maffia et un tueur psychopathe, autant il est impuissant devant ce monstre qui fagocyte ses enfants et petits enfants en arborant le masque de la gentille mamie. La mère toxique dans toute sa splendeur. La caricature de la matriarche juive. Et hélas, des comme ça, j'en plein dans ma famille. Adorables, mais qui peuvent pas s’empêcher de bouffer leur mari et leurs fils, avec une attitude limite avec leurs filles. Je me demande si moi-même, ce n'est pas ce que je suis en train de devenir et si ça justifierait pas certains de mes choix de vie.
Au final, un régal et un exercice thérapeutique.
Il me faut posséder cette série et la faire lire. Vu les posts précédents, je me doute qu'une intégrale n'est pas d'actu, mais m'en fous. Il me faut ces 8 tomes.
Merci aux auteurs, et mea culpa. C'est à cause de cons comme moi qu'il n'y aura pas d'autres tomes.
Ah oui, petit déplaisir: le cliché de l'art martial qui vient de chine. Alors qu'il existe un art martial israélien, redoutablement efficace, au point qu'en France pour le pratiquer, il faut un casier judiciaire vierge.